Idriz la Base, du GF38 à internet
Passé par les catégories de jeune du Grenoble Foot 38, Idriz a depuis radicalement changé de direction. Désormais youtubeur et suivi par une communauté importante, il garde toujours un lien avec le ballon, même si ce n’est plus du foot à onze.
Parmi les bientôt 100 000 abonnés à sa chaîne Youtube, ils sont probablement peu nombreux à savoir qu’Idriz a d’abord été au centre de formation d’un club professionnel : celui de Grenoble, où il a côtoyé des joueurs désormais plutôt connus. « J’ai joué avec les jeunes du GF 38. J’étais avec Thauvin notamment, mais on n’était pas de la même génération, moi je suis de 94. J’ai commencé à 9 ans et je suis allé jusqu’en senior. Je jouais avec la réserve, en DH. Au total, je suis resté onze ans au club et j’ai fait toutes les équipes : ligue honneur, fédérale, 16 max, 18 max et puis les séniors », confie-t-il.
Il tire pourtant un trait sur le football pour gagner sa vie : « je bossais dans la restauration au début et je n’arrivais plus à suivre les entraînements donc j’ai préféré me concentrer sur le boulot plutôt que le football ». Aujourd’hui, Idriz garde toujours un amour particulier pour le ballon rond et se rend régulièrement au stade des Alpes pour suivre les matchs de Grenoble, en National 1. Mais c’est surtout sur FIFA – jeu vidéo de football, pour les moins familiers avec le terme – qu’il s’éclate avec un autre nom qui parlera peut-être aux plus habitués de Youtube. Yohan, dit YoMax38, est un youtubeur qui peut compter sur une communauté de presque 900 000 abonnés. C’est lui qui a été le premier à lancer Idriz sur la plateforme de vidéos : « Yohan est sur Youtube depuis 6 ans. Il nous a dit, à moi et Faïz (ndlr : un autre ami du groupe) de venir un jour pour faire une vidéo avec lui sur FIFA. Et la vidéo a super bien marché, elle a percé d’un coup et a fait plus d’1 million de vues. Au début, je trouvais ça con de faire des vidéos Youtube. Je n’en regardais jamais, parler devant la caméra, c’est pas vraiment mon truc ».
Depuis, Idriz et ses deux amis ont créé la chaine I.F.Y (comme leurs initiales) et un compte de stream : où ils diffusent leurs parties de jeu vidéo en direct. Comme il l’explique, Idriz ne voyait pourtant pas du tout l’intérêt au départ de se lancer sur le site internet : « Les gens m’ont dit que j’avais un potentiel… mais franchement, au début je comptais pas me lancer du tout. Pour moi, c’était inutile. Mais au fur et à mesure, j’ai pris du plaisir à faire des vidéos ». Il décide donc de créer sa chaîne. Sa première vidéo est publiée en juillet, le jour de son anniversaire.
Avant de lancer sa chaîne, Idriz a également rejoint le club de futsal de Vie et Partage. Filmer ses entraînements, ses matchs est devenu une marque de fabrique : « Sur notre chaine commune, j’ai fait une vidéo futsal qui a vraiment bien marché et où on a eu de super retours. Donc j’ai pris ce concept là et je me suis dit « pourquoi pas en faire plus souvent », surtout qu’il faut dire que sur youtube, on n’en trouve pas beaucoup. Je pense que je suis vraiment l’un des premiers à le faire. Le futsal n’est pas encore très connu en France et c’est vraiment un sport qui rend bien à la caméra : on peut voir les gestes, les mouvements vu que les terrains sont assez réduits ». Du futsal au football, il n’y a parfois qu’un pas : Youssef El-Arabi et Wissam Ben Yedder en sont la preuve, Abdellah Zoubir également, pour parler aux Grenoblois. Idriz, lui, a fait l’inverse – à son niveau, évidemment : « Franchement, on n’a pas du tout les mêmes repères entre le foot normal et le futsal. Physiquement déjà, ce n’est pas pareil : tu cours tout le temps et tu peux te retrouver aussi bien en défense qu’en attaque. Il n’y a quasiment pas de repos. Moi vu que j’ai pris du poids, le futsal me permet de jouer avec mon corps. J’ai une bonne frappe donc je n’ai pas besoin de courir trop longtemps pour être en position de frappe ».
Idriz a filmé son tout premier entraînement avec le club de futsal. Ses coéquipiers se moquent parfois mais les joueurs comme le club apprécient la visibilité que leur offre Idriz sur youtube : « Je me fais souvent chambrer à l’entraînement, quand je mets un beau but, il y a toujours quelqu’un pour se moquer et dire « ah y aurait dû y avoir la caméra là ! ». Mais ce qui est bien, c’est que ça profite à tout le monde et surtout le club a été génial avec moi et a tout fait pour que ça se passe bien, donc je dois vraiment les remercier ! » Depuis, le youtubeur a aussi publié une vidéo de son premier match officiel, celle qui a fait le plus de vues sur sa chaîne.
« Franchement, je suis vraiment choqué que les gens aient autant adhéré au concept, avoue-t-il. Je fais une petite intro avant le match sans trop entrer dans le détail, et après je mets les actions les plus marquantes ». Même s’il est encore loin du haut niveau, Idriz prend du plaisir sur le terrain, à l’entraînement, mais aussi à lire les commentaires qui lui sont faits : « Physiquement, je sais qu’il faut que je retravaille mais je lis quasiment tous les retours qu’on peut me faire, que ce soit pour les vidéos ou pour le futsal ! ». En terme de résultat, le club de Vie et Partage s’en est bien sorti : troisième de leur poule (à égalité avec le deuxième, ils sont battus à cause du goalaverage particulier), il a été reversé, pour la deuxième phase de la saison, dans une poule de relégables où il faut être dans les trois premiers pour se maintenir en R2. Les Échirollois ont remporté leur premier match contre Limonest… avec un but d’Idriz notamment !
« C’est vrai que c’est un peu plus détente que quand j’étais au GF 38. Il n’y a pas les mêmes exigences, moins de pression… Après, on est toujours des gagnants : on n’a pas envie de perdre, même en amateur. En match, on est sérieux et disciplinés ! ». Sur Youtube comme en futsal, Idriz prend de plus en plus confiance et a décidé de se concentrer sur les vidéos et les lives qui lui prennent beaucoup de temps : « Ça demande de l’organisation : c’est d’ailleurs en train de devenir mon boulot. On ne se rend pas compte de tout ce que ça représente de l’extérieur : les gens ne voient que le côté positif mais il y a beaucoup de travail ». À 23 ans, Idriz parle déjà de gros projets en cours autour desquels il garde encore le mystère : pour en savoir plus, il faudra s’abonner à sa chaine et suivre les résultats du club de Vie et Partage. Très attentionné, le futsaleur – youtubeur s’assure même une dernière fois qu’on remerciera bien le staff et les dirigeants : « c’est grâce à eux que je peux faire tout ça ».