FC Grenoble/GF38. Stade des Alpes : un avenir en question

FC Grenoble/GF38. Stade des Alpes : un avenir en question

Quelques jours après le communiqué officiel du GF38, le président du FC Grenoble, Patrick Goffi, a tenu une conférence de presse ce mercredi pour à son tour évoquer la problématique de la gestion du Stade des Alpes et son avenir incertain et pour rappeler que les deux clubs font front commun sur le sujet.

En préambule de sa conférence de presse, le dirigeant grenoblois a expliqué sa démarche : une volonté « d’abreuver » d’informations « précises, juridiquement vraies » sur un dossier « important pour les clubs qui utilisent le Stade des Alpes » qui va forcément nourrir les débats au cours des prochains mois : le devenir de la gestion de l’enceinte alpine puisque le modèle de cogestion par les deux clubs depuis 2020 n’est aujourd’hui pas économiquement viable et que FCG et GF38 ont conjointement dénoncé la convention qui les liait à la Métro en décembre dernier avec pour conséquence un nouvel appel à candidature concernant l’exploitation du SDA à partir du 1er juillet prochain.

Pas d’eau dans le GAS mais de grosses difficultés financières

Grenoble Alpes Sports (GAS) est la structure créée en 2020, présidée par Stéphane Rosnoblet, le président du club de Ligue 2, qui regroupe GF38 et FC Grenoble et qui est chargée de l’exploitation du Stade des Alpes. Comme ses homologues du football l’avaient fait quelques jours auparavant via communiqué, Patrick Goffi a déjà rappelé que les deux entités sportives s’entendaient parfaitement et étaient sur la même longueur d’ondes sur cette question de la gestion du SDA. « On a une vision commune des choses et des actions ».

C’est sur le plan financier que le bât blesse. Depuis plusieurs années selon Patrick Goffi. « GAS est une société qui perd de l’argent d’année en année. Des alertes ont été données par mes prédécesseurs, il y a plus déjà de 3 ans, et les choses se sont accélérées ». GAS, qui s’est mis en cessation de paiement, serait ainsi en déficit de « 300 à 350 000€ » chaque année avec une perte cumulée de l’ordre d’un million.

Les clubs veulent plus de souplesse dans l’exploitation du SDA et une diminution des loyers

Patrick Goffi, qui dit disposer de « toutes les armes juridiques nécessaires », reproche déjà le non-respect de certains engagements dans la convention liant la Métro aux deux clubs. « Ce qui engendre des manques financiers qui portent au déséquilibre de son résultat », regrette le président du FCG. Et de préciser. « La société GAS avait la possibilité de faire un naming du stade. On sait que ce genre d’opération rapporte en moyenne 500 000€. La Métro a finalement interdit de le faire donc un produit de potentiellement 500 000€ n’a pas pu être mis en place. »

Patrick Goffi va même plus loin dans son raisonnement. « Ce naming, aujourd’hui on peut même dire qu’il est fait puisque le stade s’appelle « Stade des Alpes Grenoble-Alpes-Métropole », donc c’est à la Métro de régler ce naming qu’elle utilise gracieusement. »

Le dirigeant grenoblois regrette aussi la disparition de la Bodega, dans laquelle le FCG avait investi plus d’un million d’euros et qui permettait de faire « un gros chiffre d’affaires, de recevoir notre public et nos partenaires » ou encore l’impossibilité de vendre des espaces publicitaires sur certains espaces. Des « dysfonctionnements », des « contraintes », selon les mots employés par le dirigeant, qui réduisent les recettes supplémentaires que pourrait espérer GAS et qui explique, en partie, pour le dirigeant, les difficultés financières actuelles.

Parallèlement à cette volonté de bénéficier de davantage de souplesse dans l’exploitation du Stade des Alpes, Patrick Goffi a indiqué que les clubs souhaitaient aussi que soit revu le montant des loyers reversés à la collectivité locale. « On ne veut plus payer les montants des loyers que l’on honore aujourd’hui. Je vais être précis sur les chiffes du FCG qui paie aujourd’hui la location du stade 5 fois plus cher que n’importe quelle équipe de Pro D2, voir de Top 14. Ces éléments ont été prouvés via un document de la Ligue (la LNR, Ligue Nationale de Rugby, ndlr). L’an passé, la location nous a coûté 400 000€. Et il faut rajouter tous les frais de sécurité lors des matchs ainsi que les frais engendrés par le changement d’habillage entre les matchs de foot et ceux de rugby. Et la Métro nous dit que si on passe en régie ou en DSP et qu’on ne reprend pas la société d’exploitation, on nous augmentera encore le coût du stade pour les clubs. On est aux prémices de discussions houleuses si les parties devaient persister dans ce sens-là. De notre côté, les deux clubs ont demandé à ce que les loyers soient divisés par deux par rapport à ce qu’on paie aujourd’hui. En cas d’accession à un niveau supérieur, on serait prêt à augmenter la participation à la location du stade puisque l’on accueillerait davantage de public et qu’on génèrerait donc plus de recettes.  »

Aujourd’hui, les deux clubs, qui ont répondu à l’appel d’offre lancé par La Métro, sont donc dans l’attente. « On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir. Je vois mal les 20 000 Grenoblois qui viennent aux manifestations accepter une situation de ce style-là. Donc j’appelle tout le monde à revenir à la raison et j’espère qu’une solution sera vite trouvée. Ce qui est certain c’est que si on doit continuer sur une exploitation du modèle GAS, qui peut être un très bon modèle, ce sera dans des conditions différentes, avec une convention différente »

Une pression mise sur la Métro, en laissant planer un léger doute sur la réaction en cas de nouveau gestionnaire qui arrive par exemple, qui ne peut toutefois pas faire oublier que GF38 et FCG sont eux-mêmes « coincés », sans véritable option de repli. « C’est vrai, c’est pour ça que c’est une négociation qui traîne, où chacun expose ses arguments. Moi je peux vous dire que j’ai fait préparer des éléments juridiques puisqu’aujourd’hui il y a une faute manifeste de la Métro dans la non application de la convention. Si  les engagements étaient respectés, GAS serait à l’équilibre. Mais c’est vrai qu’on peut dire qu’aujourd’hui on est un couple qui ne peut pas divorcer, donc il faut trouver des solutions, en bonne intelligence. »

C’est quoi la suite ?

Suite à la dénonciation de la convention par les deux clubs en décembre dernier, la Métro a donc lancé un appel à candidature concernant l’exploitation de l’enceinte alpine à partir du 1er juillet prochain. Appel auquel ont répondu conjointement GF38 et FCG, « sous réserve d’un cadre juridique et financier acceptable » a résumé le club de football dans son communiqué.

A l’issue du dernier conseil métropolitain, le président Christophe Ferrari a lui affiché sa volonté de voir perdurer cette exploitation de l’équipement par les deux clubs. Mais quelles sont les autres options qui existent ?

Après l’expérience Sogestal, il était peu probable qu’une nouvelle Délégation de Service Pubic (DSP) soit à nouveau envisagée, d’autant que la mise en place de ce modèle est plus long.

Reste donc deux options :

  • L’Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT), dont la durée est de 5 ans, qui peut être contractée avec les deux clubs (option privilégiée par FCG et GF38 qui ont fait candidature commune) soit directement avec l’un des deux, le second devenant en quelque sorte un sous-locataire.
  • Une gestion en régie par les services de la Métro si l’option précédente n’aboutissait pas avec une convention signée avec chacun des deux clubs pour la tenue de leurs matchs. C’est là que « plane » la possibilité d’une augmentation des loyers.