Changement(s) et continuité à la tête de l’Office Municipal des Sports de Grenoble
Après deux mandats à la tête de l’OMS de Grenoble, Roger Barbéry a décidé de passer la main. C’est l’ancien vice-président de la structure Pierre Arnaud qui lui a succédé il y a quelques jours (crédit photo : OMS). Nous avons rencontré les deux hommes. Interview.
Est ce que l’OMS est entre de bonnes mains Roger ?
RB. : « Je pense qu’elle est entre de très bonne mains. Pierre est déjà une personne qui connaît très bien l’OMS parce qu’il en a été le vice-président ; il connaît bien le sport par ses activités professionnelles et extra-professionnelles, étant encore entraîneur au sein de l’EAG. »
Pierre, est-ce que l’on devient président par volonté et envie ou le poste t’es un petit peu « tombé dessus » de par tes fonctions précédentes et le départ de Roger ?
P.A. : « Je pense qu’on ne devient jamais président par obligation, ou alors c’est dramatique. On devient président par volonté. Mon histoire avec l’OMS commence en 2002 d’abord comme membre puis vice-président et aujourd’hui président. L’idée c’est de prendre une présidence d’abord pour continuer ce qui a été fait, il y a du solide, et puis pour continuer à développer. Il y a un nouveau contexte et on peut aller un petit peu plus loin pour les clubs et pour les sportifs. »
Considères-tu Pierre que cette succession est « facile », après ces 8 ans de présidence de Roger, c’est bien cela ?
R.B : « J’ai fait effectivement deux mandats comme président, depuis 2011, avec en amont des mandants en tant que vice-président et en tant que secrétaire général.
P.A. Cela fait même 32 ans que Roger est au Comité Directeur de l’OMS, bien avant la réactivation de ce dernier en 2002.
R.B : J’ai été effectivement le représentant du judo pendant de nombreuses années au sein de l’OMS. Sachant qu’il va fêter ses 60 ans cette année au mois de mai.
P.A. : Pour répondre à ta question pour moi on ne peut jamais parler de succession facile ou difficile. Elle est facile parce que quand le boulot a été bien fait, on peut s’appuyer dessus mais difficile parce qu’il faut s’en montrer digne.
Après sur le regard sur la présidence de Roger je la qualifierais de deux mots : travail et rigueur. Quand il prend la présidence, il prend le boulot qui va avec, ce qui n’est pas toujours le cas, certains la prennent plus pour le titre que pour ce qu’il y a à faire. Et puis il a apporté sa rigueur dans ce travail. Cette capacité à travailler, cette capacité à rencontrer les clubs c’est le gros plus qu’à apporter Roger ces dernières années. Cela a contribué à ce que l’OMS soit connu et reconnu. »
Roger parvenais-tu à quantifier combien de temps pouvait te prendre en moyenne ton travail pour l’OMS ?
R.B. : « C’est pas facile à dire. J’avais une permanence d’une journée dans la semaine plus du travail fait chez moi, plus toutes les réunions qu’il pouvait y avoir. J’ai jamais bien calculé. Mon épouse disait que c’était largement un mi-temps, c’est possible.
P.A. : Je pense qu’une présidence, ayant été président du GUC puis de l’Entente Athlétique Grenoble, je ne sais pas si on peut la quantifier mais c’est surtout une préoccupation constante. Quand on devient président on est un chef d’orchestre et on est au carrefour de tout. On sait tout, on coordonne tout. Ce qui ne veut pas dire qu’on fait tout tout seul, ce qui serait dramatique. Mais même la nuit tu y penses, tu dis qu’il y a ça, il y a ça, il y a ça… »
Pierre tu mentionnais tes fonctions à la tête du GUC et de l’EAG. Quand on devient président d’un club, il y a souvent un aspect affectif dans le choix. Qu’est ce qui motive à devenir président d’une structure comme l’OMS qui regroupe autant de structures différentes avec lesquelles il n’y a pas autant d’attaches ?
P.A. : « Je dirais que je l’ai faite en plusieurs cette présidence. J’ai commencé par être président d’un club, le GUC avec déjà en tête l’objectif de l’Entente Athlétique Grenoble. C’était clair dès le début. Donc j’ai déjà géré jusqu’à 10 clubs en même temps. Cette volonté de mettre en synergie, de mutualiser… a toujours été une de mes préoccupations. Aujourd’hui passer au niveau de l’OMS, avec 120 clubs, ce n’est jamais qu’une continuité. L’idée reste de comment on va réussir à faire à plusieurs ce qu’on ne peut plus faire tout seul. C’est une philosophie, un principe de vie. Après la question est de comment mettre en musique tout cela.
