A la rencontre de… Ludovic Lemoine et Laurent Vadon (Handi-escrime)
Lors du week-end du 1eret 2 avril se disputait, à Meylan, la 16ème édition du challenge Handi-valide qui se tient chaque année depuis 2001. L’occasion pour nous de rencontrer deux champions que sont Ludovic Lemoine et Laurent Vadon.
Ludovic Lemoine a débuté l’escrime à l’âge de 8 ans. Pratiquant le fleuret comme le sabre depuis 22 ans il décroche deux médailles par équipe, respectivement d’argent et de bronze aux Jeux paralympiques de Londres et Rio. Il compte également sept médailles aux championnats du monde dont deux en or et treize médailles aux championnats d’europe dont quatre en or.
Laurent Vadon, quant à lui, est licencié au club handisport mais également au club d’escrime de Meylan et ce depuis une vingtaine d’années. Vainqueur de l’handivalide l’an passé, il détient aussi un titre de champion d’Europe par équipe ainsi que de vice champion d’Europe. Participant régulièrement aux épreuves de coupe du monde avec l’équipe de France il a notamment obtenu une honorable 4ème place lors de l’épreuve de sabre par équipe qui se tenait à Pise le 17 mars dernier.
Quelles ont été vos motivations ?
Ludovic Lemoine : « Suite à mon amputation due à un cancer à l’âge de 6 ans, mes parents très portés sur les arts martiaux, ont voulu que je m’épanouisse dans un sport de combat. C’est ainsi qu’à l’âge de 8 ans j’ai poussé la porte d’un club handisport de Vannes en Bretagne au sein duquel évoluaient deux champions paralympiques. »Laurent Vadon : « J’ai commencé l’escrime, que j’ai découvert du fait de mes parents et amis, vers l’âge de 15 ans. Je me suis vite senti à l’aise au sein du club d’escrime de Meylan et me suis rapidement pris au jeu au fur et à mesure des années et des compétitions. »
Les prochains objectifs
Pour les deux tireurs, les Jeux Paralympiques de Rio marquent une année de transition. Pour autant cela ne signifie pas une année exhangue d’échéances sportives puisque se profilent les championnats de France en juin prochain ainsi que les championnats du monde en fin d’année.
La place de l’escrime Handisport en France vous satisfait t-elle ou manque t-elle encore de moyens, de visibilité ?
Ludovic Lemoine : « La médiatisation suite aux jeux de Rio a été phénoménale. La télévision à vraiment joué le jeu, en passant de 15h de direct à Londres à 100h. Malgrès cela, tout comme chez les valides, on ne peut vivre de l’escrime handisport en France, d’ou la nécessité d’avoir un double projet. Cela nous permet certes de ne pas dépendre entièrement de notre sport mais par rapport aux moyens nécessaires pour atteindre les médailles, cela pèche parfois. Je note cependant une évolution dans le bon sens car les athlètes sont désormais pleinement reconnus avec un statut de sportif équivalent à celui de nos homologues valides. »Laurent Vadon : « Il y a eu une réelle ouverture et prise en compte des médias, notamment durant les Jeux de Rio mais il reste selon moi un gros travail à effectuer au niveau de l’animation. L’escrime peine à s’imposer face à des sports tels que le foot ou le basket et manque cruellement de moyens. Il faut que les gens s’investissent pour faire connaître ce sport, notamment dans les écoles. »
Quels sont les défis que vous rencontrez pour pratiquer le sport handi de haut niveau en france ?
Ludovic Lemoine : « Pour fonctionner dans le cadre d’une saison optimale, il nous faut, mon club et moi recueillir entre 15 et 20 000 euros. Un montant très lourd qu’il est difficile de réunir. Mon club m’aide beaucoup notamment grâce aux subventions des départements mais il faut également aller démarcher des sponsors privés, ce qui demande du temps. Il est également difficile de toujours trouver une opposition adéquate que ce soit en termes de niveau ou bien de disponibilité, car l’escrime se pratiquant à deux, le tireur est directement dépendant de son adversaire. »
Laurent Vadon : « Je ne rencontre aucun problème d’infrastructures puisque le club de Meylan est depuis très longtemps pourvu et équipé et les entraineurs compétents. (le club de Meylan a été le premier à ouvrir une section handi en 1978 et son fondateur, Maître Deleplanque est toujours entraineur des équipes de France handi). Le manque de moyens financiers est le premier problème rencontré lorsque des tireurs veulent effectuer des compétitions internationales. La fédération, en effet, ne privilégie souvent que les pépites, délaissant de ce fait la plupart des autres tireurs qui doivent consentir à des sacrifices en omettant certaines compétitions jugées trop coûteuses par exemple. De plus, le statut d’amateur, au même titre que l’escrime valide, ne nous permet pas de rivaliser pleinement avec les tireurs d’autres nations qui touchent un salaire pour pratiquer leur sport. »