Deux Amazones en équipe de France : interview croisée d’Émeline Gros et Maëlle Filopon

Deux Amazones en équipe de France : interview croisée d’Émeline Gros et Maëlle Filopon

Appelées pour la première fois avec l’Équipe de France de rugby féminin, Émeline Gros et Maëlle Filopon nous ont livré leur sentiment après une expérience forte en émotions et ponctuées de deux victoires face à l’Espagne (0 – 97) et l’Italie (21 – 41).




C’est, pour toutes les deux, vos premières sélections. Vous vous attendiez à être appelées avec l’Équipe de France ?

Maëlle Filopon : « Ça a été une grande joie de faire partie de cette tournée. C’est Émeline qui m’a dit de regarder mes mails, c’est là que j’ai vu que j’étais sélectionnée. Je ne m’attendais pas du tout à ce que ce soit le cas maintenant, alors l’être avec Émeline, c’est encore plus cool ! »

Émeline Gros : « J’ai beaucoup entendu de paroles, mais tant que je n’avais pas de preuve concrète, je n’y faisais pas cas. Donc, très belle surprise ! En plus, on sait qu’en Armelle-Auclair (ndlr : deuxième division de rugby féminin), les filles ne peuvent pas être supervisées et c’est à nos entraîneurs d’envoyer des vidéos de nous au staff de l’Équipe de France. Donc Grenoble en Top 8 l’an prochain, c’est l’objectif ! »

Qu’est-ce que vous retirez de cette sélection ? Le rythme est-il plus élevé qu’en club ?

M.F. : « Les deux semaines étaient très différentes. C’était de nouveaux fonctionnements à l’entraînement avec de nouvelles filles en plus. On est carrément suivi par des GPS, on est rentré dans une autre dimension en terme d’intensité notamment ».

E.G. : « Globalement, c’était super enrichissant. Humainement et rugbystiquement. Il faut cohabiter avec 23 personnes plus le staff, et puis on apprend surtout ce que c’est que le rugby de haut niveau. On sent que par la vitesse des entraînements, les demandes de coach qui sont beaucoup plus exigeantes, on a franchi un palier. Les filles jouent avec beaucoup de qualités, c’est impressionnant.
Il y a beaucoup de pression parce qu’on côtoie des grands noms du rugby féminin et on veut se faire sa place à son poste. Pour moi en tout cas, ça a été générateur de stress et d’angoisse. Après, une fois qu’on a fait les premiers entraînements, on se sent plus sereine, on n’en ressort que du positif. On est obligé, dans de telles expériences, de ne retenir que le bon ! »

Premier maillot bleu, première marseillaise et premier essai pour les deux…

M.F. : « Ça fait très plaisir de représenter sa nation. En plus, j’avais ma famille dans les gradins… C’est vraiment des moments uniques que l’on ne vit pas souvent. Ça motive d’être encore plus rigoureuse dans ce que je fais et d’apporter toujours plus ».

E.G. : « Le sentiment, c’est de la fierté, c’est de la reconnaissance. On a beaucoup travaillé pour en arriver là donc c’est énormément d’émotions. Chanter l’hymne, porter le coq sur le maillot… Que ce soit avec le club ou des objectifs personnels, ça donne envie de travailler d’autant plus et de redoubler d’efforts ».

Ça donne des idées pour la suite ? On sait que le match contre l’Angleterre au tournoi des 6 nations doit en plus se jouer au stade des Alpes…

M.F. : « Je ne pense pas du tout encore à la suite. Je me concentre davantage sur les performances que j’ai pu produire pendant cette tournée. Il y a eu un retour collectif sur ces matchs qui a été forcément positif. Mais on n’a pas encore eu de retour individuel. Après c’est sûr que j’espère y être… »

E.G. : « Ah évidemment, mon prochain objectif, c’est sûr, ce serait d’être sélectionnée en vue du tournoi des 6 nations. Après on verra au stage et quelles filles seront convoquées… mais oui, ça fait partie de mes objectifs ».

Un dernier mot sur cette sélection partagée avec une autre joueuse du FCG ?

M.F. : « C’était plus facile d’avoir Émeline avec moi. Jouer avec une coéquipière du FCG, c’est une aventure unique ! »

E.G. : « Le fait de ne pas être seule, de partager ça avec une fille de l’équipe avec laquelle on joue depuis longtemps, c’est un plus dans cette vie de sélection. Avoir quelqu’un sur qui on peut s’épauler, ça rend les choses plus faciles ».