Jeux Olympiques : André Piatko, l’arbitre au nÅ“ud papillon en bois
Pas le même maillot, mais la même passion. Rarement apprécié à sa juste valeur, parfois même contesté, l’arbitre n’en reste pas moins un élément indispensable à la pratique de la compétition, a fortiori lors des Jeux Olympiques, où les enjeux dépassent souvent le cadre sportif.
Grenoble pourra compter sur son représentant à Rio. Il s’appelle André Piatko, est licencié à Parmentier et officiera sur l’escrime. Portait d’un passionné, surnommé dans le milieu l’arbitre au nÅ“ud papillon en bois.
Pour rapidement mettre fin au suspense, laissons Didier Marguerettaz, maître d’armes à Parmentier et « ami de 30 ans », nous livrer quelques explications sur cette petite touche personnelle. « C’est effectivement son signe distinctif depuis de nombreuses années. A la base André est très bricoleur donc il s’est fabriqué ce petit nÅ“ud papillon en bois. Sur les compétitions les gens le voyaient avec, ça plaisait et ça a lancé une petite mode avec pas mal de demandes. C’est devenu un véritable hobby pour lui. »
Ce n’est évidemment pas QUE grâce à ses qualités artistiques que l’arbitre Piatko s’est forgé un destin olympique. Les places sont chères – ils ne seront que six arbitres à officier à Rio – et les critères d’éligibilité nombreux.
« Il faut savoir qu’il faut être licencié sur deux armes, qui ont chacune des spécificités bien différentes.», explique Marguerettaz. « André l’était à l’épée depuis ses débuts dans l’arbitrage au début des années 90 et il a dû passer le fleuret pour pouvoir devenir potentiellement désignable pour les grosses compétitions internationales. Cela lui a demandé un gros investissement personnel. »
« Tout le monde me souhaite de ne pas faire de finale »
Un travail qui a payé. « J’étais pourtant réticent à l’idée de passer le diplôme international au fleuret, car ce n’est absolument pas mon arme », avoue de son côté Piatko. « Mais on m’a finalement convaincu, je l’ai passé il y a deux ans et l’année suivante j’ai été désigné pour arbitrer les championnats du monde à Moscou, j’ai été mis sur une lite « élite » où sont placés les meilleurs arbitres du monde puis cette année j’ai été désigné pour les Jeux. C’est vraiment beaucoup de fierté et une consécration. Les athlètes visent une médaille, pour un arbitre le simple fait d’y être est un aboutissement. »
Et arbitrer une finale olympique alors ?! « Tout le monde me souhaite de ne pas le faire !», s’amuse le sociétaire de Parmentier. « Tout simplement parce que si j’arbitre la finale, cela voudra dire qu’il n’y a pas de Français à ce stade de la compétition. »C’est en tout cas très sereinement que Piatko se prépare à gravir son Olympe. « Il y a une petite pression par rapport à l’enjeu. Les mecs viennent tirer pour choper un titre olympique, c’est le summum de leur carrière. Si on fait une erreur, le mec joue quand même sa médaille, de l’argent, de la notoriété, et peut même devenir ministre en cas de succès (rires). Mais c’est une compétition relativement « facile » : on est dans de très bonnes conditions, il y a de la place pour les pistes, on est choyé… Et puis à force on connait tout le monde, ceux qui râlent, ceux qui vont au contraire nous aider à prendre la bonne décision… Et depuis 20 ans que j’arbitre je trouve que les comportements se sont calmés. »
Pour Didier Marguerettaz, qui se trouve de l’autre côté de la barrière, André présente toutes les qualités du bon arbitre : « sens du contact, savoir dialoguer avec les entraîneurs tout en conservant une certaine autorité et surtout l’honnêteté de savoir reconnaitre quand on se trompe. »
A 53 ans, l’homme au nÅ“ud papillon de bois s’apprête à vivre le summum de sa carrière au bord des pistes brésiliennes. Une chance de tutoyer les cinq anneaux qu’il compte savourer… Mais si possible pas plus loin que les quarts de finale, ce qui serait une très bonne nouvelle pour l’épée française, représentée ce mardi 9 août (à partir de 14 heures) par Gauthier Grumier, Daniel Jérent et Yannick Borel.