Nicolas Brotons : « L’arbitrage, une école de la vie »
Interview de Nicolas Brotons, arbitre et Conseiller Technique Départemental en Arbitrage (CTDA) qui a animé ce lundi une séance de présentation et d’échanges autour de l’arbitrage. L’occasion de faire un petit point avec lui sur cette action et sur l’état de l’arbitrage en Isère.
Nicolas, peux-tu nous en dire plus sur les moments d’échange que tu essaies de mettre en place avec les clubs, à l’image de cette soirée à Seyssinet ?
Dans le cadre de mon travail, une de mes missions est de communiquer dans les clubs. Pour plusieurs buts : recruter, sensibiliser et faire changer les mentalités, les comportements au bord du terrai, humaniser la fonction. On a tendance à véhiculer une image de l’arbitrage très négative. J’essaie de détruire un peu les idées fausses lors de ces temps d’échange instaurés avec les clubs.
La mission n’est pas nouvelle, ça fait 2 ans que je suis à ce poste et j’avais déjà commencé il y 3 ans et demi, de manière bénévole. Désormais elle est plus accentuée, du fait aussi des demandes des clubs.
Ce qui est important également c’est qu’il faut qu’il y ait derrière un relais de la part des clubs, que les éducateurs, les capitaines, qui sont présents fassent ensuite passer le message. Dans cette optique on a aussi lancé en parallèle des formations de référents arbitres au sein des clubs. C’est ce que fait Stéphane Abela à Seyssinet par exemple, avec beaucoup d’efficacité.
Quel est l’état de l’arbitrage en Isère ?
Malgré le fait qu’on ait beaucoup de comportement de violence au bord des terrains, on se rend compte qu’à force d’actions on a parvient à attirer de nombreux jeunes, de 13-14 ans (on peut démarrer à partir de 13), qui viennent aux formations. La difficulté est de s’efforcer de les garder, et ce n’est pas toujours facile. Malgré cette amélioration depuis un an et demi on manque encore d’effectif. On a 250 arbitres alors qu’il en faudrait beaucoup plus. Sur ces 250, on a à peine une cinquantaine de jeunes qui jouent parfois en parallèle et qui ne sont donc pas disponibles tous les week-end. Donc pour faire arbitrer les matchs jeunes on est parfois obligé de faire redescendre des seniors.
Un mot sur la féminisation de l’arbitrage, qui est une des actions que souhaite développer la FFF ?
Les portes sont grandes ouvertes ! Elles peuvent en plus arriver au plus haut niveau en 4-5 ans alors que pour un garçon c’est nettement plus long d’arriver en L1/L2. Mais c’est effectivement un des grands défis qui ont été fixés.
Quels sont les autres ?
Pour moi c’est la communication. Il faut changer les mentalités et cela agira sur le recrutement et les comportements.
C’est un message que l’on essaie souvent de faire passer mais l’exemplarité des joueurs professionnels est importante. On le sait que l’effet de mimétisme est important. Les jeunes reproduisent les comportements qu’ils voient à la télé et à bas niveau, les arbitres n’ont pas les mêmes armes que ceux qui officient dans le football professionnel. Par exemple un arbitre en District, à part en D1, n’a pas d’assistant officiel, il se retrouve donc tout seul pour tout devoir gérer.
Tu es arbitre depuis 14 ans, qu’est ce que tu dirais à un jeune pour lui donner envie d’emprunter cette voie ?
Comme tu l’as vu dans une de mes vignettes j’ai essayé d’expliquer tout ce que ça m’avait apporté : rencontrer des grands joueurs, dont Zidane que j’ai pu arbitree lors du Grenoble United, me payer ma première voiture mais aussi prendre confiance en moi. Il y a 14 ans j’aurais été incapable de faire ce genre de réunion pendant 2 heures devant 30 personnes.
L’arbitrage, c’est une vraie école de la vie qui t’apprend à assumer des responsabilité, à prendre des décisions, mais aussi à accepter les erreurs.