A la découverte de… Une étoile nommée Abou Dieng
Entre coups durs et grands moments d’émotion, Abou Dieng aura tout connu dans sa vie de sportif mais surtout dans sa vie d’homme. Aujourd’hui joueur avec la réserve du GF38 pour apporter son expérience et tout nouvel élément du Futsal des Géants, le milieu de 36 ans est plus que jamais sur tous les fronts pour apporter son soutien aux jeunes de son quartier natal de la Villeneuve, à Grenoble. Son plus beau but dans la vie : aider les autres. Portait d’un homme d’exception.
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Impressionnant. C’est sans doute le terme qui vient tout de suite en tête lorsque l’on rencontre Abou Dieng pour la première fois. On se laisse alors bercer par les différents récits. Il y a déjà le footballeur, qui a connu une carrière prolifique au niveau départemental. Et pourtant, le football n’était pas vraiment sa première passion. « J’ai commencé le football à l’âge de 6 ans. À la base je ne voulais pas faire du foot, c’est surtout mes oncles qui en faisaient, du coup on m’y a mis de force. Moi, je voulais faire de la boxe ». Mais c’est finalement avec un ballon au pied qu’Abou évoluera au fil des années dans plusieurs équipes de l’agglomération jusqu’à son parcours le mène jusqu’à la réserve du GF38 cette année. Selon lui, la boucle est bouclée. « J’avais déjà joué au GF38, c’est surement le destin qui a voulu que je termine là-bas. J’arrive sur la fin, à 36 ans, je ne vais pas me voiler la face. Il y a des jeunes qui arrivent, c’est vraiment bien, moi je vais jouer jusqu’à ce que mes jambes me disent stop. Tant que j’aurai l’envie je continuerai. Dès que je n’aurai plus l’envie je ne vais pas trainer sur un terrain comme une âme en peine, je n’ai pas envie d’être un « has-been » du foot ». De sa longue carrière, Abou retient surtout des moments au Futsal, sport pour lequel il a vite eu beaucoup d’affinités, dès l’âge de 11 ans, avec le club de Mistral. « Les titres de champions de France avec Mistral. Ça et la coupe d’Europe, ça va rester vraiment des grands moments de ma vie ».
Et puis, surtout, il y a l’homme, le grand frère, le médiateur. Abou est comme ça, c’est son expérience de la vie qui le pousse à aider les autres. « Déjà je suis l’ainé de ma famille, j’ai pratiquement élevé mes petites sœurs tout seul avec ma mère donc ça a beaucoup joué. J’ai aussi perdu beaucoup d’amis, de morts naturelles, de morts violentes, j’ai donc vite pris conscience de beaucoup de choses. Nous ne sommes rien sur terre, on peut très vite partir, il peut vite nous arriver quelque chose. J’ai donc voulu tendre la main à certaines personnes, j’ai voulu essayer de faire un peu avancer les choses ». Il défend avec beaucoup de forces ces jeunes des quartiers qu’il côtoie au quotidien. Pour lui « on retient seulement les faits divers, mais ces jeunes, avant d’en arriver là, ils sont passés par beaucoup de stades ». Le point d’orgue de ce combat perpétuel, c’est l’association qu’il a crée. « Elle s’appelle Secteur 6 Street. À la base cette association devait servir pour les cultures urbaines sur le secteur 6 (Arlequin, Baladins-Géants, Village Olympique, Grand’Place), mais au final on s’est diversifié, on fait aussi dans le solidaire maintenant ».
Dans cette association, Abou l’avoue lui-même, il « joue un peu encore mon rôle de grand frère ». Lui-même « pas vraiment net » à un certains moment de sa vie, a été sauvé par le sport. « Sincèrement, le football m’a sauvé ». Mais il prévient également, le football ne peut pas être la seule optique pour les jeunes pour s’en sortir. Ils les incitent avant tout à s’instruire. « Que les jeunes lisent un peu plus, qu’ils lâchent un peu les Playstation, la télévision. Parce qu’il n’y a pas que le foot dans la vie, si tu finis avec une carrière pro derrière ça va, mais sinon il faut bien remplir le frigo ».
Certains pourraient alors se demander pourquoi ? Pourquoi Abou fait-il tout ça sans vraiment rien attendre en retour. La réponse est simple. « J’ai perdu des amis qui sont partis jeunes, il auraient sans doutes aimé être à ma place, donc tant que je serai en bonne santé, je ferai mon maximum pour profiter et pour aider les gens ». Une raison simple, belle, et tellement logique. Il n’a qu’un seul souhait au fond, que les gens disent de lui plus tard, « c’était vraiment un mec bien ». Qu’il se rassure alors, en le voyant, en regardant son palmarès, toutes les actions qu’il mène au quotidien, on ne peut se dire qu’une chose. Abou Dieng est un grand monsieur, assurément.