Hugo Cianci, la folie assagie ?
Le latéral droit du Grenoble Foot 38 enchaîne les prestations de haut vol depuis le début de la saison à un poste qu’il semble de plus en plus maitriser. Une surprise ? Oui et non. On sait le joueur pétri de qualités. Quand il veut bien pleinement les exprimer.
« Hugo Cianci, lui, est fou [..] Quitte à le voir exclu tous les trois matchs, il serait presque dommage de le brider. Car la folie d’Hugo Cianci c’est précisément ce qui manque au GF38 ; cette capacité à emballer une rencontre, cette volonté de se faire mal, d’aller au-delà lors des situations défavorables. »
Voilà une partie de ce que l’on écrivait sur Hugo, il y a un peu plus de 5 ans, en novembre 2010, après une victoire contre Metz en Ligue 2. Pour l’avoir suivi chez les équipes jeunes du GF38, on savait le joueur capable de coups d’éclat comme de coups de sang. On savait la place qu’il accordait à l’affectif, aux émotions, loin des standards stéréotypés qui sortent des centres de formation. Une particularité qui l’aura suivi tout au long de sa carrière.
Alors que les portes du monde pro’ lui étaient toujours ouvertes, il décide de revenir chez lui, à Grenoble, pourtant en CFA, en 2012. Peut-être trop « chez lui », d’ailleurs. Toujours entre coups d’éclat (son missile face à Raon, son but décisif à La Duchère l’an passé) et coup de sang (il écope par exemple de 8 matchs de suspension en décembre 2013 pour « menace(s) envers officiel(s) »), sous la protection quasi paternaliste d’un entraîneur avec qui les liens débordent du cadre professionnel.
Alors, oui, on s’est posé la question. Comment le caractère bien trempé du Grenoblois allait pouvoir s’acclimater à l’exigence du nouvel entraîneur Jean-Louis Garcia ? Le courant semble rapidement bien passer entre les deux hommes et le terrain a eu tôt fait de nous apporter une réponse.
Cianci, enfin laissé tranquille par les blessures, est un élément de base du 11 alpin depuis le début de la saison et a été aligné lors de toutes les rencontres de championnat, même en étant légèrement amoindri physiquement. Il a déjà disputé presque autant de minutes de jeu en une demi-saison (1151 en 13 matchs) que lors de la saison 2013-2014 (1173 en 15 matchs) et il n’aura sans doute aucun mal à dépasser son total de l’an passé (1397 en 19 matchs).
Le « 6 » de formation, souvent trimballé aux quatre coins du terrain au cours de sa carrière, a désormais quasiment définitivement acté sa reconversion en latéral droit. A ce niveau là, on ne peut plus parler de rendre service. Un poste dont il semble avoir pris la mesure. Cianci s’éparpille moins, se montre rigoureux sur le plan défensif et n’hésite pas à offrir son appui offensif à l’occasion. A nos yeux, il est le meilleur élément isérois depuis le début de la saison, le plus régulier à très bon niveau.
Et c’est à chaque sortie un régal de voir sa qualité de passe (jeu court et long) et de centre. Une force qu’il met d’ailleurs à profit. Si l’an passé il avait fini la saison sans aucune passe décisive à son crédit en CFA, il en est déjà à deux cette année. Et quelles passes ! Deux centres millimétrés : le premier pour le retournée acrobatique de Florian David contre Villefranche (et sans contrôle s’il vous plait), le second pour la tête de Nassim Akrour contre Drancy. Le buteur historique du GF38 ne s’y est d’ailleurs pas trompé en allant célébrer sa réalisation avec le passeur.
Inversement, il prend moins de cartons, dans une poule il est vrai bien plus gentillette, où les provocations et le jeu dur restent le plus souvent au vestiaire. Il a ainsi tout juste écopé de son second jaune ce samedi contre Sochaux, provoquant d’ailleurs l’ire de son entraîneur sur le moment. On lui a demandé la raison de cette biscotte. « Parce que j’ai fêté le but (celui de Tibéri, juste après le pénalty litigieux accordé aux Sochaliens, ndlr) trop près de lui » nous a-t-il glissé dans un clin d’œil. On est rassuré, l’homme conserve un petit grain de folie rafraichissant dans ce milieu formaté !
Le joueur a lui atteint une forme de maturité, de sérénité sur le terrain. Et, surtout, il évolue cette année au niveau qui doit être le sien, que l’on sait élevé. Un niveau qui doit aider son club de cœur à franchir des paliers.
« Il n’y a que Grenoble » est une devise qu’il pourrait faire sienne. Mais pour Hugo aussi le CFA a trop duré. C’est au(x) niveau(x) supérieur(s) que tout le peuple grenoblois souhaite revoir s’exprimer son talent.