Incidents à Bastia : le récit d’un joueur de Picasso
Picasso était à Bastia ce pour le compte du championnat de D1 de futsal. La rencontre n’est pas allée à son terme, stoppée à 15 minutes de la fin (le score était de 7-3 en faveur de Bastia), suite de l’envahissement du terrain. Il appartient désormais à la Fédération de faire la lumière sur les incidents et de prendre les mesures adéquates (le club corse a fait filmer le match, des images existent donc). Le club échirollois devrait émettre un communiqué dans la journée. Nous vous proposons ci-après le récit d’Emrah Cengiz, joueur du FCP. Edifiant. On le rejoint sur sa conclusion : ce n’est pas ça le futsal.
La bonne galère du week-end.
La route plus le bateau, à 6 dans une cellule sans clim, quand tu arrives sur l’île de Beauté, tu t’attends un minimum à retrouver cet esprit chaleureux et amical. Et bien fout toi un doigt dans l’œil !
Le président qui nous prend la tête pour que l’on gare notre traffic là où lui l’a décidé, en plein soleil avec les supporters. Les vestiaires trempées au sol, les wc sans eaux… c’est donc à ça que se joue le match? Une pression psychologique du début à la fin? Avant l’entrée des 2 équipes, le président de Bastia Agglo qui continue son cinéma de western en nous faisant un discours digne des plus grandes comédies musicales « ils dorment ici ce soir, qu’il scande à ses joueurs, ils restent sur l’île, on les envoie à l’hôpital! On les fait voler! On leur rentre dedans! » Tout cela devant la déléguée FFF, nos joueurs et leur équipe.
Le match démarre très bien pour nous où nous ouvrons le score très vite. À partir de là, panique totale de leur côté. Coup de pied non régulier sur nous dans le dos de l’arbitre, doigt dans l’œil, coup de poing dans les dos, tirages de maillots irréguliers et j’en passe tellement c’était incessant et que tout était fait pour nous empêcher de jouer. Ils étaient à 4 cartons jaunes en moins de 10 minutes lors de la première mi-temps.
Mais il aurait fallu un arbitre par joueur pour réussir à tout voir, les arbitres étaient débordés, se faire insulter par les supporters et d’un autre côté subir la pression de notre côté pour qu’il siffle n’est pas chose aisée et je peux le comprendre.
Bastia mène au score, à quoi bon insulter avec des propos tout droit venu d’un autre temps « bande de grouilles, bande de sales Arabes, je prend ta Soeur sur son tapis de prière, ta mère mange les crottes de mon chien… » et je n’ose citer que les moins vulgaires, méchantes et heurtantes.
Dans les tribunes, des hommes tenant des propos d’une rare violence et je garde en tête chacun de leurs visages, des femmes utilisant un langage dont je n’imaginais même pas possible. D’un racisme et d’une violence gratuite sans précédent dans ma vie et cela dans n’importe quel pays du monde. Jusqu’à ce que notre joueur se fasse pour le coup agresser par un joueur Bastiais et qu’une partie du publique rentre sur le terrain dans le but d’en arriver à l’agression physique.
L’évolution « normale » d’une relation humaine déviante. Quand les propos n’heurtent plus on veut faire rentrer ses idées à grands coups de poings. C’est alors que nous prenons la décision de nous réfugier dans les vestiaires, pour nous ce spectacle n’est absolument le futsal et ses belles valeurs que nous connaissons et que nous prônons auprès de nos enfants, nos jeunes, nos féminines, un désaveu total pour toutes ses personnes que nous connaissons et qui s’engagent pour les philosophies de respect, de solidarité, de fraternité, d’égalité, etc… un désaveu total des règles et des lois de notre pays.
NON ce n’est pas ça le futsal! Et je refuse de garder cette équipe en mémoire, au vu de leur palmarès négatif à chacune des réceptions des équipes métropolitaines par ce genre d’attitude. Il faut que la Fédération montre l’exemple.
Avec nos équipes de ligue et de district nous nous efforçons de transmettre les belles valeurs et sommes sanctionnés pour la moindre réunion ratée, et que fait-on des équipes comme Bastia qui sont en première Division?
Le pire c’est qu’ils ont le sentiment d’avoir gagné sur le terrain et dans la bagarre, soit, si c’est leur manière de concevoir le sport, soit, mais nous ne sommes pas fou pour laisser nos joueurs en danger face à des personnes qui instrumentalisent la fin de la rencontre et de nous passer en railleries sur les réseaux sociaux en postant une photo d’enfants « voici nos supporters! »
J’ai de la peine pour vous et pour ce que vous montrez à vos enfants, j’ai de la peine pour vos femmes quand j’entends ce qu’elles nous crient dessus, nous vous accueillons toujours avec respect et différencions le sportif de l’humain.
La police vient dans notre vestiaire pour nous escorter… ils nous ont sorti des vestiaires et nous ont lâché une fois la porte du traffic fermée.
Quelle douloureuse aventure! Je vous assure que c’est triste de chuter autant moralement quand tu vois tes coéquipiers perdre espoirs dans un sport qu’ils aiment profondément mais ce genre de comportements sont des rappels importants quand tu sent ta vie en danger.
Ni voyez aucune victimisation ce n’est pas le genre de la maison, juste pour que tout le monde sache la vérité et c’est bien trop grave de se comporter de la sorte et de narguer comme si de rien sur facebook, d’insulter les personnes qui nous défendent.
On ne veut rien de tout ça. On veut que la fédération soit juste et que ce beau sport continue de se propager avec de belles valeurs, quand certains se décarcassent à le médiatiser d’autres sont au Moyen-Age à scander des insultes raciste et à user de méthodes violentes.
Nous sommes tous sain et sauf, merci pour vos soutiens et messages de soutiens. Nous arrivons tranquillement à Grenoble la tête pleine de doute mais solidaire. #Peace.