Joannes Henry (FCG) : « Montrer qu’on est au niveau »
Les joueurs du FC Grenoble Rugby ont retrouvé le chemin de l’entraînement en ce début de semaine. Parmi eux, une dizaine de jeunes éléments désireux de marquer des points pendant cette préparation, à l’image du demi-de-mêlée Joannes Henry. Nous revenons avec lui sur cette avant-saison, ses ambitions et la place d’un jeune joueur dans le rugby français d’aujourd’hui mais aussi sur ses titres obtenus en Reichel et en Universitaire.
Joannes, tes vacances ont été de courte durée cette année…
C’est vrai qu’il n’y a même pas eu deux semaines entre la finale universitaire et la reprise. Ce fut d’autant plus court pour moi que j’ai enchainé avec mes partiels puis des entretiens pour ma licence.
Commençons par le FCG. Peux-tu nous dire quelques mots sur cette saison conclue sur un 2ème titre consécutif en Reichel ?
En ce qui me concerne, et ça a été le cas de pas mal d’autres joueurs, j’ai fait l’essentiel de la saison avec les Espoirs où le bilan n’est pas super ; on a eu beaucoup de difficultés cette année. Après pour en venir aux Reichel on avait vraiment à cour d’aller au bout de cette belle aventure. On se connait tous depuis au moins 4-5ans et on savait que du fait de la réforme des catégories certains allaient vivre leurs derniers matchs avec le club.
On a débuté les phases finales face à un gros morceau Brive, ce qui nous a mis tout de suite dans le bain. Jusqu’en finale on a passé sereinement les obstacles.
En finale on a retrouvé Albi, une grosse équipe s’appuyant sur un gros paquet d’avants, restée invaincue toute la saison. On va dire que notre envie a été décuplée par ce qu’on a pu lire dans la presse avant le match. Pour eux la finale avant la lettre avait été en demie contre le LOU et ils étaient très confiants quant à leurs chances de ramener le bouclier chez eux. Cela nous a bien enervé (rires).
Sur le match sa conclusion est assez exceptionnelle puisque on le gagne sur la dernière action. Mais ce n’était pas immérité, on a été devant au score pendant 50 minutes, on a envoyé pas mal de jeu…
Vous avez perdu deux pièces maitresses juste avant la finale : Jordan Michallet (blessé) et Alexandre Dardet (suspendu). Est-ce que cela vous a mis un petit coup au moral ?
C’est clair que ce sont deux joueurs très importants et qu’on s’est peut être dit que cela allait être un peu plus compliqué. Mais on savait aussi que notre force résidait dans le groupe et pas sur quelques individualités. Brice (Cherrared), qui a remplacé Jordan, avait joué toute la saison et avait été le capitaine de cette équipe. Donc pas particulièrement de coup au moral. Et on a vu que les remplaçants ont su se mettre au niveau des absents lors de la finale.
Même si c’est quelque chose d’ « habituel », peux-tu nous dire un mot sur cet aspect qui fait que ceux qui font la saison régulière doivent laisser leur place à ceux qui descendent des Espoirs ?
Effectivement cela fait partie du « jeu », on le sait à l’avance. Bien sûr, c’est toujours dur à encaisser pour ceux qui doivent laisser leur place. On se devait pour ces mecs là, qui avaient en plus fini premiers de leur poule, d’aller au bout.
Tu fais partie de ceux qui ont gagné les deux titres consécutifs avec les Reichel. Celui-ci, obtenu à la dernière seconde, a-t-il une saveur plus particulière ?
Les deux joies ont été très différentes. Celle du 2ème titre peut-être plus intense vu les circonstances mais un premier titre reste aussi très particulier. Je n’établis donc pas de classement entre les deux.
Quatre jours après ce titre, tu es devenu champion de France avec l’UMPF en venant à bout des Grenoblois de l’UJF. Vous étiez quelques Reichel champions de France dans les deux équipes, dans quel état avaient vous disputer ce match ? Et peux-tu nous parler de ce titre ?
