Fabien Alexandre (FC Grenoble) : « Les jeunes sont assez faciles à gérer. Ils ont l’instinct. Ils poussent les plus vieux à continuer de progresser »

Fabien Alexandre (FC Grenoble) : « Les jeunes sont assez faciles à gérer. Ils ont l’instinct. Ils poussent les plus vieux à continuer de progresser »

À 32 ans, Fabien Alexandre enchaîne sa 8ème saison avec Grenoble. Revenu dans sa région de naissance au cours de la saison 2010-2011, le natif d’Echirolles juge le début de saison du FCG « très positif » et loue l’investissement des nombreux jeunes intégrés à l’effectif cette saison. Après un début de carrière freiné notamment par les blessures, il enchaîne les saisons pleines depuis son retour « au bercail ». Celui qui faisait partie du groupe français -21 ans champion du monde en 2006 se dit aujourd’hui « heureux » à Grenoble et en pleine « force de l’âge ».




Comment tu juges le début de saison du FCG ?

Il est forcément positif. On est invaincu à domicile, on a gagné deux fois à l’extérieur. Et quand on a perdu à l’extérieur, c’était de peu. C’est très encourageant. En plus comptablement (27 points, à égalité avec Montauban), l’équipe est bien. Donc dans l’ensemble, oui, très positif.

Grenoble est performant en attaque (5ème attaque du championnat). Mais l’équipe a du mal à prendre des bonus offensifs (un seul depuis le début de la saison), comment tu expliques ça ?

On n’est pas assez régulier. On a encore du mal à tuer les matches. Sur le jeu, on doit progresser dans la rapidité des transmissions, essayer de se trouver plus vite. Mais ça va venir, il y a beaucoup de nouveaux joueurs par rapport à la saison dernière. Mais l’essentiel, c’est d’être dans la course à la montée en fin de saison. Et prendre les points décisifs, au bon moment.

« De nombreux jeunes préfèrent aller en Pro D2 pour être sûr de jouer, au lieu de rester à la salle de musculation »

Est-ce que le groupe se sent comme le favori de cette Pro D2 ?

Forcement on est favori. On descend de Top 14 et l’ambition affichée par le club, c’est remonter dès cette année. Pour le moment, on est bien placé mais être premier pour le moment, ça ne sert pas à grand-chose. On a tout à construire avec le groupe pour arriver en fin de saison avec l’objectif accompli.

Beaucoup de jeunes ont été intégrés cette année ? Comment en tant que cadre de l’équipe tu penses qu’il faut les gérer. Notamment physiquement ?

Comment on gère les jeunes ? c’est assez facile parce qu’ils ont envie de croquer, en terme d’envie, d’enthousiasme, ils sont irréprochables. Nous (les plus expérimentés), on va surtout les aider à progresser techniquement : sur du placement, comment mieux exploiter les ballons. Mais tout est facilité, parce qu’ils ont l’instinct. Il n’y a pas forcément à expliquer tout le temps. Et puis un autre aspect positif du fait d’avoir plus de jeunes dans le groupe, c’est qu’ils nous poussent, nous les anciens, à continuer à être performants.

Comment tu juges le niveau de la Pro D2, toi qui as déjà fréquenté ce niveau ?

Par rapport à ce que j’ai pu connaître, c’est très homogène. En ce début de saison, on est quatre équipes à se tirer la bourre. Il n’y a pas d’équipe clairement au-dessus des autres. Presque toutes les formations qui perdent à domicile vont chercher les points à l’extérieur. Et puis même les mal-classés peuvent vous embêter. Quand on a reçu Narbonne (le 6 octobre), le match a été difficile contrairement au score du match (victoire 31-9). Il n’y a aucun match facile. On aborde donc tous les matches avec la plus grande humilité.

La Pro D2 est souvent qualifiée comme « l’anti chambre » de la formation française. Les jeunes n’ont pas leur place en Top 14 parce que les clubs recrutent beaucoup de joueurs confirmés. Tu en penses quoi ?

Oui, la concurrence est rude. Mais il y a des jeunes qui jouent en Top 14. Mais oui, c’est sûr que ce sont les meilleurs. Après, de nombreux jeunes préfèrent aller en Pro D2 pour être sûr de jouer, au lieu de rester à la salle de musculation. Ça se comprend. Ce n’est pas facile de gérer la concurrence quand on est jeune. Ça dépend aussi des caractères.

