Tony Chapron : « J’ai un lien fort avec le sport universitaire »
Loin de la pression médiatique et des tumultes de la Ligue 1, Tony Chapron arbitrait il y a quelques jours un match de championnat universitaire féminin, à Saint-Martin d’Hères. Une parenthèse détendue d’une vie ultra rythmée par les rendez-vous sportifs de haut niveau, mais également un geste fort de la part de cet arbitre international de 41 ans qui milite pour le sport universitaire et le football féminin depuis quelques temps déjà. Entretien exclusif pour Métro-Sports avec un homme drôle et sympathique, loin de l’image qu’il peut renvoyer dans certains médias. Tout sauf une surprise pour les gens qui l’ont déjà côtoyé.
Tony, comment faites-vous pour trouver du temps pour venir arbitrer un match de football universitaire féminin ?
C’est vrai que c’est parfois compliqué (rires) ! J’avais prévu de faire une séance physique à la base, mais plutôt que de la faire tout seul dans mon coin j’ai préféré arbitrer ce match, ça rentrait dans mon planning de préparation physique.
L’arbitrage universitaire vous tient-il à coeur ?
Oui tout à fait, d’abord pour une raison simple c’est que j’ai été étudiant (rires) ! Après j’ai même été enseignant, notamment sur l’université de Grenoble. Une fois que j’ai fini mes études et que je suis devenu prof, j’ai entrainé une équipe universitaire féminine à Caen. Donc j’ai vraiment un lien très fort avec le sport universitaire.
Vous faites également des interventions en milieu universitaire…
En fait je n’en fais plus cette année parce que j’ai un problème de temps mais j’en faisais encore l’an dernier. Je faisais ça en STAPS ou en Sociologie. C’est assez intéressant, ça amène à penser différemment dans le cadre du sport et d’avoir une approche sociologique différente.
L’arbitrage féminin est-il également un projet très important pour vous ?
C’est vraiment quelque chose qu’on aimerait développer avec Jean-Loup Miguet, le responsable du sport universitaire à Grenoble. C’est vrai qu’il est compliqué de motiver à devenir arbitre, que ce soit pour les garçons ou les filles. Et puis pour les filles, en plus, ça ne leur vient pas du tout à l’idée, il faut vraiment aller les chercher. Il faut également dire qu’au haut niveau on ne voit pas beaucoup de femmes et puis on ne véhicule pas forcement une image très positive de l’arbitrage. Aujourd’hui on a une pénurie au niveau de l’arbitrage national et international, ce qui fait qu’une fille athlétique et motivée pourrait très vite se retrouver à un très bon niveau et pourrait également être promise à une très belle carrière.
L’arbitrage en milieu universitaire est-il plus « reposant » pour vous ?
C’est une démarche que j’avais entamé l’année dernière, j’avais besoin de me ressourcer, de me retrouver avec des gens qui venaient juste pour le plaisir de jouer au football. Ça me manquait beaucoup. C’est assez agréable, c’est bon enfant. C’est vraiment des principes du sport que l’on oublie trop souvent, on est juste là pour s’amuser et pour passer un bon moment. C’est une façon pour moi de revenir aux sources du sport sans prises de tête, sans sur-médiatisation, sans enjeux, ça reste un jeu. J’ai globalement à faire à des gens qui sont réfléchis et qui ne sont pas là pour autre chose que pour jouer au football et prendre du plaisir.
Certaines règles du football universitaire pourraient-elles être appliquées au monde pro (un carton jaune entraine la sortie d’un joueur durant 10 minutes, par exemple) ?
Honnêtement je ne sais pas du tout. La seule chose que je peux vous dire c’est que c’est un peu compliqué pour moi d’avoir ça en tête. Comme je ne suis pas habitué, c’est très difficile à utiliser. Même si ça peut être intéressant je pense qu’il faut d’abord beaucoup le pratiquer. Pour être honnête je suis un peu perdu avec ce système, heureusement que je n’ai pas eu beaucoup à sanctionner (rires) ! Mais pourquoi pas ! Je crois même que c’est une idée de l’UEFA en ce moment.
Pour finir, une question à laquelle vous ne pouviez forcement pas échapper. Il n’y aura aucun arbitre français à la coupe du monde au Brésil, est-ce inquiétant ?
Au delà d’être inquiétant c’est surtout décevant. J’ai coutume de dire que si on est arbitre on est également sportif. Quand on est sportif, parfois il y a des échecs, parfois il y a tout simplement des gens qui sont meilleurs que vous, ce n’est ni plus ni moins que la loi du sport. Quand certains sont meilleurs et bien ils prennent votre place. C’est les meilleurs qui vont au Brésil, à nous de travailler pour être présent la prochaine fois. Il faut retourner au travail, sinon on arrête.