Football – CFA : Grenoble / Strasbourg: destins croisés
Brutalement replongés dans l’amateurisme la saison passée, le Racing Club de Strasbourg Alsace et le Grenoble Foot 38 ont entamé leur remontée en accédant cette saison en CFA, où ils évoluent d’ailleurs dans la même poule. Retour sur l’an I de deux clubs qui, après avoir partagé le même funeste destin, aspirent désormais à se reconstruire sur bases saines et solides.
D’un point de vue historique, Grenoble et Strasbourg n’ont pas grand chose en commun. Avec ses 2016 matchs joués en élite depuis 1932, le club alsacien trône parmi les « Monuments » du football français, très loin devant Grenoble et ses 152 rencontres de D1/L1. Niveau palmarès, pas photo non plus : 1 titre de champion de France et 5 Coupes (France & Ligue) d’un côté, 2 titres de champion de France de D2 et 1 de National de l’autre.
Pourtant, ces dernières saisons, les deux entités ont partagé le même destin tragique. Une brutale et vertigineuse descente aux enfers. Un parallélisme troublant jusqu’à ses petits détails. Pour sa dernière saison en Ligue 1, en 2007-2008, le RCS enchaîne 11 défaites en fin d’exercice qui le condamne à la relégation. Pour sa deuxième saison parmi l’élite, en 2009-2010, le GF38 débute par 11 défaites dont il ne se relèvera jamais.
La suite : une chute rapide. Grenoble ne parvient pas à sauver sa place en Ligue 2 en 2011. Ce sera plus pernicieux pour les Alsaciens avec une montée en L1 manquée lors de la dernière journée en 2009, un maintien en L2 raté lors de la dernière journée en 2010 et une montée en Ligue 2 perdue lors de la dernière journée en 2011 !
Le coup de grâce et l’adieu au professionnalisme interviennent alors en même temps pour les deux clubs. Pour faire bref, le GF38, après dépôt de bilan, est relégué en CFA2. Même punition côté RCS placé en liquidation après avoir déjà été relégué administrativement en CFA. Le règlement sportif prévoyant une relégation supplémentaire en fin de saison en cas de liquidation, Strasbourg demande volontairement sa rétrogradation immédiate en CFA2 pour partir sur une meilleure dynamique.
Voilà les deux déchus en cinquième division français (dans des poules différentes). Leur renaissance peut alors débuter.
Deux hommes, une même passion
Difficile de parler des reconstructions grenobloise et strasbourgeoise sans évoquer le rôle joué par les entraîneurs des deux équipes. Deux vrais « bâtisseur », perte du statut professionnel ayant entrainé une fuite des joueurs, aux profils identiques.
François Keller en Alsace, Olivier Saragaglia dans la capitale des Alpes. Hommes du cru, anciens joueurs puis entraîneurs pendant plusieurs saisons de l’équipe réserve de leur club respectif.
La première tâche des deux techniciens : composer un effectif en un temps record en partant de quasiment rien. A Grenoble, on fait appel avant tout à des joueurs connaissant la maison et à l’état d’esprit irréprochable. Plus que de répondre à un besoin identitaire, Saragaglia y voit le côté pratique : « il y a moins de mauvaise surprise avec un joueur dont on connait l’état d’esprit et qui connait de son côté le contexte du club. Exemple parfait de ce profil de joueur côté GF38 : Aïssa Yahia-Bey, Héros de la Coupe de France avec Chambéry l’année précédente. Considéré comme le meilleur joueur amateur isérois et passé par de nombreux clubs de l’agglomération, il n’a pourtant jamais porté le maillot du GF38. Il finira la saison meilleur buteur de l’équipe.
A Strasbourg, Français Keller a dû « apprendre vite le métier et rapidement convaincre des joueurs. On a même du faire repousser la 1ere journée. Quelques jeunes sont restés, le reste ce fut des joueurs au chômage séduit par le projet ».
La recette fonctionne : les deux formations font la course en tête dans leur poule, malgré des périodes plus difficile à gérer. Grenoble doit par exemple faire évoluer ses deux jeunes gardiens remplaçants au poste d’attaquant lors de la 1ère journée ! L’accession à l’étage supérieur est au rendez-vous. Logique avec des joueurs tous salariés du club, ce qui reste exceptionnel à ce niveau de la compétition.
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