À Grenoble, on a la chance d’avoir beaucoup de jeunes cette année capables de jouer en équipe première où ils ont leur place. D’autant plus que tous les joueurs au club comptent sur eux. Alors ils en profitent et ils ont raison.

« La saison dernière a été compliquée à gérer. Cette été, le club s’est simplement dit qu’il fallait vite rebondir et vite reconstruire »

Et toi à 32 ans ? Avec l’âge, comment tu te gères ?

Et bien mon jeu ne change pas. Je sais quand il faut accélérer et ralentir. Avec l’expérience, on est moins « foufou ». Mais en même temps, j’ai 32 ans. Je suis dans la force de l’âge, en pleine possession de mes moyens physiques. Aujourd’hui je me sens bien, je me blesse beaucoup moins souvent qu’à une époque.

Tu penses continuer jusqu’à quand ?

J’ai signé avec Grenoble jusqu’en 2020, donc au moins deux ans de plus (rires). Tant que j’ai l’envie, je continue. Mais forcément, à un moment donné, la question va se poser. Le fameux moment où il faudra fermer la porte et dire au revoir va arriver. À ce moment, il faudra dire stop.

Tu te blessais souvent avant ton retour à Grenoble, comment tu expliques ne manquer presque aucun match depuis ton retour en Isère ?

fab alexandre photoagOui, j’ai eu beaucoup de blessures (surtout pied, épaule). Des faits dans ma vie ont fait que j’ai été freiné à un moment donné dans ma carrière. C’est parfois difficile à encaisser parce que tu ne cesses de monter et tout d’un coup, les blessures gênent ta progression. Mais il y a aussi peut-être une dimension mentale. Quand tu ne joues pas à cause de ton corps, que tu es loin de chez toi, de ta famille, le mental fait que tu es plus sujet aux blessures.

Et effectivement, depuis que je suis revenu à Grenoble, j’enchaîne les saisons pleines. Déjà parce que je sais gérer mon corps je pense, savoir quand il faut forcer et ralentir. Et puis oui, je me suis rapproché de ma famille, ça joue énormément sur le mental. En tout cas pour ma part. Tout ça, ce sont les faits d’une carrière, c’est du passé maintenant. Je suis heureux à Grenoble aujourd’hui et ça me va.

Après avoir joué à Clermont, Biarritz et des sélections régulières en équipe de France espoirs, tu as hésité à revenir à Grenoble. Est-ce que tu t’es dit que tu revenais en arrière à 26 ans ?

Forcément oui, c’était un retour en arrière oui. Jusqu’à Biarritz, je n’arrêtais pas de monter. À Clermont, j’ai été freiné par la concurrence, il fallait être patient. Après, je me suis blessé donc, ça a compliqué encore plus les choses. Mais au final, ça a été la meilleure décision à prendre.

Comment s’est passé l’intersaison ? Après une saison compliquée aussi bien sur le plan sportif qu’en dehors…Y’a-t-il eu des réunions entre joueurs, avec la direction ?

Non, pas de réunion. La saison dernière a été compliquée à gérer, forcément. Cette été, le club s’est simplement dit qu’il fallait vite rebondir et vite reconstruire. Moi personnellement, je connaissais ma situation contractuelle. Mais l’effectif a été chamboulé. Il y a eu des départs liés à la descente. Donc beaucoup de nouvelles têtes. Mais jouer avec des nouveaux joueurs, ça génère aussi de l’enthousiasme. En tout cas, le chapitre de la saison dernière est refermé. Le club en a tiré les conséquences.

En cas de montée, le club continuera de miser sur les jeunes ou recrutera des joueurs confirmés ?

Franchement, je n’en ai aucune idée. Si on a la chance de monter, le club devra forcément recruter, notamment des joueurs confirmés, pour tenir toute la saison. Le Top 14 est très exigeant. Mais c’est aussi une force d’avoir beaucoup de jeunes dans son effectif. Donc franchement je ne sais pas. C’est la direction du club qui en décidera.

Tu as prévu quoi comme reconversion après ta carrière ?

Oui, j’ai ma petite idée. Mais pour l’instant, les projets ne sont pas encore définis. J’y penserai au moment voulu…j’espère le plus tard possible !