GF38 – Monaco B (2-3) : l’analyse
Première défaite de la saison pour le Grenoble Foot 38 ce samedi 14 décembre 2013 face à la réserve de l’AS Monaco (2-3). Un match au cours duquel Selim Bengriba et ses coéquipiers ont affiché des carences inquiétantes pour un prétendant à la montée. Et si les dernières minutes de la partie peuvent laisser un sentiment positif, elles ne doivent pas cacher la prestation globale très moyenne produite par les protégés d’Olivier Saragaglia.
Lire également :
→ Les réactions d’après-match
→ Revivez le live
L’adversaire :
Une très belle équipe de Monaco, portée par quelques individualités, l’excellent Fawzy Ouaamar en tête, mais surtout collectivement très bien en place. On s’attendait à voir de la qualité technique chez la jeunesse monégasque, on a également été très agréablement surpris par l’impact physique et l’engagement que les Azuréens ont réussi à mettre, ce qui n’est généralement pas la qualité première chez des joueurs encore en formation/post-formation.
Cela tempère un peu la défaite des Isérois. Mais seulement un peu. Le bilan à l’extérieur du leader est en effet moyen, malgré deux victoires à Martigues (avec quelques pros en renfort) et au Pontet (qui compte déjà 3 défaite et un nul chez lui). Et surtout le GF38 a affronté une équipe de « gamins » (deux 96, une majorité de 94/95 et seulement deux 93 dans le 11 de départ) qu’il n’est jamais parvenu à bousculer si l’on excepte les dernières minutes. Et encore, Monaco avait de la marge au tableau d’affichage ce qui peut expliquer ce petit déficit de concentration.
La prestation des Grenoblois :
N’y allons pas par quatre chemins. Les Grenoblois ont offert un premier tiers de match médiocre. En tout cas eu égard à leurs ambitions et à leur pseudo potentiel. Peut-être cette équipe est-elle tout simplement surcotée, composée de cadres vieillissants, de jeunes mentalement friables et de joueurs incapables de s’adapter aux exigences du CFA. C’est une hypothèse qui prend du poids au fur et à mesure que la saison avance mais à laquelle nous n’adhérons pas. Pour le moment. Tout simplement parce que le GF38 parvient à montrer par intermittence qu’il est capable de mieux, beaucoup mieux, que ce qu’il a produit en début de rencontre. Et c’est un constat récurrent depuis le début de la saison, notamment lors des matchs à l’extérieur.
Que retenir de positif du début de match ? Grenoble n’a pas pris de but sur coup de pied arrêté. C’est à peu près tout. Les griefs sont plus nombreux. Au premier titre desquels le non respect des consignes du coach. « Je suis déçu parce qu’encore une fois on n’applique pas mes consignes », indiquait en effet Olivier Saragaglia à l’issue de la rencontre. L’analyse semblait bonne. Pour avoir été à la tête d’une réserve pendant plusieurs saisons, le technicien alpin sait que c’est souvent sur l’engagement et l’impact physique que les jeunes joueurs sont friables. Et pourtant les Grenoblois se sont montrés incapables de mettre cette agressivité lors des 45 premières minutes. Cela dénote d’un vrai problème mental, récurrent depuis le début de la saison. Manque de faim, incapacité à se faire violence… Les Grenoblois sont dans le confort et partisans du moindre effort. La Coupe ? Pas une priorité. Jouer pendant 90 minutes à 100% de leur capacité non plus, apparemment. Et si les joueurs ne parviennent pas se remettre d’eux-même en question, ce sera à l’entraîneur de savoir taper du poing sur la table.
Au-delà de cet aspect mental, l’équipe a aussi affiché de grosses carences tactiques et techniques. Pendant une grosse demi-heure, le pressing n’a été lancé qu’à partir de la ligne médiane, d’où des récupérations du ballon loin du but adverse (quand récupération, la bataille du milieu ayant été à l’avantage des visiteurs la plupart du temps). Une fois en possession du ballon, et sans parler du déchet technique au niveau des relances, les Isérois ont été incapables de mettre du rythme. Peu de mouvements devant – à l’exception d’Akrour par ailleurs très peu inspiré dans ses derniers gestes, ou de dédoublement, aucune percussion, peu de changements de jeu, peu voir pas de joueurs capables d’éliminer individuellement un adversaire… Conséquence : l’incapacité à mettre hors de position le bloc monégasque et à se créer des occasions franches et dangereuses. A partir de la 30ème on a vu Grenoble se mettre à presser un peu plus haut mais il a alors manqué de liant entre les lignes. C’est quand même à partir de ce moment là que le GF38 a posé plus de problème à son adversaire (exemple : récupération à 40m, percussion de Cianci, Tissot-Rosset à la conclusion signalé hors jeu mais l’idée était là). Et puis Grenoble s’est fait punir à deux reprises, à chaque fois suite à un manque d’agressivité sur les porteurs de ballon au milieu du terrain. Un 0-0 à la pause n’aurait pas été illogique mais le GF38 ne méritait certainement pas mieux après une première période stérile dans le jeu. Aveu d’impuissance face à cette incapacité à créer le danger, la rapide entrée en seconde période d’Aïssa Yahia-Bey, de retour de blessure et que le coach isérois souhaitait préserver au maximum. Une bonne entrée d’ailleurs, Yahia-Bey étant à ce jour le seul joueur offensif de l’équipe capable d’éliminer à répétition. Mais c’est une réponse individuelle – on peut d’ailleurs reprocher au joueur une tendance à vouloir trop faire la différence à lui tout seul – et Grenoble s’est montré incapable de réagir collectivement.
Le second acte fut tout de même de meilleure facture sur le plan de l’engagement, de la percussion (pourquoi Cianci a-t-il attendu la seconde période pour donner dans ce registre ?) mais trop brouillon alors que les Grenoblois avaient le temps pour davantage structurer leurs offensives.
Et si Grenoble a apporté une folie euphorisante lors des dernières minutes (avec gros oubli de marquage des défenseurs de l’ASM sur le 1er but et peut-être un hors-jeu sur le 2ème), cette fin de match ne doit pas faire oublier tout le reste. Le danger est là. Non, le GF38 ne peut pas se permettre de jouer seulement 15 minutes par match. De réagir au lieu d’agir. C’est aujourd’hui insuffisant pour atteindre l’objectif que s’est fixé le club du président Fessler : la montée en National.
Grenoble n’est pas largué au classement – seulement 5 points de retard sur Martigues par exemple – malgré une première partie de saison très moyenne. Mais compte-tenu des moyens, du recrutement, de l’effectif, le GF38 devrait aujourd’hui être 5 points devant tout le monde et non l’inverse. Et à force de vouloir offrir le service minimum, la déception pourrait être grande à l’issue de la saison.
Le joueur du match (côté GF38) :
Beaucoup de déception, mais une satisfaction : Farès Hachi. Le meilleur joueur, le plus régulier en tout cas, du Grenoble Foot 38 depuis le début de la saison. Toujours un état d’esprit irréprochable et paradoxalement une des meilleures armes offensives de l’équipe avec une toujours une grosse participation dans son couloir gauche et de grosses capacités de percussions et d’élimination. A tel point qu’on se demande si il ne faudrait pas le faire évoluer un cran plus haut où ses qualités seraient davantage mises à profit.