À la rencontre de… Thernand Bakouboula (FC Bourgoin-Jallieu)
L’attaquant franco-congolais Thernand Bakouboula, formé au Grenoble Foot 38 est passé par le FC Echirolles et Saint-Priest après des passages en Turquie et en Belgique. Il vient désormais de s’engager avec le FC Bourgoin-Jallieu (CFA2). Coup de projecteur sur le parcours de cet attaquant de 28 ans.
Pour quelles raisons avez-vous décidé de signer au FCBJ ?
« Cela faisait environ deux ans que le staff technique souhaitait me recruter. J’ai senti que c’était peut-être le bon moment de les rejoindre. »
Vous allez donc reformer le trio avec Fernandez et Biancardini avec qui vous avez déjà évolué dans le passé…
« Oui, ça a beaucoup pesé dans ma décision de retrouver des collègues, qui sont même des amis. Et avec les deux dernières bonnes saisons du club, je me suis dit qu’avec ce genre de renforts, ça ne pouvait qu’être meilleur. Je connais cinq joueurs au total dans l’effectif donc ça va m’aider au niveau de l’intégration. Et puis j’ai un petit peu de bouteille donc ce n’est pas trop une difficulté de m’intégrer dans un nouveau groupe. »
Vous qui connaissez bien ce championnat, quels seront vos objectifs pour cette nouvelle saison ?
« Je n’ai pas vraiment d’objectif personnel à part réaliser une bonne saison, ça pourrait permettre au club de peut être franchir un pallier. Mes objectifs personnels seront forcément liés au collectif. »
Quels souvenirs gardez-vous de votre saison dernière en CFA2 avec Saint-Priest ?
« Ça a été une très bonne saison sur le plan humain et collectif. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à obtenir la montée. On termine deuxième et au final on a flanché quand il ne fallait pas. Cette année, je suis censé les retrouver sur leur terrain à l’occasion de notre premier match de championnat. Mais cette fois-ci, je serai dans le vestiaire visiteur donc ça sera un petit peu étrange, mais j’ai hâte de revoir mes anciens coéquipiers. »
C’est un sacré clin d’œil si les retrouvailles se font lors du premier match.
« Exactement, peut-être même que c’est le destin ! »
Racontez-nous à présent votre expérience en Turquie en 2ème division.
« J’en garde d’excellents souvenirs. J’ai découvert le monde professionnel là-bas. Le niveau était plus que bon. Un mélange entre des équipes moyennes de Ligue 2 et les meilleures du National. J’ai joué dans des stades d’environ 7 000 personnes avec une ferveur qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. »
Quelles différences faites-vous avec le football français ?
« En France, lorsqu’un joueur termine sa formation, il a un profil assez complet. On lui apprend toutes les bases du football. D’ailleurs, je pense que cela se voit quand ils s’exportent, car généralement ils réussissent bien à l’étranger. En Turquie, on se base plutôt sur le physique et l’attaque. L’objectif, c’est de gagner et de s’appuyer sur les qualités principales du joueur. »
Était-ce un choix sportif ou financier ?
« Un choix avant tout sportif pour être tout à fait honnête avec vous. Le choix financier était la petite cerise sur le gâteau. »
Et avec 23 matchs joués en Turquie, on peut dire que vous avez réussi votre défi en obtenant du temps de jeu.
« Exactement, surtout qu’il s’agissait de ma première saison professionnelle. Malheureusement, à la fin du championnat, nous avons subi une descente sportive et administrative. J’ai donc dû résilier mon contrat. À cette période, il y avait de gros problèmes, avec beaucoup de corruption autour des matchs. Mon équipe avait été touchée par ça. Sans ces problèmes, on ne serait peut-être pas descendu. »
« À l’époque, mon club avait le droit à trois joueurs extra-communautaires. Et lorsque le club est descendu en troisième division, il en avait le droit à zéro. L’année d’après, je me suis retrouvé au chômage, je m’entrainais avec le GF38, et j’ai signé en troisième division belge à RJS HLF pour la saison 2012-2013. »
Justement, racontez-nous votre passage en Belgique.
« C’était vraiment mitigé. L’entraineur qui m’avait recruté a démissionné au bout de 5-6 matchs. A la suite de son départ, j’ai dû faire deux rencontres supplémentaires, car j’ai eu une blessure qui m’a éloigné des terrains pendant quasiment six mois. Et quand je suis revenu, c’était déjà la fin du championnat. Je suis parti car j’ai connu d’autres problèmes, plus grave cette fois-ci, car je n’ai pas été payé pendant presque six mois. J’ai porté le club en justice, et au final ça s’est bien terminé. »
Revenons en France, même question que pour vos coéquipiers Biancardini et Fernandez, espérez-vous tout de même rejouer un jour sous les couleurs du GF38 ?
« Le GF38 c’est mon club de cœur, car j’ai passé plus de douze ans là-bas. Je suis arrivé jusqu’à l’avant-dernière étape, en CFA. Je n’ai pas réussi à passer le pallier de jouer avec l’équipe première. J’ai donc un goût d’inachevé car ça s’est arrêté un peu brutalement. Mais oui, cela reste un objectif, mais il y a du boulot. »
Pour finir, racontez-nous votre but inscrit avec le Congo face au Maroc qui doit-être le meilleur moment de votre carrière.
« Oui, en effet. Je m’en souviens encore très bien même si cela remonte à 2011. C’était un long dégagement de mon gardien. Il y a une incompréhension chez un défenseur adverse qui essaie de faire une passe en retrait de la tête à son gardien, mais ils ne se parlent pas. J’ai alors eu cette intuition, ce flair. Le défenseur lobe son gardien. Je poursuis ma course avec le but vide devant moi et je n’ai plus qu’à mettre le ballon au fond des filets. »
« Porter les couleurs de son pays c’est quelque chose de grand, et de fort. Sur le moment je ne réalisais pas. C’est peut-être ce qui m’a permis d’être décomplexé lors de cette première sélection. Avec du recul, je me suis quand même rendu compte que c’était beau. Malheureusement ça s’est arrêté un petit peu trop vite. J’ai été rappelé mais je n’ai plus rejoué. J’aspire à porter à nouveau les couleurs de mon pays, mais pour cela il faut jouer à un niveau un petit peu plus supérieur je pense. La ferveur en Turquie ? Indescriptible. J’aimerais bien retourner dans le passé ! »