Aïssa Yahia-Bey, héros malgré lui

Le feu des projecteurs n’était pas braqué sur lui, ce samedi, pour la première à domicile du Grenoble Foot 38. Pourtant, c’est bien son nom qui finit par résonner dans les travées du Stade des Alpes, après qu’il eut éclaboussé de sa classe la rencontre face à Martigues. Et si c’était finalement Aïssa Yahia-Bey le monsieur + du GF cette année ?

On attendait Nassim Akrour, large vainqueur à l’applaudimètre à l’annonce de la composition des équipes, tout juste concurrencé par le bruyant et sympathique fan club de Paul Cattier. L’international algérien a d’ailleurs bien failli se parer du costume de l’attendu sauveur. Il s’en fallut seulement de quelques centimètres, lorsque sa frappe en pivot heurta le poteau des buts de Robert.
On sentait pourtant déjà poindre la grande prestation d’un Yahia-Bey en jambes, très remuant. Peut-être même dès Cannes, finalement, où, entré en cours de jeu, il avait été un des rares grenoblois à surnager et montrer de l’envie.

« Envie ». Un mot justement plusieurs fois répété par le joueur à l’issue de la rencontre. « Envie d’effectuer une grande saison », notamment. « Envie de rendre » surtout. « L’an dernier, j’ai vécu une année très difficile sur le plan personnel. » explique Aïssa. « Farid Derbal, le président Fessler m’ont soutenu et savaient pourquoi il n’y avait pas de rendement. J’ai l’impression que les supporters m’aiment bien, ils me disent des beaux mots pour m’encourager. Le staff m’accorde sa confiance. » Autant de facteurs qui lui donnent envie de « donner le maximum pour qu’on puisse monter en national ».
Si le joueur est une teigne, s’agace, agace aussi parfois, l’homme se fait plus discret hors des terrains et s’inscrit avant tout dans le collectif pour remplir les objectifs du club. « Même si ce soir (samedi) je suis buteur, ce n’est pas mon rôle de mettre des buts. Mon rôle c’est à la limite de faire marquer, de faire du jeu. J’ai juste envie d’être utile. »
Une humilité encore plus prégnante quand l’ancien de l’Abbaye évoque ses premiers pas avec Nassim Akrour. « Je sais qu’il va me bonifier. Malgré mes 32 ans je suis là pour apprendre. Les mecs se focalisent plus sur lui, quand il fait une remise la balle arrive devant toi et c’est un caviar, quand tu lui donnes un bon ballon tu sais qu’il va marquer : tout ça va faire bonifier mon jeu. »

S’il ne veut pas tirer la couverture à lui, force est de constater que ce premier succès de la saison peut en grande partie lui être imputé. Intermittent du spectacle l’an passé, Yahia-Bey peut, doit se montrer plus consistant cette saison. Et ainsi devenir un élément prépondérant dans la remontée du club.
Qualifié de « meilleur joueur du CFA » l’an passé par François Keller après sa grosse prestation contre Strasbourg, Aïssa n’a jamais pu embrasser une carrière pro. L’histoire serait belle si cet enfant de Grenoble pouvait renvoyer le club de sa ville vers le professionnalisme.
Une première pierre a été posée face à Martigues. Le plus dur reste à faire, pour le GF comme pour Aïssa : confirmer sur la durée.

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