A la rencontre de… Hakim Khadrouche (La Tour/Le Pâquier)
En Suisse depuis 8 ans, Hakim Khadrouche a été un des premiers isérois à jouer chez les Helvètes. Plus proche de la fin que du début, l’Echirollois prépare déjà sa reconversion de coach sportif. Entretien.
Tu joues en Suisse depuis maintenant huit ans, peux-tu rappeler ton parcours dans l’agglomération grenobloise avant ton départ?
« J’ai commencé le foot à Échirolles Surieux, avec mon cousin Kevin. Puis, j’ai arrêté le foot pour me mettre à la natation où j’ai fait entre 6 et 7 ans de compétition. Je devais être en – de 13 ans quand j’ai repris le foot au FC Échirolles où j’avais donc beaucoup de retard et j’avais commencé en équipe 5 avec Mingou ! Au fur et à mesure, je suis monté progressivement et c’est à partir de 15-16 ans que j’ai joué avec l’équipe une de ma catégorie. D’abord avec les 15 ans où on a accroché la montée en National et, dans la continuité, avec les 16 ans Nationaux pour une première dans l’histoire du club depuis la nouvelle formule. On n’était pas loin de se maintenir, à un point il me semble. On n’avait que des joueurs locaux, on était des vrais potes et en face, c’était du costaud je me rappelle par exemple d’une défaite 5-1 contre Montpellier avec les Belhanda, Ait-Fana ou Yanga-Mbiwa. J’ai vécu aussi une année forte en 18 ans Ligue Honneur avec Dino et Philippe Garcia où le décès de Flo Bichet, un coéquipiers mais aussi ami de tous, nous a soudé dans la peine. Pour ma part, je suis ensuite monté en sénior, d’abord dans le groupe 2 puis dans le groupe 1 où j’ai fait quelques matchs en CFA2. »
Qu’est-ce qui t’a motivé à passer la frontière?
« Juste avant de partir, je devais signer à l’OC Eybens, tout était réglé jusqu’à ce que l’agent de mon ami « Pitchou » (Lyazid Brahimi), qui était déjà en Suisse, ne m’appelle pour me dire de venir faire un essai dans un club de D3, le Mont. J’ai donc pris mon sac à dos et j’ai fait un match amical avec un but à la clé. Quelques jours plus tard, les dirigeants m’ont rappelé pour me dire qu’ils voulaient que je signe chez eux et ça a été le début de mon aventure en Suisse… »
Vivre, en partie, du football était-il une ambition pour toi?
« Quand on joue au foot, surtout plus jeune, on a toujours ce petit rêve d’accrocher quelque chose. Mais honnêtement, je ne me suis jamais mis de pression ou d’obligation vis-à-vis de ça puisque j’ai commencé le foot à 13 ans et qu’à cet âge-là, les autres sont déjà en centre de formation. »
Arrivé là-bas, qu’as tu découvert comme pays?
« Le pays est très différent de la France mais c’est surtout au sein des villes que l’on voit les différences entre les habitants. J’ai été pas mal sur Lausanne, là où j’ai pris le plus de plaisir. La ville est magnifique, il y a le lac et les gens sont vraiment conviviaux. C’est assez étudiant donc assez détendu par rapport à Genève où c’est un peu le Paris de chez eux avec que des mecs en costard qui se baladent. A Bulle, plus petite ville située en hauteur, c’est différent. La ville est pas mal, elle se développe mais les mentalités sont encore un peu campagnardes et à l’ancienne. J’ai aussi connu Yverdon, mais à part du brouillard, je n’ai rien vu d’autre (rires). »
Et en matière de football?
« Quand j’ai signé en D3, je me suis dit que c’était l’équivalent du National chez nous. Finalement, c’est disons le niveau des bonnes équipes de CFA2. Depuis 2 ans, le championnat a évolué et le niveau avec puisqu’il y a eu une refonte avec la création d’une autre division. Ça se voit aussi au niveau de la sélection nationale toujours présente dans les grandes compétitions ou même des équipes comme Bale ou Young Boys présentes sur la scène européenne. Les Suisses sont moins expressifs qu’en France donc les ambiances sont plus calmes dans les stades sauf en Suisse allemande où c’est plus chaud. En tout cas, dans chaque ville où je suis passé, même si le sport numéro 1 du pays est le hockey-sur-glace, les médias locaux dédient des pages à des clubs ou joueurs de tous les niveaux, ce que je n’ai jamais vu en France. »
Là-bas, de nombreux mouvements ont lieu lors de chaque mercato, comment le vit-on?
