GF38 – Esprit de Corte es-tu là ?

GF38 – Esprit de Corte es-tu là ?

corteL’histoire du football grenoblois est un éternel recommencement, riche en psychodrames et désillusions parfois entrecoupés de petites parenthèses enchantées. Après la dernière descente aux enfers en date, on a pourtant cru, peut-être naïvement, que sur les ruines encore fumantes d’Index pourrait se bâtir un club nouveau, sur des bases saines et solides. Une nouvelle aventure qui s’appuierait sur des valeurs simples mais fédératrices : solidarité et humilité. Des valeurs qui ont accompagné, parfois porté, l’équipe d’Olivier Saragaglia, mais aussi les U19 grenoblois lors de leur parcours en Gambardella, lors de l’An I. On pense à « Corte Â», qui en est le symbole. Du départ de la Poterne à l’accueil réservé par quelques dizaines de supporters aux braves à leur retour de Corse. On pense à Valence, en Coupe. Acte fondateur malgré la défaite. A cause de la défaite peut-être. On pense à la communion entre les joueurs, le staff et leurs supporters tout au long de la saison.

« La grande famille du GF38. Â» L’expression a souvent été employée depuis. A-t-elle seulement encore un sens aujourd’hui ?
On ne parle pas des divisions actuelles parmi les suiveurs quant aux prestations de l’équipe ou certaines décisions des dirigeants. Tous, même les plus virulents critiques, ne feront qu’un et soutiendront leurs couleurs samedi prochain à 18 heures, lors du coup d’envoi face à Mulhouse.

Une unité qui nous semble en revanche moins évidente en ce qui concerne l’entité GF38. Depuis la création de la SASP, le fossé se creuse entre cette dernière et l’association. Là où on espérait un projet de club global, on assiste désormais à un « tout pour l’équipe Une Â» qui ne manque pas de créer des frustrations, et qui a même laissé, au fil des ans, sur le bord de la route, certains qui auraient mérité plus d’égards.
On a entendu l’argument de la nécessité d’une montée rapide en National, puis en L2, sans forcément le partager mais sans contester sa légitimité pour autant. Aujourd’hui, est-il justement encore légitime alors que, saison après saison, malgré les moyens consacrés, la conclusion est la même ? En se coupant de sa base, en commençant à déjà chercher une professionnalisation dont il ne maîtrise pas tous les rouages, Grenoble emprunte-t-il le bon chemin ?
Si le modèle doit être Strasbourg, peut-on rappeler que la montée du Racing en Nationale fut moralement douteuse et que son maintien s’est obtenu sur tapis vert l’année suivante. Malgré une histoire autrement plus riche et un soutien populaire (et économique) encore plus impressionnant, Strasbourg n’a pas pu sauter des étapes et doit avant-tout à l’extra-sportif sa situation actuelle.
Fort de son passé récent (bien qu’éphémère) en élite, de son stade et de son public qui reste un ovni à ce niveau de la compétition (voir au delà vu certaines affluences en National et L2), le GF semble parfois s’auto-placer dans des sphères que son rendement sportif ne justifie pas. Et on en vient à cette humilité de départ, partagée, qui fait à nos yeux régulièrement défaut aujourd’hui.

Disons-le clairement, cela nous fait chier d’entendre le manager général dire sur les ondes d’une radio que « le vrai football commence après le CFA Â». On comprend que cela reste de la communication officielle, l’importance de l’aspect économique dans la survie d’un club et que le bonhomme joue sans doute une partie de son avenir professionnel sur cette montée. Mais le seul football qui commence après le CFA, c’est le football business (et encore).
Grenoble n’est dans les faits pas une formation CFA type. C’est une évidence que personne ne cherche à nier. Mais il y a un petit côté méprisant à cet auto-positionnement supérieur, à cette supposée appartenance à un « vrai football Â» (c’est quoi le faux football ?), d’autant plus quand la vérité du terrain ne le légitime pas.

Un élément que l’on retrouve également dans cette incapacité à assumer un mauvais résultat. Telle équipe a réalisé un hold-up en venant faire un résultat (et c’est tout sauf une évidence sur le match en question) ? Grenoble n’en a-t-il pas réalisé un à Moulins (voir à Jura Sud, à Sarre-Union etc.) ? Tel terrain est indigne du « vrai Â» football ? Est-ce que la pelouse du Stade des Alpes (ou de Lesdiguières, Thénard etc) a toujours apporté des garanties à ce niveau là ? Tel public a été véhément avec notre staff et nos joueurs ? Aucune insulte n’est-elle jamais descendue des travées du SDA ? Si vous nous lisez régulièrement, vous connaissez déjà notre positionnement sur l’arbitrage et notre agacement passé, présent (et on n’en doute pas futur) à chaque fois que l’excuse de l’erreur arbitrale est brandie, encore plus quand elle l’est à chaud.
A un Conoglio près, il y a rarement de scandaleux parti pris. Qu’un arbitre puisse se tromper – un arbitre qui officie en CFA, le 4ème échelon national, est-il utile de le rappeler ! – cela fait partie du jeu. Grenoble peut en pâtir mais Grenoble peut également en bénéficier.

On vous parlait du match de Coupe à Valence, un des rares matchs où nous nous sommes permis de vertement critiquer l’arbitre. Les Grenoblois étaient alors bien sûr revenus sur cet arbitrage après la rencontre, mais cela n’avait pas empêché Olivier Saragaglia de vanter l’équipe valentinoise ou encore Aïssa Yahia-Bey de remettre en question la qualité de la prestation iséroise. Et tous parlaient de garder la tête haute, de repartir de l’avant et de continuer d’apprendre et de progresser. La critique n’empêche pas la nuance. L’humilité n’empêche pas l’honnêteté et l’ambition.

A défaut de regagner les sommets, peut-être que le GF38 pourrait déjà parfois prendre un peu de hauteur.
Grenoble retrouvera un jour le monde professionnel. « Quand Â» semble l’unique question qui importe aujourd’hui. A nos yeux, il serait bon que le « Comment Â» (re)devienne également une des priorités.