A la rencontre de… Corentin Nicaise (FC Bourgoin-Jallieu)
A 22 ans et un parcours prometteur (formation au GF38 puis à l’ASSE), Corentin Nicaise (ici avec le brassard) évolue depuis 2 ans au FC Bourgoin-Jallieu (CFA2), à deux pas de son Domarin natal. S’il a tourné la page d’une carrière professionnelle qu’il aurait mérité de connaître, sur le plan footballistique autant qu’humain, le milieu défensif ne demeure pas moins compétiteur, dans un club qu’il ne voudrait quitter (presque) pour rien au monde. Rencontre.
Après deux courtes défaites, vous avez retrouvé un succès difficile à Chamalière (2-3)…
« C’est sûr qu’en championnat on n’était pas au top et on avait besoin de se rassurer. Ce match disputé sur synthétique n’était pas facile, face à une équipe regroupée derrière. On fait une grosse première mi-temps où ouvre la marque mais sur des erreurs d’inattentions, on prend deux buts bêtes et évitables. A la pause, on se dit qu’il est impossible de perdre vue notre main-mise sur le match. Finalement, même si on est un peu moins bien dans le jeu, on égalise puis marque le troisième but de la victoire méritée. »
Depuis sa montée en CFA2, le FC Bourgoin-Jallieu a toujours joué le haut du tableau. Est-ce que la montée en CFA est un doux rêve ou un réel objectif?
« L’année où le club est monté, il s’est maintenu difficilement mais depuis, ça joue le haut du tableau. Je suis arrivé après leur première année et j’ai constaté une vraie évolution lors de mes deux années ici où on a joué le haut de tableau. On sent qu’on parle plus d’une éventuelle montée même si ce n’est pas une obligation absolue. On est 4e, ce n’est que le début mais c’est important de rester dans le bon wagon, surtout que les équipes de têtes et notamment Louhans-Cuiseaux ne perdent pas de points en route. Mais, à Bourgoin, le club se structure et serait prêt à une éventuelle montée. »
Toi qui as connu les deux niveaux avec l’ASSE, qu’est-ce qui les différencie ?
« J’ai joué un an en CFA avec la réserve de l’ASSE et il y a un réel écart avec la CFA2. Dans le jeu, c’est plus structuré et on se rapproche du monde semi-pro avec beaucoup d’anciens pros alors que les matchs de CFA2 sont parfois plus « fous-fous ». Avec Saint-Etienne, il n’y avait que des joueurs qui sortaient du centre de formation alors c’était très jeune et naïf. On faisait toujours le jeu, on jouait mieux que les adversaires mais on perdait souvent sur des détails comme les coups-de-pieds arrêtés par exemple. »
Cet été le recrutement a été ambitieux avec pas mal de joueurs de l’agglomération grenobloise (Fernandez, Bakouboula, Biancardini), qu’ont-ils apporté?
« Ici, c’est en général les joueurs du cru qui signent alors arriver à attirer des joueurs extérieurs est un signe que le club a grandi. Déjà, ils se sont super bien adaptés et intégrés donc c’est allé très vite. Et forcément, vu leur niveau, ils nous apportent beaucoup. Thernand a joué énormément de matchs à ce niveau-là, Remi a été pro et Jérémy a accroché la montée en CFA l’an dernier avec Andrézieux donc ses conseils seront importants. »
Le retour rapide de Florian Michel a été aussi important…
« Je n’avais même pas l’impression qu’il était parti d’ailleurs (Michel avait signé à Andrézieux cet été avant de faire machine arrière une semaine plus tard) tellement cela a été court et qu’il a toujours fait partie des meubles ici. Son retour montre à quel point le club du FCBJ et son ambiance sont attachantes. Pourtant, à l’époque, on était les premiers à l’encourager à partir pour jouer au-dessus car il le méritait. En tout cas c’est une super nouvelle pour nous de l’avoir. »
A titre personnel, as-tu eu des sollicitations?
« Clairement, ça fait quelques temps que je ne cherche plus. Je suis très bien ici et je ne me vois pas bouger, même pour jouer plus haut. Je reste un compétiteur dès que je suis sur un terrain mais j’ai eu le déclic de me dire que travailler dans le football était terminé pour moi. »
Pourtant, en signant à Bourgoin, après ta formation au GF38 puis à l’ASSE, tu espérais rebondir rapidement non?