(Rires) On ne s’est bien sûr pas privé de dignement fêter le match des Reichel mais on a été sérieux. On est parti la veille de la finale, on n’est pas sorti le soir et même si on était bien fatigué je pense que le niveau de la rencontre a été tout à fait correct.
Sur le titre, déjà on le gagne là aussi à la dernière seconde suite à un drop d’Hugo Dupont. C’était une finale bizarre, entre Grenoblois, mais tous les joueurs se sont donnés à fond, chaque équipe voulant ramener le bouclier dans son université. C’était encore plus particulier pour moi puisque mon père est l’entraîneur de l’UJF… J’ai pu le chambrer un peu comme ça mais c’est resté très bon enfant.
Restons dans le domaine universitaire. Il est difficile aujourd’hui de percer à haut niveau pour un jeune rugbyman français. C’est donc important de continuer à mener de front ses études ?
C’est même primordial. D’ailleurs au centre de formation cela fait partie du cahier des charges. On sait tous à quel point c’est difficile de devenir pro. Même pour les joueurs qui sont au-dessus du lot ne sont pas à l’abri d’une blessure ou d’un mauvais choix. En plus, on a la grande chance de bénéficier d’aménagements qui nous permettent de concilier les deux activités au mieux.
Quelles études mèneras-tu l’an prochain ?
Si tout se passe bien je serai en licence MGE à l’IAE Grenoble.
Revenons au rugby. Tu avais déjà fait une partie de la préparation de pré-saison de l’équipe 1 l’an dernier. Dans quel état d’esprit et avec quel(s) objectif(s) abordes-tu celle-ci ?
L’an passé, je n’avais fait que les trois premières semaines sans participer aux matchs amicaux. Mon premier objectif sera donc très simple : franchir un palier en passant ce cap des premières semaines et en participant aux amicaux. Ce qui voudrait en plus dire partir en Argentine et se frotter aux Pumas… L’idée c’est d »essayer de gratter un peu de temps de jeu, de montrer qu’on est au niveau, qu’on peut bousculer un peu la hiérarchie.
Un peu à l’image de ce qu’a fait Jordan Michallet ?
Oui Jordan est un très bon exemple, il a su se créer des opportunités et en profiter pour montrer ce qu’il pouvait faire ce qui lui a permis d’intégrer le groupe pro.
Qu’as-tu pensé du discours de Marc Chérèque sur la formation lors de sa conférence de presse ?
C’est rassurant de voir que le club compte s’appuyer sur ses jeunes à l’avenir. Je pense que notre génération a montré qu’elle était de qualité en remportant ces deux titres. On voit que le club nous met également dans les meilleures conditions pour progresser au niveau des infrastructures, des équipes, de l’intégration à la préparation des pros. Mais après cela reste à nous de faire le travail, de saisir les occasions si elles se présentent.
Un des demi-de-mêlée du club (McLeod) n’arrivera que fin août. Cela fait partie des opportunités dont tu parles ?
Effectivement il y a un demi-de-mêlée de moins actuellement (il reste James Hart, Valentin Courrent et le jeune Lilian Saseras actuellement blessé, ndlr) donc forcément un peu plus de chances d’avoir du temps de jeu que quand il sera là. Mais on en revient toujours au même point de départ : il faut prouver, déjà tous les jours à l’entraînement, qu’on mérite d’avoir sa chance.
Pour conclure peux-tu nous dire un mot sur les imposantes barbes arborées par certains de tes jeunes coéquipiers (voir celle de Thibaut Rey) ?
(rires) En fait c’est la coutume de ne pas se raser pendant les phases finales. Certains ont trouvé que ça leur allait plutôt bien donc ils l’ont gardé. C’est peut être aussi l’occasion de montrer que nous ne sommes plus des enfants, mais ça il faudra avant tout le démontrer sur le pré (rires) !
Crédits photo : fcgrugby.com