GF38 : le coup de la panne ?

En s’inclinant pour la première fois au Stade des Alpes depuis plus de deux ans face à son dauphin Lyon Duchère ce dimanche, Grenoble n’a plus son destin entre ses pieds et a relancé une fin de championnat qui s’annonce passionnante. Retour sur les difficultés actuelles du club alpin.

L’attaque déconne

Pendant 16 journées consécutives (!) Grenoble a toujours fait trembler les filets à au moins une reprise. On louait alors, à juste titre, les qualités offensives de l’équipe de Jean-Louis Garcia. Si le GF38 a commencé l’année 2016 par un festival à Montceau (1-4), l’efficacité est en berne depuis.
Jugez plutôt : 5 matchs disputés, 3 matchs sans buts marqués, seulement trois buts inscrits et sur ces 3 réalisations il y a un pénalty et un but de la tête d’Hugo Cianci sur corner. Un bilan famélique pour la meilleure attaque de la poule.

Contre La Duchère, s’il y a eu des situations favorables, la conclusion n’a pas été au rendez-vous, des frappes manquées, quelques têtes non cadrées et deux duels remportés par Cassara face à Akrour. Le décompte n’est pas faramineux non plus. L’animation offensive a été pauvre, les petites erreurs techniques nombreuses et M’Madi, David et Tibéri ont réalisé une de leur plus mauvaise prestation depuis leur arrivée dans la capitale des Alpes. Cela fait beaucoup trop face à celle qui est désormais la meilleure défense de la poule. Les Lyonnais ont pris des risques en défendant bas mais l’abus de longs ballons a finalement limité les situations dangereuses alors que peu de centres ont trouvé preneur, Cassara se payant même le luxe de se trouer à quelques reprises, entrainant les meilleures opportunités iséroises.

Manque de rotation ou au contraire manque de rythme à cause des pauses coupe, terrains plus difficiles à pratiquer, adversaires qui se sont adaptés, calendrier plus compliqué, manque de confiance… Les causes de la sécheresse offensive du moment peuvent être multiples. A Garcia d’y remédier, c’est dans les moments de « crise » qu’on juge les qualités d’un entraîneur. Ce qui est sûr c’est que la défaite contre Lyon Dychère n’est pas un accident, elle est symptomatique des difficultés actuelles, les victoires obtenues contre Sarre-Union et Jura Sud s’étant révélées poussives.

Un coaching en question

JLG avait expliqué après la victoire face à Sarre-Union qu’il était difficile pour lui de changer une équipe qui gagnait. Soit, l’argument se tient. Mais n’est-ce pas une logique qui a coûté cher face aux Duchérois ?
On pense bien évidemment à Valentin Focki, auteur d’une entrée remarquée, qui a apporté de la vitesse au jeu alpin, qui a fait la différence à plusieurs reprises sur son côté droit et qui aurait même pu égaliser (but peut-être pas hors-jeu mais accordons au corps arbitral le bénéfice du doute). Surtout que ce n’est pas une première pour le joueur qui avait déjà fait beaucoup de bien lors de ses entrées contre Mulhouse ou lors du match aller à Balmont. Pourtant, il est depuis cantonné au banc, jouant 5-10 minutes par ci, par là. Quand M’Madi n’est pas là, c’est par exemple l’option Arsène Elogo qui à la préférence du coach.
Son intégration plus rapide dimanche, et plus globalement son intégration dans une rotation offensive qui permettrait de faire souffler tout le monde à tour de rôle, aurait pu changer la donne. Garcia souhaitait avoir un groupe restreint pour mener à bien son objectif, on comprend mieux pourquoi au vu des temps de jeu des remplaçants (outre Focki, Pinto Borges, Gilmar et Labissière).
Dans un autre registre, n’aurait-il pas été judicieux, vu l’usage des longs ballons, d’accorder un peu plus de 5 minutes à l’attaquant brésilien vu son jeu aérien ?

