A la rencontre de…Nicolas Yallourackis (arbitre handball)
En compagnie de son binôme Florian Véroncini, l’Isérois Nicolas Yallourackis officie chaque week-end, ou presque, sur les parquets de Nationale 1 Masculine ou de D2 Féminine. Nous avons rencontré l’arbitre qui nous en a dit plus sur son parcours et son approche du sifflet.
>> voir le Au Fond des Filets consacré au duo
Nicolas, peux-tu tout d’abord nous évoquer en quelques mots ton parcours dans le handball ?
J’ai essayé de concilier arbitre et joueur jusqu’à ce que ce ne soit plus possible en terme de contrainte de temps. J’ai été joueur jusqu’en N3 au club de Fontaine puis est venu le moment où j’ai évolué en parallèle sur plusieurs niveaux en arbitrage. Sachant qu’arbitrer en niveau national obligeait faire des déplacements de plus en plus lointains j’ai dû faire un choix. Arbitre cela me permet de participer à un niveau de jeu que je n’aurais pas pu atteindre en tant que joueur. Je suis lucide, je n’avais pas le potentiel pour jouer au-dessus de la N3. Alors que j’ai une marge de progression plus importante en tant qu’arbitre et c’est un rôle qui me permet aussi de voyager.
Comment est venue cette envie d’arbitrer ?
La vocation est venue quand je devais avoir 12-13 ans, avec la même personne avec qui je suis en duo aujourd’hui, Florian Véroncini. C’est assez rare que ça dure aussi longtemps. A la base ça nous ramenait un peu d’argent de poche et ça permettait d’aider un peu le club. De fil en aiguille on a insisté dans cette voie.
A quel niveau arbitrez-vous aujourd’hui ?
Nous arbitrons en N1 garçon et en D2 féminine. D’ailleurs, nous avions été désignés pour arbitrer Pôle Sud en début d’année mais comme j’ai pas mal d’étudiantes qui jouent dans l’équipe (il est enseignant à l’Ufraps et entraîneur de l’équipe universitaire, ndlr), j’ai averti la Fédé pour éviter toute ambiguïté et d’éventuelles situations délicates.
Cela fait 8 ans que j’arbitre au niveau national. C’est vrai qu’on retrouve souvent les mêmes équipes et les mêmes joueurs. Cela peut être avantageux ou pas, cela dépend des personnalités, des antécédents, des ambiances…
Comment parviens-tu à concilier la pratique de l’arbitrage avec ton activité professionnelle. Est-ce qu’il y a une possibilité de professionnalisation dans cette voie là ?
Quand je bossais sur Paris on arbitrait en N2, niveau où l’arbitrage est sectorisé, et nous appartenions au secteur sud-est donc je devais descendre chaque semaine. Globalement les semaines sont longues, on fait pas mal de déplacements. J’essaye de travailler un peu dans le train, en corrigeant des copies par exemple. C’est aussi difficile de concilier ça avec la famille, je viens d’avoir un petit par exemple. Il faut faire des concessions.
Aucun arbitre ne vit de l’arbitrage aujourd’hui même est entrain de se mettre en place une professionnalisation ; l’an prochain peut être 2-3 paires seront concernées. En ce qui nous concerne, à notre niveau on est rémunéré avec des frais réels (train, repas…) + une indemnité match de 220€, sachant qu’on a 3 matchs par mois en moyenne.
Tu as songé à faire un break, quand tu étais à Paris ou après la naissance de ton enfant par exemple ?
Le soucis avec les duo c’est que si un arrête, l’autre ne repart pas au même niveau car il y a toute une harmonie à avoir. Et cela ne se fait pas du jour au lendemain donc on redescend sur des niveaux plus bas où on peut plus facilement travailler une complémentarité.
Quelle est votre ambition avec ton binôme ?
Notre objectif de départ était d’arriver sur de la N1 garçons et filles donc ça c’est fait ! Forcément on garde un peu d’ambition, si on peut prétendre au niveau du dessus on regardera si c’est gérable vu que la plupart des matchs se joueraient alors en semaine et plus le week-end. Sur le secteur pro on est obligé d’arriver le matin, ça prend plus de temps, ce sont d’autres enjeux aussi, un autre univers. Mais on ne ferme pas la porte.
Faites vous partie des paires jeunes ?
Oui j’ai 28ans, mon collègue a eu 30ans, sachant que sur le niveau auquel on appartient on peut arbitrer jusqu’à 55 ans. Mais nous ne sommes pas non plus les plus jeunes.
Plus le niveau augmente et plus l’aspect gestion de l’environnement est important donc l’expérience compte.
Tu évoquais la complémentarité, comment est-ce qu’elle s’articule sur le terrain ?
Pour les échanges au niveau pro les arbitres ont des oreillettes. Nous, à notre niveau, on communique grâce à des petites gestuelles pour se faire comprendre rapidement sur des situations de jeu, des ambiances qui se tendent. On a une dizaine de gestes, d’où les automatismes dont je te parlais qui sont très importants.
Tu préfères arbitrer les filles ou les garçons ?
Il y a une poule de D2F et 3 poules de N1M donc on arbitre beaucoup plus souvent les garçons. Et de fait cela devient ceux qu’on préfère arbitrer car pour les filles, comme le jeu est différent – avec plus d’évitements, moins d’impact et de contacts, on a besoin de se réadapter, de s’acclimater, à chaque fois.
Des styles d’équipes que tu n’aimes pas arbitrer ?
Là aussi c’est une question d’adaptation. On sait par exemple que dans le sud, sud-est, les joueurs aiment bien parler. Donc c’est un élément à prendre en compte. On sait aussi que certaines équipes s’entendent bien alors que d’autres sont en rivalité : la gestion d’une même situation ne sera donc pas forcément identique.
La plus grosse ambiance dans laquelle tu as arbitré ?
Je dirais Saumur en Auxois qui a une salle de 4-500 personnes en capacité et qui accueille 800 personnes à chaque match. Les gens sont là 1h avant le match, c’est l’événement de la semaine et ça se ressent dans l’ambiance.