Espoirs, Pro D2… à la rencontre de Romain Trouilloud, ouvreur au FCG
Le FC Grenoble Rugby connaît un début de saison poussif. Malgré un budget important et surtout après une saison dernière très réussie avant l’arrêt des compétitions, on pouvait s’attendre à mieux. A l’image de la défaite à Colomiers ce jeudi Grenoble n’est souvent pas loin, mais Grenoble peine. Malgré tout le club isérois peut croire en des jours meilleurs. Afin de remonter au classement le FCG continue de compter en partie sur sa formation. Gervais Cordin, Kilian Geraci, Ali Oz pour ne citer que les derniers appelés dans le groupe France… Grenoble a toujours su s’appuyer sur un centre de formation performant, notamment dans les périodes plus compliquées de son histoire. Pour parler de cet élément fort de l’ADN FCG, nous avons interrogé Romain Trouilloud, qui fourbit ses armes avec les Espoirs grenoblois et qui a connu quelques minutes en Pro D2 cette saison.
À la différence de l’équipe première, les Espoirs réalisent un départ canon. Deuxième de leur poule avec 18 points, l’équipe reste sur 4 matchs sans défaite. Déjà performant l’année précédente, ils récidivent cette saison avec de bons résultats contre de grosses équipes de leur championnat.
«Avec les Espoirs on fait effectivement un bon début de saison », convient Romain Trouilloud. « Nous sommes performants dans pas mal de compartiments du jeu. Je pense que l’on a livré deux très belles prestations sur les derniers matchs. Le LOU et Brive sont de très belles équipes et on a réussi à s’imposer chez elles. Selon moi, cela s’explique par une très bonne entente dans l’équipe. Par exemple, contre Brive on fait beaucoup de fautes et on se retrouve à 14 en seconde période, mais on réussit à s’imposer quand même à gagner grâce à un esprit collectif déterminé. On est solidaire et on se bat pour nos coéquipiers. Le seul regret que j’ai c’est le match perdu contre Perpignan (la seule défaite de la saison). Là encore on manque de discipline, mais cette fois cela nous coûte la victoire, c’est dommage. Cette année je pense que l’on a les capacités de faire quelque chose de bien. »
Le résultat mais aussi la manière. Les Espoirs, portés par une conquête exceptionnelle, n’hésitent pas à envoyer du jeu en ce début de saison, là où l’équipe fanion est sur courant un peu plus alternatif, avec un jeu plus restrictif mis en place lors de certains matchs malgré des éléments qui ont des cannes (et qui le montrent) derrière.
« C’est vrai qu’en Espoirs on aime jouer au ballon. », confirme le demi d’ouverture. « On a la volonté de créer du jeu afin de prendre du plaisir. Néanmoins, les nouvelles règles n’encouragent pas la relance depuis notre camp. C’est pour cela que nous sommes également obligés d’utiliser le jeu au pied. Je pense que pour l’équipe première les enjeux ne sont pas les mêmes que pour les Espoirs. Il y a une réelle attente de résultat, donc, prendre des risques dans ses 22 mètres peut s’avérer très dangereux car on peut être sanctionné. Ce sont généralement des pénalités faciles et donc des points donnés. Tout cela mis bout à bout, on préfère utiliser le pied pour éviter cette sanction. »
Ce qui est intéressant au FCG c’est que les passerelles entre l’équipe professionnelle et celles des Espoirs existent et qu’elles suivent les mêmes lignes directrices.
« Les deux groupes utilisent le même système de jeu. Cela permet de faciliter l’adaptation pour les joueurs qui font les navettes entre les deux. Néanmoins, chaque coach laisse sa trace sur son équipe, il la personnalise. »
Le FCG est également un club qui fait confiance à ses jeunes, la politique est de former de bons joueurs et de leur faire une place au sein de l’équipe première. Cette intégration se fait petit à petit comme nous l’explique Romain, qui est un cas intéressant car il a été aligné sur quelques feuilles de Pro D2 depuis le début de la saison.
« J’ai eu le plaisir de goûter à la ProD2 et c’est vrai que c’est un peu un rêve de gosse qui se réalise. Tu prends conscience que tu es en ProD2 avec le public (un peu moins cette saison malheureusement, ndlr). Il y a beaucoup plus de bruit et ça met la pression. Avant de rentrer je me sentais vraiment bizarre, après, sur le terrain on oublie vite et on se concentre sur le match. Par contre c’est frustrant car le temps de jeu est très limité pour l’instant. Mais bon, c’est normal c’est l’apprentissage. »
Ces contacts avec le groupe professionnel permettent aux jeunes de progresser. Ils découvrent le haut niveau tout en pouvant continuer d’avoir du temps de jeu avec les Espoirs.
« C’est sûr, tu ne peux que progresser quand tu joues avec des personnes qui connaissent le rugby professionnel. C’est autre chose niveau intensité par exemple. Lors des séances d’entraînement avec l’équipe première j’essaie d’écouter tous les conseils que l’on me donne. C’est très intéressant dans ta formation. »
Le FCG l’a compris depuis longtemps. Sa réussite passe dans la formation ses jeunes. Et c’est le cas également du XV de France qui fait plaisir en ce moment. En effet, porter par une jeunesse virevoltante, la sélection nationale retrouve son jeu d’antan et son French Flair.
« Le sélectionneur fait confiance à de jeunes joueurs et cela fonctionne puisque les résultats sont là. Ce n’est pas étonnant vu la qualité de notre championnat. Par contre j’ai été agréablement surpris par la vitesse de résurrection du XV de France, cela a été très rapide, et ça fait vraiment plaisir de voir des jeunes joueurs à ce niveau. Je pense que maintenant cette équipe fait peur. »
Des joueurs formés au FCG on été sélectionnés en équipe de France A comme récemment Kilian Geraci. De surcroît, des joueurs du club grenoblois sont régulièrement appelés à participer aux rassemblements des sélections jeunes de l’équipe de France.
« Cela prouve la qualité de la formation. Me concernant, ce n’est pas un objectif pour l’instant, d’autant plus que je n’ai jamais été appelé en jeune. Je me concentre sur mon travail afin de signer mon premier contrat professionnel avec Grenoble. »
Portait de Romain Trouilloud, premier centre de l’équipe espoir du FCG
Romain commence le rugby dans le club de son village natal dénommé la BIBS. Il a alors 4 ans et il y restera plus de dix saisons. Il signe ensuite avec Bourgoin-Jallieu où il jouera trois années sous les couleurs du CSBJ. Malheureusement le rugbyman se blesse aux ligaments croisés lors d’un rassemblement Interpole auquel il avait été convié. Entre opérations, rééducation et réathlétisation, neuf mois s’écoulent pour retrouver les terrains. Romain fait preuve de mental car il revient à son niveau et signe l’année suivante au FCG. Il suit alors les pas de son père, Stéphane Trouilloud, également joueurs de Grenoble dans les années 1990. L’année suivante, il est promu capitaine de l’équipe espoir. D’abord surpris, il prend ensuite son nouveau rôle à cœur et se montre exemplaire sur le terrain comme en dehors. Cette saison, Romain Trouilloud est pris 4 fois avec le groupe professionnel. Il fait notamment deux apparitions en ProD2 avec le maillot rouge et bleu.
Crédit photo : FC Grenoble
Germain Dye