Bernard Blaquart : « La formation grenobloise régresse »
Le futur ex-directeur du centre de formation du GF38 – son contrat court jusqu’au 30 juin – revient sur ses six années passées à Grenoble et sur la toute récente volonté du club isérois de s’appuyer sur sa jeunesse.
Bernard, quel bilan tires-tu de tes six années de présence à la tête du centre de formation ?
« Le meilleur point à mes yeux fut d’obtenir l’agrément après seulement un an. En six ans, la formation à Grenoble a énormément évolué. Aujourd’hui, le centre a un excellent niveau compte-tenu des moyens et des infrastructures en place. Il est reconnu par la DTN et les autres clubs. Le classement actuel qui nous place parmi les derniers ne veut pas dire grand chose compte-tenu qu’il est fait sur 10 ans. Pour les 89, nous sommes ainsi les plus efficaces de France avec Lyon et Monaco. »
Tu as évoqué les infrastructures, c’est le gros point noir de tes six années de présence ?
« Oui ce fut vraiment le point le plus compliqué. On ne peut pourtant pas dire que les projets ont manqué. Il y en a eu énormément que cela soit à Saint-Égrève, Montbonnot, Teisseire, Vercors.. Mais je n’ai jamais senti une volonté forte de mener un de ces projets à terme. C’est vraiment dommage, si on souhaite faire une formation de qualité, on peut difficilement se passer d’infrastructures au niveau. »
Cela n’a pourtant pas empêché le club de sortir des bons jeunes…
« Oui mais plutôt « malgré » que « grâce à ». Le centre a sorti de très bons jeunes et continue d’en sortir. La génération 92 est très bonne, la 93 est encore meilleure. Tout a commencé avec la génération 89 de laquelle sont sortis six joueurs désormais pros. Ce sont les premiers que l’on a formé de A à Z. Avant nous récupérions les joueurs en cours de route à l’image de Giroud. Mais là nous les avons eu durant tout leur processus de formation. Après on peut discuter des qualités des Feghouli, Cianci, Ravet et autre Maubleu mais pas du fait qu’ils feront de bons joueurs de Ligue 1 ou de Ligue 2 s’ils sont épargnés par les blessures. »
Justement, ces jeunes joueurs ont tous souffert de blessures cette saison, comment l’analyses-tu ?
« Cela a été effectivement un gros problème d’avoir tant de jeunes blessés cette année. Après ils n’ont pas été les seuls à être blessés, les anciens ont également souvent été out. Mais c’est un problème sur lequel il va falloir se pencher. Est-ce que la formation, notamment au niveau athlétique, a été bonne ? Est-ce qu’on a suffisamment tenu compte de leur jeunesse et pas trop demandé à ces joueurs ? Après chaque cas est différent. On aurait par exemple dû faire souffler Ravet après les Jeux Méditerranéens ; pour Feghouli, c’est plus un problème psychologique ; quant à Maubleu ce n’est vraiment pas de chance : il n’a jamais été blessé chez les jeunes et là depuis deux ans il cumule. »
MM. Ochiai et Yamato, lors de leur récente conférence de presse, ont beaucoup insisté sur la « jeunesse grenobloise » en tant qu’atout pour le club et comptent s’appuyer sur elle pour le futur alors qu’elle semblait plutôt délaissée jusqu’alors, qu’en penses-tu ?
« Cela me donne surtout l’impression qu’on se rabat sur la jeunesse quand on ne peut pas faire autrement. Il aurait fallu davantage s’appuyer sur les jeunes quand ça allait bien. Mais bon c’est souvent ce qu’il se passe historiquement dans le football : quand ça va mal, on se rappelle qu’on a un centre. Plus globalement je pense que la formation stagne, régresse même depuis deux ans à Grenoble, du fait du manque d’infrastructures qui l’empêche d’être plus performante. Il n’y a plus la dynamique de départ et le club n’a pas donné les moyens de la relancer. Cela va poser des problèmes à moyen terme. Pour le moment, Grenoble à la chance d’avoir de très bons jeunes. C’est un acquis pour les deux ou trois ans qui viennent mais après il va falloir faire très attention. »
Sur un plan personnel, n’estimes-tu par paradoxal que l’on te fasse partir pour ensuite louer le travail accompli par le centre ?
« Effectivement, si on compte vraiment miser sur les jeunes, il me semble logique d’en discuter avec le directeur du centre de formation, ce qui ne s’est jamais passé. C’est surtout en cela que je suis déçu. Déçu par les personnes. Je n’ai eu aucune discussion. Ni Wantiez, ni Fessler ne sont venus me parler. J’ai juste vu Ubagaï qui est venu me dire que le club devait faire des économies et que je n’étais pas reconduit. Je ne dis pas que je serai forcément resté si on me l’avait demandé mais je suis déçu que personne ne soit venu en discuter. Après je prends ça comme un mal pour un bien, après un cycle de six ans, j’avais aussi besoin de changer d’air. »
Est-ce que tu as déjà des projets ?
« Je vais sûrement rapidement rebondir. J’ai des touches avec Tours. Max Marty souhaite ma venue pour prendre le centre de formation qui souhaite obtenir son agrément. C’est le genre de défi qui pourrait me convenir. »