Interview de Patrick Cordoba
« Ça fait mal ». Répétée à l’envie, la rengaine du (futur ex) directeur du centre de formation du GF38 exprime bien le désarroi ressenti face au gâchis entrainé par le dépôt de bilan. Entretien.
« Ça fait mal ». Répétée à l’envie, la rengaine du (futur ex) directeur du centre de formation du GF38 exprime bien le désarroi ressenti face au gâchis entrainé par le dépôt de bilan. Entretien.
Patrick, les vacances ont dû être particulières cette année…
« Les vacances ont en effet été très compliquées… On a été dans une position d’attente pendant longtemps avec tout ce qui se passait autour du club. Entre le 15 et le 20 juillet, je suis revenu sur Grenoble par rapport au plan de reprise, par rapport à la situation, savoir ce que l’on allait faire et surtout pour essayer de recaser un peu certains joueurs. »
Comment cela s’est-il passé justement pour les jeunes joueurs du centre ?
« Du fait du dépôt de bilan, ils ont tous été libres. J’ai demandé si on avait au moins droit à une indemnité de formation mais apparemment non… Certains sont toujours là mais on a réussi à recaser la plupart – j’ai appelé notamment appelé plusieurs directeurs de centre pour leur obtenir des essais. C’était notre responsabilité. On les a fait venir ici avec pour objectif de passer pro’, on ne pouvait pas les laisser sans rien. Ça a fait doublement mal car on avait vécu une belle aventure avec eux et tout ces jeunes avaient de la qualité. Quand les autres clubs ont appris le dépôt de bilan ils n’ont d’ailleurs pas hésité et on en a recasé une bonne vingtaine. »
Tu dois avoir une belle impression de gâchis…
« C’est un crève-cœur, c’est tout un travail, qui était mené depuis de longues années, qui s’écroule d’un seul coup. Ça fait mal. Le centre commençait à avoir des résultats plus qu’intéressants. Pour s’amuser on faisait des équipes type avec les jeunes passés par chez nous en incorporant des Giroud, des Belghazouani… Ça avait de la gueule ! Aujourd’hui il va falloir tout rebâtir, remonter en Ligue 2, déposer un nouveau dossier…J’ai encore plus de mal à comprendre pourquoi on a pas fait le maximum pour sauver le club… »
Ces jeunes étaient LA vraie plus-value à tes yeux ?
« La somme à avancer – un peu plus de deux millions et demi – ne me paraissait en effet pas incroyable même si on ne savait peut être pas tout. Rien qu’avec la vente de quelques jeunes ayant déjà fait le pas en pro – les Turan, Taïder…, on aurait pu y arriver et on pouvait repartir en National avec quelques uns des très bons jeunes qu’ils restaient derrière. Des gamins arrivaient avec une vraie valeur financière d’ici seulement quelques années. En plus maintenant on aura davantage de concurrence dans la région avec l’ETG qui a un gros projet… »
Tu crois quand même au futur du football à Grenoble ?
« Je vais être très clair, pour moi Grenoble a le potentiel pour être en Ligue 1 vu la taille de son agglomération et son potentiel économique. Pas pour jouer les tout premiers rôles mais je pense qu’on peut avoir les mêmes moyens que des clubs comme Lorient, Auxerre ou Valenciennes. Est-ce qu’on veut vraiment avoir un club de haut niveau à Grenoble ? C’est la question que je me pose… »
Où en es-tu en ce qui concerne ta situation personnelle ?
« Aujourd’hui, je suis dans l’attente. Le dépôt de bilan est intervenu tard, à partir de demain, je devrais faire partie du licenciement économique et comme je n’ai pas vraiment de nouvelles pour le moment, je ne sais pas de quoi mon futur sera fait, même si dans tous les cas je resterai très actif. »
Si on te proposait comme challenge d’entraîner l’équipe 1, tu signerais ?
« Il faudrait savoir où le club va repartir et dans tous les cas ça sera un début de saison très difficile vu le retard déjà pris. Je suis plutôt un formateur mais j’ai mes diplômes pour pouvoir entraîner en CFA2 par exemple. C’est un challenge qui m’intéresserait oui, pourquoi pas en collaboration avec une autre personne. Comme je te l’ai dit, je crois en l’avenir de ce club même si cela va être très long de tout reconstruire. C’est un défi intéressant à mener sur une ville comme Grenoble à condition d’avoir un projet et la confiance des dirigeants. »
Crédit photo : Alain Thiriet