« C’est bizarre parce que moi je n’ai toujours connu qu’un club avec Échirolles, qui est en plus celui de ma ville. Là-bas, au bout de six mois, j’avais déjà changé (rires). Disons que certains présidents sont plus sérieux que d’autres, qui ne respectent pas forcément les choses annoncées. Donc, à tout moment, on a l’impression qu’un joueur peut partir ou être remercié. Et, à la différence avec la France où le mercato hivernal est assez calme, celui de la Suisse est aussi mouvementé que le mercato estival. Là-bas, c’est normal, en janvier, de perdre 5 titulaires et d’en recruter 5 autres. »
Quel a été ton parcours personnel?
« La liste est longue (rires). J’ai donc fait 6 mois au Mont, en D3. Ensuite, 1 an et demi à la Tour-le-Paquier (D4), six mois à Portalban (D4), six mois à Renens et, mon record, deux mois à Lassaraz (D4). Il y a ensuite eu les réformes qui ont fait que la D3 est devenue la D4 et la D4 la D5. J’ai fait huit mois à Azzuri (D3), deux ans à Bulles (D4) avant de retourner à la Tour-le-Paquier (D5). Et c’est déjà sûr que cet hiver je ne bouge pas (rires). »
Quel est votre objectif?
« Au début de saison, l’objectif était de terminer dans les 4 premiers. Finalement, on s’est trouvé une belle bande de potes, on s’arrache les uns pour les autres et ça marche pas mal puisqu’on occupe la 2e place avec un match en retard. On peut donc penser à la montée en D4. »
Tu n’es pas isolé puisque de nombreux Grenoblois sont également exilés dans le coin…
« Il y en a effectivement pas mal entre Pitchou qui a été le premier mais aussi Lio (Lionel Mallein), Salou (Galokho), Malek (Chergui). A 30 minutes de chez moi, il y a aussi Yorik (Ravet) que je vois souvent. Lui, c’est autre chose aux Young Boys de Bern (D1) et on a eu la chance de découvrir son monde en étant privilégiés pour visiter le centre ou le stade. Je vais le voir jouer dès que possible et lui est déjà venu aussi. Voir plusieurs Grenoblois là-bas fait toujours plaisir. »
Songes-tu à un retour en France et à Grenoble?
« Ça fait deux ans que je suis déjà de retour ici et que je ne fais que les allers-retours en Suisse. Je sais que je finirai de toute façon ici et que je retrouverai peut-être un club pour finir ici. Cela pourrait aussi être en futsal et Échirolles Picasso avec qui j’ai aussi joué pas mal de saisons et que je considère aussi comme mon club. »
Professionnellement, vers quoi t’orientes-tu?
« J’ai déjà passé mes diplômes d’activité aquatique ce qui me permet déjà de travailler en piscine. Je voudrais désormais compléter ça avec un Brevet d’Etat de coach sportif. »
En parallèle, tu as créé FunBodyFit qui est en train de faire pas mal de bruit à Grenoble, peux-tu nous en parler?
« Ça fait environ 3 ans que je me suis mis à fond dans le sport autre que le foot pour être le plus athlétique possible. Cela peut être du vélo, de la natation, de la course à pied ou de la musculation. A la base, je faisais ça uniquement pour moi et dans des salles de sport que je fréquentais, on m’a demandé si on pouvait se greffer à moi. Ça m’a donné des idées et j’ai commencé à aiguiller et à faire des programmes pour deux membres de ma famille. Puis, petit à petit, cela a été des amis, et des amis des amis donc c’était de plus en plus sérieux. Pour professionnaliser ça, j’ai décidé de déposer ma marque, de créer un logo et de créer ma micro-entreprise. »
En quoi consistent les cours?
« Ce que je dis souvent, c’est l’accessibilité. Les cours sont ouverts à tous : il y a des jeunes majeurs, des gens plus âgés, des femmes, des hommes, des sportifs, certains qui veulent reprendre le sport ou d’autres qui veulent juste perdre du poids. Lors d’un cours, tout le monde fait la même chose, c’est juste le rythme qui change puisqu’on n’est pas dans la compétition. A la fin des séances, j’en profite aussi pour donner des conseils en alimentation pour ceux qui me le demandent puisque moi-même je fais également très attention. »
De ce qu’on voit dans tes vidéos, la bonne ambiance a l’air aussi de mise…
« C’est vrai. Pour ça, je mets toujours de la musique. On est en extérieur, dans un endroit couvert si besoin en cas de pluie. Avec l’accord de tous, je fais des films et des petits montages ce qui donne un côté ludique. La cotisation (5€) me permet d’acheter du matériel de qualité et il n’y a pas plus de dix personnes à chaque séance, pour que je puisse avoir de l’attention pour tous. »