Coupe de France : des clubs amateurs réagissent à la nouvelle formule
Depuis quelques semaines, nous connaissons le nouveau format de la Coupe de France. Afin de s’adapter au contexte sanitaire, la Fédération Française de Football a en effet décidé de créer deux voies distinctes. D’un côté les amateurs et de l’autre, les professionnels – qui entreront d’ailleurs en lice cette semaine. Nous avons interrogé plusieurs entraîneurs d’équipe de la première catégorie pour avoir leur ressenti sur cette nouvelle formule, très loin de faire l’unanimité.
Cette Coupe de France inédite faciliterait le parcours des amateurs ?
Cette nouvelle formule semble tout d’abord favoriser les petits clubs non professionnels. En effet, 17 places seront disponibles pour les clubs amateurs. Ce qui représente une aubaine pour ces derniers. La Coupe de France n’a jamais compté autant d’équipes amateurs en seizièmes de finale. L’entraîneur du FC Bourgoin-Jallieu, Jérémy Clément, est d’accord sur ce point. « Avec la modification nous avons plus de chances de passer puisqu’on ne rencontrera pas d’équipes de Ligue 1 ou Ligue 2. Là dessus, ça nous arrange et cela nous permettra, j’espère, d’attendre notre objectif de 8eme tour de Coupe de France. »
Néanmoins, ce retardement n’est pas vu d’un bon œil de partout, car si des formations de niveau national voit l’avantage de ne pas croiserla route de pro’ trop vite, c’est moins le cas pour les équipes de Ligue (ou de district) toujours en lice qui ne rêvent elles que d’une affiche contre une L2 ou une L1 qui paraît aujourd’hui inabordable. « L’Olympique Salaise/Rhodia n’avait pas d’objectif particulier en Coupe de France. Le but était d’aller le plus loin possible, cependant, nous avions l’ambition de rencontrer un club pro. Cette nouvelle formule rend cette possibilité beaucoup plus compliquée, nous sommes assez déçus. », explique ainsi Mehdi Benlahrache
Amer huis-clos
Cette coupe est réputée pour son mixte entre professionnels et amateurs. Chaque année, des petites équipes réalisent des exploits et battent des clubs de catégorie supérieure. Ces rencontres, à l’image de David contre Goliath, procurent un engouement populaire et de vives émotions. Alors oui, en théorie, professionnels et amateurs peuvent encore se rencontrer. Néanmoins, cette probabilité est repoussée plus loin dans la compétition. Cette idée laisse un arrière-goût amer à la Coupe de France. De surcroît, même si ces affiches avaient lieu, il est clair qu’elles n’auraient pas eu la même saveur avec le contexte sanitaire. Jérémy Clément nous le fait bien remarquer. « L’envie d’aller le plus loin en Coupe de France se traduit par la volonté de rencontrer une grosse équipe et de proposer une affiche. Mais avec les conditions que nous connaissons, nous aurions été obligé de jouer à huis-clos. Sans le public, ces confrontations perdent tout leur sens. »
L’épreuve a-t-elle encore un sens ?
Alors que la situation sanitaire ne connaît pas réellement d’amélioration et que l’on commence à envisager une saison blanche pour le sport amateur, faut-il continuer la Coupe de France ?
Maintenir la Coupe de France semble important car cette compétition est un symbole dans le football Français. Or, ce maintien, presque forcé, bafoue l’identité de la compétition. Cette nouvelle formule semble renier tous ses principes en catégorisant les professionnels et le amateurs. Mathieu Cianci, le coach de Seyssinet souligne cela. « On n’envisage pas le prochain tour, la coupe de France est terminée. À partir du moment où les choses ont été reformulées avec un côté amateur et un côté pro, cela semble clair qu’il y a une voie où ont pourra avancer et l’autre non. Il y a des incohérences, comme les équipes de Nationales 1 qui peuvent s’entraîner et jouer, sachant qu’on pourrait potentiellement rencontrer ces clubs qui sont sur-préparés par apport à nous. Cette coupe, c’est un mélange entre pros et amateurs, soit on continue tous, soit on s’arrête tous. Alors que là on risque de fermer la deuxième catégorie. C’est comme si on fermait les restaurants une et deux étoiles alors que les trois et quatre pouvaient continuer. Ça pose des questions sur le football amateur, notamment avec un traitement différent par apport au monde professionnel. Il y avait déjà une fracture et elle est en train de s’agrandir. La Coupe de France est un symbole, il y aurait peut-être fallu l’arrêter et faire mal à tout le monde. En prenant de mauvaises décisions on risque de dégoutter beaucoup de monde dans ce sport. »
À l’image des réactions recueillies, cette nouvelle formule est loin de faire l’unanimité au sein des clubs isérois. Les décisions prises par le Gouvernement montrent que les instances publiques tâtonnent dans cette période inédite. C’est le cas également de la FFF. En effet, le format imaginé semble loin d’être parfait, notamment, avec une formule qui bouleverse la caractéristique historique de la Coupe de France, le mélange amateurs-professionnels.
Germain Dye