Olivier Saragaglia : « Personne ne me demande mon avis » (suite)

Pour en revenir au sportif, tu disais, dès la fin de saison dernière, que l’équipe 1 souffrirait si elle alignait trop de jeunes en même temps…

« Déjà, je ne pense pas que ce soit un problème de qualité des joueurs qui de ce côté là ont du répondant. Si Lyon mettait dans son équipe 1 cinq ou six jeunes, qui pourtant sont tous internationaux, il ne jouerait pas le haut de tableau. Une équipe a besoin d’expérience. Maintenant, on est bien content de les avoir au club ces jeunes. Ils sont actuellement notre seule valeur marchande. Comme je le disais plus tôt, le club ne possède rien. Les jeunes peuvent sauver le GF38 même si d’un point de vue sportif ce serait mieux de ne pas les vendre, on n’aura peut être pas le choix. J’espère que cela montrera au moins aux éventuels repreneurs qu’il est très important de s’appuyer sur la formation pour un club comme Grenoble qui n’est ni Paris, ni Marseille. »

Est-ce que vous souffrez de l’image actuelle de Grenoble pour recruter des jeunes pour le centre ?

« On est entrain de perdre 10 ans de travail. Comment convaincre des parents alors qu’on ne sait même pas si on existera encore dans 6 mois ? Aujourd’hui, on est clairement en stand by et il ne faut absolument pas perdre ce centre, d’autant plus vu les générations de grande qualité que nous avons actuellement en son sein. »

Que penses-tu globalement de la politique du GF38 envers les jeunes du cru, souvent critiquée avec les cas Feghouli ou Giroud par exemple ?

« Déjà on ne sait pas du tout vendre nos jeunes. De mon point de vue, on est là pour sortir de très bons jeunes pour ensuite les vendre à bon prix quand ils ont 22, 23 ans. Comme le font plein d’autres clubs qui misent sur la formation. Avec des gens comme Giroud ou Sofiane, mais aussi beaucoup d’autres, on n’a quasiment rien récupéré. Là encore, à aucun moment, on nous a consulté pour savoir si les joueurs en question avaient par exemple encore une belle marge de progression ou pas. Olivier Giroud il est resté 7/8 ans ici, Feghouli 5 ans. Qui était mieux placé que nous pour savoir ce que ça pouvait donner ? On a passé du temps avec eux pour voir le club les brader. Concernant Sofiane, j’ai trouvé également très limite certains comportements avec lui et du coup son image publique qui en a pâti derrière. On lui a demandé de jouer alors qu’il était encore un peu blessé, il fait un mauvais match et on lui tire dessus lui imputant les mauvais résultats de l’équipe, alors qu’il avait à peine 19 ans. En plus ce gamin il a toujours eu une super mentalité, il a toujours été très respectueux du club et des gens qui y travaillent. L’an passé il venait se défoncer avec la réserve en fin de saison, sans se plaindre et en se donnant à 120%. »

Sur un plan personnel, ce n’est pas un secret que l’ETG t’a souvent sondé pour aller entraîner leur réserve. Est-ce qu’aujourd’hui tu regrettes d’être resté ?

« Ce n’est pas dans mes habitudes de regretter. J’aurais pu gagner bien plus en allant là bas, je savais en plus au fond de moi que ça allait être difficile ici. Mais c’est ma ville, mon club. J’ai toujours espoir que la situation ici s’améliore, que l’on trouve des solutions.

Mais c’est vrai que tout n’est pas facile. Alain Fessler (président de l’association, ndlr) est un des seuls à m’avoir fait confiance. Je pense pouvoir apporter plus mais on ne fait pas appel à moi. Je connais les investisseurs locaux, les clubs de l’agglomération, le club depuis plus de 30 ans. Mais j’apprends la situation du club dans la presse. C’est anecdotique mais, l’an passé, lors des matchs de Ligue 1, on nous parquait dans le ¼ de virage à côté des visiteurs, tout en haut. Les places que le club ne parvenait pas à vendre. Quelque part, c’est un manque de respect. Je m’en fous (sic) d’aller boire du champagne à la mi-temps, je veux avant tout voir le match mais c’est un traitement que je trouve choquant. »

Ton avenir est-t-il encore au GF38 ?

« Je ne peux pas répondre. Cela dépendra du projet derrière. A mes yeux le plus important est de construire des infrastructures. Sans ça, les ennuis finiront toujours par revenir. Les projets font souvent surface dans les discours mais pour l’instant on a pas encore vu de pelleteuse. On ne peut pas dire que rien n’a été fait : il y a eu un gros travail sur l’agrément, un synthétique de fait… Mais l’éventuel repreneur devra avoir un projet plus vaste s’il veut pérenniser le club en L1/L2.
Pour en revenir à moi, je ne me sens malgré tout pas abattu. Déçu oui, sûrement. Mais ici au centre, tout le monde continue de travailler, de faire du mieux possible et je pense que cela se voit avec les résultats des différentes équipes. Pour le reste on verra en fin de saison. De temps en temps je vais courir vers Teisseire et je laisse mon esprit vagabonder. Je me dis « tiens, ça serait pas mal de faire un terrain là, un bâtiment ici… » J’aime vraiment ce club, c’est mon club. Il ne lui manque que l’outil. On a vu que le public suivant quand l’équipe était en L1. Grenoble est une ville de foot. Je rêve d’avoir un vrai club ici, où l’administratif et le sportif serait dans les mêmes bâtiments et pas chacun dans son coin comme c’est le cas actuellement. Mais comme je le disais, pour l’instant on ne peut que faire notre travail quotidien du mieux possible, le reste ne nous appartient pas…
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