Camille Le Blanc : « Il faut savoir se faire respecter pour être arbitre »

Camille Le Blanc : « Il faut savoir se faire respecter pour être arbitre »

camille le blanc 2C’est à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Grenoble, sur le campus de Saint-Martin d’Hères, que nous rencontrons Camille. La Bretonne d’origine entame, dans la capitale iséroise, sa quatrième année en tant qu’arbitre. Aujourd’hui en district, elle aspire à rapidement pouvoir franchir les échelons pour pouvoir arbitrer à plus haut niveau.

Elle ne s’attendait pourtant pas à une telle évolution de sa passion. En Bretagne, Camille joue pendant près de 14 ans au football, de sa cinquième année jusqu’à sa majorité, avant de devoir arrêter à cause de déplacements devenus trop compliqués à assumer. Elle décide alors de se tourner vers l’arbitrage non sans avoir, auparavant, touché à l’expérience d’entraîneur des jeunes. Une expérience qui tourne vite court puisque la formation dispensée par son lycée ne plaisait pas du tout à la Bretonne.

camille le blancCamille Le Blanc se décide alors à arbitrer. D’abord les jeunes même si, en Bretagne, elle aurait pu arbitrer des séniors. Elle préfère se former avec des joueurs moins âgés pour se faire à sa nouvelle fonction. Son statut lui plait et lui permet d’ailleurs même de se dépenser dans un « sport à part entière » pour elle.

Ses études l’amènent alors à Grenoble, à l’IAE donc, qu’elle a choisi car l’établissement recrutait sur dossier et entretien. Camille débarque alors dans une région qu’elle ne connait pas particulièrement, changeant ainsi de ligue. Son premier match, Eybens contre Sassenage, se révèle particulièrement compliqué comme elle l’avoue volontiers : « Les mentalités sont complètement différentes ici. Je ne m’attendais pas à ces changements ».

L’étudiante de l’IAE prend très à cœur sa passion pour laquelle elle consacre beaucoup de temps, pratiquement tous les jours de la semaine. Elle continue de s’entraîner avec les filles de l’UPMF le lundi soir, preuve que le jeu est toujours aussi important pour elle. Le mercredi soir, après ses cours, elle bénéficie d’une formation pour arbitrer en Ligue, échelon supérieur. Le reste du temps, elle arbitre. Le jeudi, c’est au niveau universitaire : elle s’occupe du championnat des grandes écoles, toutes les semaines. Le week-end, elle continue : en district le dimanche, parfois même le samedi comme la semaine dernière où elle a du se déplacer jusque dans la banlieue lyonnaise. Preuve de sa passion : Camille a même décidé de prendre sous son aile un jeune arbitre qu’elle supervise depuis deux semaines maintenant, un filleul qui fait ses débuts dans l’arbitrage.

À l’IAE, elle n’est pas seule. Mathieu, en M2 finance, est lui aussi arbitre. Pour autant, évoluant à même niveau, les deux étudiants n’ont jamais pu arbitrer ensemble. À Grenoble, Camille a même vécu des arbitrages difficiles, devant parfois gérer, seule, 22 acteurs : « c’est très compliqué d’arbitrer seule, c’est la première fois que je vivais ça ». L’arbitre n’a, cependant, jamais vécu d’expérience véritablement traumatisante dans un monde, pourtant, qui sent fort la testostérone. Même si elle confie « ne pas se sentir forcément très bien le soir, après certains matchs », Camille prend toujours autant de plaisir à exercer. L’Excellence ne lui suffit d’ailleurs même plus et la Bretonne se prépare à passer ses diplômes pour arbitrer en Ligue d’ici un à deux ans. Elle doit d’abord présenter la partie théorique, première partie avant la pratique où elle sera jugée par des observateurs. Elle ne s’arrête d’ailleurs pratiquement jamais : « L’été, même quand il n’y a pas de matchs officiels, il y a quand même des matchs amicaux ».

camille le blanc 3Au second semestre, elle devra faire sans le football universitaire qu’elle doit abandonner de force à cause de ses cours. Des cours qui doivent la mener à un véritable métier, car pour le moment, l’étudiante grenobloise ne peut pas en vivre et doute de pouvoir le faire : « L’arbitrage, c’est une passion même si on touche de petites rémunérations ». La Bretonne envisage de passer les concours pour devenir lieutenant pénitencier. Un métier à l’image de son statut d’arbitre. Loin d’être facile. « Il faut avoir beaucoup de caractère et savoir se faire respecter » souffle-t-elle.