R.B. Je rebondis sur ce que vient de dire Pierre puisque j’ai eu un peu le même parcours : président d’un club de judo sur le quartier de la Villeneuve, on a ensuite fait un regroupement de plusieurs clubs de judo grenoblois dont je suis resté président pendant 10 ans et ensuite il y a eu le passage à l’OMS. Il y a finalement dans nos parcours une certaine continuité. »
Au travers vos récentes manifestations (fête des Sports, Trophées de la Ville de Grenoble et de l’OMS…), l’entité « mouvement sportif grenoblois » semble gagner en consistance. Partagez-vous ce sentiment ?
R.B. : « C’est le résultat d’un travail. Quand on a redémarré en 2003 il n’y avait plus rien. Il a fallu ramer et aller taper aux portes, se déplacer, aller rencontrer les gens. Et le résultat il est là, comme tu as pu le constater toi-même lors des derniers Trophées.
P.A. : Le mouvement sportif a cette particularité d’être à la fois un monde universel et un monde de chapelles. Il n’y a rien qui est plus transversal que le sport mais c’est difficile de sortir de son club, de son histoire, de son réseau… Alors que paradoxalement si on regarde le sport à l’échelle de notre territoire, il ne s’arrête pas aux portes des communes. La question aujourd’hui est comment on peut s’organiser pour que chacun puisse faire du sport de proximité, en tout sécurité, si on est dans un bassin de vie qui s’appelle la Métropole – mais qui va même un peu au-delà. Sans oublier la partie sport de haut niveau qui ne pourra pas être de partout. »
On a parlé de la continuité mais le nouveau bureau élu comporte aussi son lot de petits nouveaux, c’était une volonté forte ?
P. A. : « Quand on a discuté avec Roger de sa succession, quand il m’a annoncé qu’il ne se représenterait, moi je ne voulais pas y aller pour un titre mais sur la base d’un projet et avec une équipe. Le projet s’appuyer sur l’existant, le rôle d’interface, le rôle d’espace ressources pour les clubs et le rôle de promotion du sport. Simplement dans chacun des axes il y a des choses à développer. Et pour gérer cet existant et aller plus loin il faut des hommes et des femmes. Là où j’ai eu une grosse satisfaction c’est que l’ancien Comité Directeur s’est représenté au complet et puis j’avais sollicité quelques autres personnes. Pour prendre l’exemple de Jean Ponard, l’ancien président du Grenoble Métropole Cyclisme, par ailleurs médecin, et qui est très impliqué dans le milieu, il a accepté de prendre en charge toute la partie développement du sport santé parce que c’est sa raison de vivre, c’est sa compétence depuis de nombreuses années. J’ai demandé à Damien Chambon du NC Alp 38 de prendre en charge la question de développement du lien avec le scolaire. Le Comité Directeur est donc plus large et je souhaite qu’on partage mieux les tâches. »
Quels sont les grands chantiers qui se présentent face à l’OMS pour les prochains mois, les prochaines années ?
P.A. : « Sur les trois grands axes qui nous organisent je prendrais tout de suite le 3ème qui est la promotion du sport par toutes les organisations qu’on fait. Là dessus Roger a fait un gros travail, on a deux chargées de mission qui font un boulot exceptionnel. Entre Trophées des Sports, semaine Sport Santé, Forum, Téléthon, club du mois… C’est très bien. Les seuls projets qui seraient à mener mais qui sont ponctuels sont qu’on rentre dans une année 60 ans de l’OMS et élection municipal don il faut qu’on en profite pour travailler ces axes là. Mais je pense qu’on est bien.
Là où il y a vraiment à avancer c’est ce côté d’accompagnement des clubs, qu’on joue pleinement notre rôle d’espace ressources, notamment sur les aspects de sport santé et de sport féminin. C’est de belles intentions, tout le monde en parle, il y a plein de choses qui se font de partout mais on a de la peine à les faire savoir et au-delà des mots il faut savoir ce qu’on va faire pour que ça avance concrètement. Il y a d’autres exemples comme le sport pour les 3-6 ans par exemple ; les clubs n’ont pas forcément cette culture. Il y a de vraies dimensions à créer.
