Une page se tourne

Des premiers temps incertains puis euphoriques. Des larmes, de joie puis d’impuissance, de la sueur et du sang. Des promesses non tenues. Des pardons trop fréquents. L’illusion d’un changement. Et des tensions, jusqu’à l’inéluctable rupture.

Des premiers temps incertains puis euphoriques. Des larmes, de joie puis d’impuissance, de la sueur et du sang. Des promesses non tenues. Des pardons trop fréquents. L’illusion d’un changement. Et des tensions, jusqu’à l’inéluctable rupture.
Cette déraison propre à la passion aura dicté l’histoire entre Mécha Bazdarevic et le GF38.

Le technicien bosniaque arrive pourtant sur la pointe des pieds, officiellement le 1er juin 2007. Avec un héritage difficile à assumer, tant à cause des résultats que des conditions de départ de son prédécesseur.
Sa conférence de presse d’intronisation mêle modestie et superstition : à aucun moment il ne parle ainsi formellement de « Ligue 1 ». Quelques mois plus tard, l’hiver alpin influe négativement sur les résultats de l’équipe. Une habitude. Joueurs, dirigeants, presse tirent alors un trait sur les ambitions de montée. Une voix marque pourtant sa différence. Mehmet Bazdarevic ou l’art du contre-pied. La suite lui donne pourtant raison. Le Stade des Alpes sert de catalyseur aux fous espoirs de l’enfant de Sarajevo. L’ESTAC s’effondre ; Grenoble s’élève. Le lundi 12 mai 2008, la montée en Ligue 1 est officielle. L’état de grâce dure plusieurs mois. Le GF38 est éphémère leader du championnat de France et joue les empêcheurs de tourner en rond, « emmerdant » adversaires et souvent supporters. La méthode fonctionne, au moins partiellement. Grenoble se maintient sans n’avoir jamais fait parti du wagon des potentiels relégables. Ce qui n’empêche pas Bazdarevic de tirer plusieurs fois la sonnette d’alarme (DNCG, centre d’entraînement)… et de s’épancher sur le corps arbitral. Au détriment d’une éventuelle remise en question. L’homme est entier et fidèle – il repousse ainsi une offre de Saint-Étienne. Mais l’entraîneur n’aime pas voir son travail critiqué. L’insolente réussite iséroise prend fin à l’aube de la deuxième saison du club en L1, alors que l’équipe joue pourtant globalement mieux. Mais même les 11 défaites inaugurales n’ont pas la peau du coach alpin dont la côte de sympathie reste élevée. Peut-être aurait-il alors dû partir de lui même. Mais Index cristallise les ressentiments et – à l’intox – Bazda veut faire croire en des jours meilleurs, plaçant ci et là quelques pics sur l’actionnaire japonais. A tort ou à raison. Mais toujours sans remise en question.
Son discours passe de plus en plus mal. La gestion des fins de contrat ou du cas Feghouli, ses mauvais choix et son entêtement divisent de plus en plus le vestiaire. Le divorce avec le public est plus récent. Le nouveau début de saison catastrophique de son équipe lui est cette fois-ci fatal. Peut-être injustement vu les moyens dont il dispose et le recrutement (très) tardif du club. Mais sa frilosité tactique ne passe plus. D’abord timides face à Angers, les « Bazda démission » sont beaucoup plus virulents contre le Mans. Le divorce est alors consommé. Définitivement.

Avec 132 matches passés sur le banc isérois toutes compétitions confondues (pour un bilan de 37 victoires, 37 nuls et 58 défaites), une montée en L1 dès sa première saison, une demi-finale de Coupe de France la deuxième, des exploits retentissants au Parc des Princes ou à Geoffroy Guichard, Mécha Bazdarevic est de toute façon entré dans le Panthéon des entraîneurs grenoblois, aux côtés des Batteux, Garcin, Dalger et autre Michel.
L’épilogue est douloureux. Les rancœurs sûrement tenaces. Mais rien ne pourra effacer cette parenthèse enchantée du football grenoblois. Cette période où pour chaque âme du Stade des Alpes ce fut Grenoble e basta. Ce fut Grenoble et Bazda.

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