On peut également lire souvent sur la toile que le fait de faire jouer Ayari 10 minutes à Yzeure (il a pris un jaune et était donc suspendu hier) était une erreur. Mais on peut comprendre que la volonté d’un coach est d’aller chercher un résultat sur le match en cours plutôt que de songer au suivant (l’état physique du joueur pouvant expliqué qu’il n’ait pas débuté en Auvergne, même si c’est juste une supposition). Tout le monde s’accordera en revanche sur le fait qu’Hamadi est indispensable à cette équipe et que son absence dimanche s’est faite ressentir.

Grenoble si fort que ça ?

C’est un peu notre marotte depuis le début de la saison, surtout à force de lire que l’équipe de l’an dernier était catastrophique (on caricature à peine) alors que celle de cette saison marche sur l’eau. Attention, le bilan comptable de cette année est plus que bon, et ce malgré la défaite de dimanche.
Mais à pareille époque l’an dernier le GF38 était lui aussi leader (là où cette saison Lyon Duchère est virtuel premier), 1 point devant Béziers. A la trêve, l’équipe d’Olivier Saragaglia ne comptait que 2 points de moins que celle de Garcia, avec exactement le même bilan à l’extérieur. Et au passage elle avait sorti l’OM en coupe. Tout ça pour dire que c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Et si le GF38 2016 est très (très très) loin d’être enterré, peut-être que sa mise sur un piédestal était un peu trop précoce.

Surtout, que la réussite fut très présente lors de la phase aller (et c’est une donnée essentielle quand on veut monter). On pense au match à Moulins qui aurait pu se conclure par une défaite sans que cela soit scandaleux (victoire 2-1 finalement), aux rencontres à Jura Sud et Lyon Duchère où les nuls furent des bonnes opérations, à la victoire à Sarre-Union… C’est ce qui faisait une des forces de l’équipe : cette capacité à prendre des points, même quand elle est bousculée. Et c’est ce qui fait défaut depuis quelques semaines.

A côté de ça, et c’est surement sujet à débat (n’hésitez pas à commenter et débattre sur notre page Facebook), mais La Duchère a été au-dessus des Grenoblois lors des deux confrontations directes. Là où côté grenoblois on parle de « hold-up » et on se focalise sur un hors-jeu tout sauf flagrant et qui ne devrait donc pas être sujet à polémique, on a vu une formation lyonnaise bien place, qui a choisi de défendre bas après l’ouverture du score et qui aurait pu plier l’affaire en gérant mieux quelques situations de contre.
L’entraîneur lyonnais nous disait avant le choc qu’il avait appris du match contre Chasselay, lors duquel son équipe était très mal entrée dans la partie. Résultat : but au bout de 2 minutes de jeu. Tactiquement au point, physiquement au-dessus de Grenoble et techniquement pas très loin derrière (Bouderbal, au-delà de son but, a été le joueur le plus en vue dans ce domaine) Lyon Duchère n’est pas virtuel premier pour rien. On rappelera aussi que ça ne les a pas empêché de perdre à Montceau et de lâcher quelques points ci-et là. C’est la « magie » du CFA, il suffit de se souvenir du niveau de jeu affiché par Sarre-Union, pourtant dernier, au Stade des Alpes il y a peu.

Ne pas céder au catastrophisme

Mauvaise passe actuelle ? Oui. Grenoble toujours en course pour la montée ? Plus que jamais. Le GF38 conserve toujours la tête du classement et La Duchère est loin d’avoir gagné son match en retard à Sochaux. Tous les points vaudront chers et l’expérience du coach grenoblois et de certains de ses joueurs peut, DOIT, être un argument en faveur du GF.
On ne se livrera pas à une étude du calendrier : en fin de saison il sera beaucoup plus compliqué de jouer contre une équipe qui lutte pour son maintien que contre le 4ème. Il faudra gagner, de partout, et Grenoble a montré lors de la première moitié de saison qu’il savait le faire.

Aucune raison de paniquer. A Jean-Louis Garcia de démontrer ses qualités dans une situation plus difficile. Il a après tout été recruté pour ça. Le déplacement à Villefranche sera en tout cas révélateur à plus d’un titre.

Le résumé vidéo du match :