Et puis sur le plan plus politique il y a à travailler une dimension qui est la Métropole. La création d’un Office Métropolitain du Sport doit devenir une réalité. Il y a des compétences qui ont été votées au niveau de la Métro ; comment nous on fait désormais valoir notre point de vue et le point de vue du mouvement sportif ? Voilà les grandes directions vers lesquelles on doit aller. »
Roger, que conserveras-tu de tes 8 années de présidence ?
R.B. : « Ce que les clubs sportifs m’ont apporté au cours de leur rencontre. J’ai appris, beaucoup. En touchant toutes les activités et toutes les structures, peu importe leur taille, leur niveau, j’ai pu constater, j’ai pu apprendre. Tous ont quelque chose à transmettre, à donner. »
Les 10 membres du nouveau Comité Directeur de l’OMS :
- Pierre ARNAUD (Entente Athlétique Grenoble)
- Elsa FATET (Les Centaures)
- Roger BARBÉRY (Grenoble Gymnastique)
- Anne-Sophie MAURIN (La Sentinelle des Alpes)
- Damien CHAMBON (Nautic Club Alp’38)
- Marion MOUSSEAUX (les Yeti’s)
- Elisabeth DUCRET (Grenoble Boxe Française)
- Jean PONARD (Grenoble Métropole Cyclisme 38)
- Jacques DEPORTES (Grenoble Volley UC)
- Thierry ROUVIER (Les Diables Bleus)
Le portrait de Pierre Arnaud réalisé par l’OMS :
Professeur agrégé à l’Université Grenoble Alpes en STAPS, dans le domaine des institutions et politiques sportives, Pierre ARNAUD est père de 3 enfants et heureux grand-père de 5 petits-enfants. A 63 ans, et depuis peu à la retraite, il compte bien vivre pleinement joies familiales, hobbys personnels… et continuité dans l’engagement associatif.
Athlète, Entraineur, Dirigeant… une vie associative bien remplie
- Athlète au sein du GUC dans les années 70 et spécialiste du saut en hauteur, Pierre a été champion de France scolaire et 3 fois vice-champion de France universitaire (record à 2,10m) sous la houlette de son entraîneur de toujours Louis Laurin.
- Entraineur bénévole au sein de ce club dès 1979, il a formé quelques grands noms de l’athlétisme français et étranger (Magali Cartal, Anne Meyer, Jean-Patrick Thirion, Peter Blom, Djawad Benhassine), faisant du GUC le 1er club français en saut en hauteur dans les années 90. Il entraîne encore aujourd’hui, notamment la championne de France cadette et junior Juliette PEREZ.
- Président du GUC Athlétisme en 2002, il devient vice-président de la Ligue Rhône-Alpes d’Athlétisme et responsable des clubs élites au sein de la Fédération Française d’Athlétisme dans les années 2000. En 2005, il crée, avec Philippe Collet et Martial Auzeil, l’Entente Athlétique Grenoble 38 et en devient le 1er président.
EAG 38, Conseil de Développement, OMS Grenoble… une volonté de créer des synergies
- L’aventure de l’EA Grenoble 38 témoigne de cette volonté constante d’inventer et de réunir : comment faire à plusieurs ce que l’on ne peut plus faire tout seul est le socle de la création de l’EAG, afin de donner une lisibilité nationale à Grenoble tout en permettant à chacun de pratiquer l’athlétisme à proximité de chez lui.
- Membre puis vice-président du Conseil de Développement de la Métro, instance consultative auprès des élus, Pierre Arnaud a résolument travaillé la question sportive dans une perspective intercommunale : le sport ne s’arrêtant pas aux portes des communes, il est nécessaire d’en faire un instrument d’identité du territoire et de bien-être pour tous.
- Membre du Comité Directeur de l’OMS de Grenoble depuis 2002 et vice-président depuis 2011, la mutualisation est là encore le fondement de l’engagement de Pierre et constitue le cœur de son projet d’actions pour le mandat à venir.
« L’OMS ne sera que ce que nous en ferons collectivement… pas plus, pas moins… mais toujours au service des Grenoblois, afin de bien grandir, bien vivre et bien vieillir par le sport ».