« Oui, et après ma première saison ici, j’ai eu deux ou trois touches mais pas de club réellement venu me chercher. Puis, avec les mois écoulés, je me suis dit qu’en jouant en CFA2 à un poste de milieu défensif qui est moins exposé qu’un dribbleur ou un attaquant il fallait être extraordinaire pour rebondir. »
Quel est désormais ton choix professionnel?
« Avec un ami, j’ai monté une agence automobile sur Bourgoin et ça me plait. Désormais, c’est ma priorité et le football est passé au second plan. »
Quand tu vois d’anciens partenaires vivre pleinement du football, que ça soit de la CFA ou même jusqu’en Ligue 1, éprouves-tu des regrets?
« Non et je suis super content pour eux. Je n’ai aucun regret car être parti très jeune de chez mes parents pour aller en centre de formation m’a fait grandir. Les souvenirs que j’ai du GF38 au centre sont d’ailleurs les meilleurs que je garde dans le foot. »
On te sait très proche de Florian Thauvin, avec qui es-tu toujours en contact?
« Déjà de Flo, déjà que j’ai très souvent. Il y a aussi Ruben Aguilar (AJ Auxerre) et Romain Spano (Andrézieux) que j’ai connu et à Grenoble, et à Saint-Etienne. Parfois, ça arrive que sur des matchs je recroise d’anciens partenaires aussi. C’est toujours un plaisir de se revoir et se rappeler quelques bonnes anecdotes. »
Revenons au FCBJ, comment définirais-tu le style de l’équipe cette saison?
« Comme les coachs sont les mêmes, on a gardé cette philosophie d’être affamés à la perte du ballon et d’effectuer un gros pressing collectif. Bien sûr, les nouveaux ont aussi apporté leur touche personnelle et je pense notamment à Thernand qui possède un profil qu’on n’avait pas avant à savoir un pivot qui garde les ballons. »
L’ambiance semble être assez « spéciale », peux-tu nous en dire plus?
« Honnêtement, il est important d’insister sur l’ambiance parce qu’elle est très très bonne. On a tous le sourire, on rigole tous et c’est rare de voir des embrouilles entre nous. Quand des nouveaux arrivent, on se pose toujours des questions sur l’ambiance générale mais je peux assurer qu’avec les recrues, rien n’a changé. Les bonnes relations peuvent aussi s’étendre aux entraîneurs qui font parfois la fête avec nous ou aux dirigeants. C’est généralement avec des groupes comme celui-là qu’on peut faire des bons parcours en Coupe de France. »
Vous jouerez d’ailleurs samedi dans cette compétition toujours très particulière pour les amateurs. Que sais-tu de Misérieux-Trévoux (HR), votre futur adversaire?
« J’avoue ne pas connaître cette équipe mais j’en ai entendu parlé. Ils sont sur 4 victoires en 4 matchs de championnat plus leurs victoires en Coupe de France donc leur série est impressionnante depuis le début de saison. Je pense tout de même qu’on aurait pu avoir un tirage plus mauvais comme par exemple si on s’était déplacé chez une CFA ou qu’on aurait joué Lyon-la-Duchère (National). Mais, on l’a vu contre des équipes hiérarchiquement inférieures comme la Vallée-de-la-Gresse (2-4 ap) ou la Tour-Saint-Clair (0-1) que c’est toujours difficile. »
Quel est l’objectif du club dans cette compétition? Et le tien ?
« Au niveau du club, c’est déjà forcément de ne pas se faire éliminer par un plus petit. Après, avec les tirages, c’est vraiment aléatoire. Par exemple, l’an dernier, on a du se déplacer à Villefranche (CFA), dès le 5e tour donc ça plombe déjà un éventuel parcours. A titre personnel, on approche déjà les Ligue 2 donc si je peux jouer une belle Ligue 2 type Lens ou Auxerre pour retrouver Ruben ça serait top. Ensuite, si vraiment ça se passe bien et qu’on va jusqu’en 32e, l’objectif serait forcément l’OM, parce que c’est le club que je supporte, mais aussi pour affronter mon ami Flo Thauvin. »