Ça chauffe dans le petit monde du trail alpin au sujet du calendrier 2019

Ça chauffe dans le petit monde du trail alpin au sujet du calendrier 2019

A trois semaines de la réunion de la CDCHS (Commission Départementale des Courses Hors-Stade ) visant à fixer le calendrier de la saison 2018-2019 de trail et d’ultra-trails, aucun accord n’a encore été trouvé entre les organisateurs de l’Ultra Trail des 4 Massifs (UT4M) et ceux du Trail et Randonné des Lacs de Chamrousse et Belledonne (TRLCB) qui ont tous les deux fait part de leur volonté d’inscrire au calendrier leur événement respectif aux mêmes dates et lieux de passage. Entretien avec Jean-Paul Bouthors, fondateur et organisateur du TRLCB.




Jean-Paul Bouthors, vous êtes organisateur du TRLCB depuis sa création en 2013, pouvez-vous nous faire un point sur la situation ?

« Ce qu’il se passe c’est que, contrairement aux années précédente, l’organisateur de l’UT4M Monsieur Sébastien Accarier a fait savoir qu’il souhaitait organiser son événement durant la première quinzaine de juillet l’an prochain, nous demandant ainsi de décaler notre date historique qui est le premier samedi du mois de juillet depuis la création de notre événement en 2013. Nous avons une première fois fait part de notre refus en avril 2018 au travers d’une lettre au Comité Départemental des Courses Hors Stade (CDCHS) puis une seconde fois le 15 août 2018 à destination de tous les élus, institutions et autres personnes concernées par les courses hors stade sans pour autant enclencher aucun dialogue avec l’organisation de l’UT4M. La situation est donc au point mort avec une réunion décisionnaire dans 3 semaines. Voilà où on en est. »

Le Comité Départemental ne vous a pas répondu en avril dernier ?

« Oh si ils nous ont répondu. Ils nous ont dit que l’on devait régler le problème entre nous alors qu’ils savent pertinemment qu’il n’y a, à notre plus grand regret, actuellement aucun dialogue. Pour moi ce n’est pas normal, le rôle du CDCHS devrait justement être d’arbitrer les différents entres organisateurs de courses hors stade. Il y a 140 courses réparties sur 8-9 mois de l’année sur le territoire de ce comité. Certains week-ends on se retrouve ainsi avec 5 ou 6 événements organisés en même temps. L’arbitrage du Comité est crucial si on ne veut pas que cela ne devienne n’importe quoi. Il y a quelques années, quand je siégeais là-bas la politique c’était priorité aux dates et lieux des courses les plus anciennes. J’espère que c’est toujours le cas aujourd’hui. »

Quels seraient les problèmes si les événements avaient lieu en même temps ?

« Le principal problème c’est le tracé. Pas mal de routes empruntées par les coureurs durant le TRLCB le sont également par ceux de l’UT4M. On ne peut pas organiser deux courses sur le même lieu en même temps ! A la rigueur sur une autre zone, c’est embêtant seulement sur l’attractivité des événements car les coureurs ont plus de choix de courses. Mais faire deux courses sur le même tracé en même temps c’est juste inimaginable. »

Savez-vous pourquoi les organisateurs de l’UT4M veulent se caler sur vos dates ?

« On soupçonne les organisateurs de l’UT4M de vouloir rivaliser avec l’ultra trail du Mont-Blanc qui se tient fin août comme celui des 4 massifs. On trouve cela dommage car premièrement, la formule actuelle des choses fonctionnait bien. Notre petit trail début juillet pouvait permettre à certains coureurs de venir reconnaître les tracés locaux avant les ultra-trails de la suite de l’été dont l’UT4M. On organise aussi le TRLCB depuis sa création en parallèle de la fête des transhumances de Chamrousse qui accueille chaque année près de 800 randonneurs et amoureux du terroir dans la région. Ce n’est pas quelque chose que l’on a envie de changer.

De plus, cela met également à mal l’organisation d’autres événements sur ces mêmes plages du calendrier : le Outdoor Festival des 2 Alpes ou le Grand-Duc de la Chartreuse qui fêtera ses 30 années d’existence en 2019. On craint fortement l’inflation de propositions sur la période ! Pour finir en plus, l’ultra trail du Mont Blanc a pour l’habitude de refuser par tirage au sort jusqu’à 3000 prétendants, ça fait du monde pour venir courir sur l’UT4M en second recourt. Vraiment on ne comprend pas cette décision tant la formule actuelle fonctionne. »

Que craignez-vous qu’il se passe lors de la réunion décisionnaire du CDCHS dans 3 semaines ?

« Je crains qu’elle accorde le droit à l’UT4M d’avoir lieu la première quinzaine de juillet. Je serai alors obligé de demander, par exemple, à Monsieur le Maire de Chamrousse de faire un choix entre le TRLCB et l’UT4M sur ces dates afin d’interdire l’organisation de l’un de ces deux événements sur sa commune. Tant qu’il n’y a pas de décision prise par le Comité je ne le ferai pas mais cela serait vraiment dommage de devoir en arriver là. »

Avez-vous encore une marge d’action avant cette réunion décisionnaire ?

« Aucune ! Le comité nous somme de trouver un accord entre nous mais comme je vous l’ai dit, il n’y a actuellement aucun dialogue entre les organisateurs de l’UT4M et nous. Maintenant toutes les instances, les élus et les personnes concernées sont prévenue de la situation, il ne reste qu’à attendre le jour de la réunion qui sera, à mon avis, la première confrontation pour savoir dans quel sens on va aller. Dans le sens de la raison et non des intérêts personnels on espère. »

Recueillis par Sébastien Allec