Jonathan Tinhan (Amiens) : « Si je peux prouver qu’études et football de haut niveau sont possibles, tant mieux »
Les images identiques à celle ci-contre sont fréquentes. Jonathan Tinhan brille de 1000 feux depuis le début de la saison de Ligue 2 avec son club Amiens. Mais si le footballeur a fait et fait encore ses preuves chez les professionnels, c’est aussi le côté humain et intellectuel qui donne à Jonathan Tinhan, natif de Grenoble et formé au GF38, un charme à la personne. Entretien entre appel dans la profondeur et langage HTML.
Promu en Ligue 2 cette saison, le SC Amiens est reparti sur les mêmes bases que l’an dernier…
« L’avantage, c’est qu’on a gardé la même dynamique. Environ trois titulaires de l’an dernier sont partis et il y a des matchs où on commence la rencontre avec seulement une ou deux recrues. On se connaît vraiment bien et ça joue sur le terrain. La différence avec le National, c’est qu’en Ligue 2 on peut gérer ses temps alors qu’en National, c’est souvent attaque-défense et c’est rare d’avoir une équipe qui maîtrise l’autre. »
A titre personnel, c’est aussi le cas puisque tu comptes 7 buts en championnat, t’es-tu fixé un objectif?
« Mon seul objectif, c’est de prendre du plaisir. Je ne parle même pas de statistiques ou quoi d’autre. J’ai vécu des années difficiles alors depuis que je suis ici (il dispute sa deuxième saison), je ne pense qu’au plaisir. »
On te sait très curieux, que peux-tu nous dire sur la ville d’Amiens?
« Avant de signer ici, je dois avouer que je ne savais rien si ce n’est que c’était dans le Nord. J’avais même des a priori sur la ville. Cela a finalement été une agréable surprise. J’ai découvert la bonté des gens et la beauté de la ville. Le centre-ville est super sympa, il y a pleins de magasins et le côté pratique, c’est qu’Amiens est situé à 1h30 de Paris et de Lille. »
Après Montpellier, où tu as été champion de France, tu es passé par Istres ou le Red Star sans prendre vraiment de plaisir comme tu l’as dit toi-même. Proche d’arrêter le football, qu’est-ce qui t’a motivé?
« Les deux personnes qui m’ont motivé sont mon grand frère et mon agent. Ils m’appelaient tous les jours pour me convaincre de retrouver un dernier challenge. Ils m’ont rappelé les bons côtés du foot et c’est ce qui a joué. »
Lorsque tu t’es engagé avec Amiens, le fait que tu reprennes tes études était-il convenu dans le contrat?
« Pas dans le contrat mais j’avais prévenu le club que j’allais reprendre mes études et que je ne dérogerai pas à ça. Le club a de toute façon immédiatement accepter mon double parcours et mieux que ça, il m’a aidé notamment avec des stages que j’ai pu faire au club. On n’avait un accord que verbal mais le club a fait encore plus et pour ça, je les remercie encore. C’est ce qui a permis que je puisse avoir le bon équilibre. »
Alors à Grenoble, où tu as été formé, quand as-tu arrêté tes études pour te consacrer au football?
« J’ai arrêté après le BAC même si j’ai quand même été inscrit en « Tech de Co » en tant que sportif de haut-niveau. Mais, quand je suis passé pro au GF38, je ne pouvais pas faire les deux et j’avais pris la décision de mettre les études de côté. »
Quand t’es venue l’idée de reprendre?
« Dès mon départ de Montpellier. J’ai mis environ un an pour vraiment choisir ce que je voulais faire et c’est d’ailleurs grâce à l’aide de l’UNFP avec qui j’ai fait pas mal d’entretiens et de tests que j’ai trouvé ma voie. Je cherchais une filière que je pouvais faire de partout et où il y avait de la demande. »
Le Web et l’Informatique…
« Exactement ! J’ai donc fait un Bachelor en Marketing et en Vente en m’orientant plus vers la communication par internet et notamment les réseaux sociaux. En parallèle, je fais aussi une formation du métier webmaster designer qui consiste à la conception des sites. Je peux tout faire de chez moi sauf les partiels ou je dois aller sur Paris. »
Comment jongles-tu entre le foot et les cours?
« Au niveau des cours, je dois faire acte de présence deux fois dans l’année pour les partiels sinon, comme je le disais, je bosse de chez moi. Ou plutôt de la BU (Bibliothèque Universitaire) où il m’est plus facile pour bosser que de chez moi où il y a plus de tentations (rires). Et comme j’ai la chance d’habiter dans une ville étudiante, j’en profite. Je bosse quand je veux, je ne me mets pas de contraintes si ce n’est à environ six semaines des partiels où j’y vais le plus longtemps possible. J’ai passé les matières plus chiantes l’an dernier alors cette année, c’est plus cool. »
En quoi une carrière de footballeur pourra-t-elle te servir dans ta voie?
« Le monde du foot permet de rencontrer du monde et, en plus de ça, de faire parler de soit donc ça pourra peut-être m’aider en fin de carrière. Travailler avec des gens du milieu? Pourquoi pas, c’est peut-être plus facile de se faire comprendre par quelqu’un qui a déjà son vécu. Je lance bientôt mon site web ça pourra donner des idées. »
A contrario, ne penses-tu pas que l’opinion publique puisse avoir des idées reçues sur les footballeurs?
« Les footballeurs ont toujours été stigmatisés et si je peux prouver que les deux sont possible, alors tant mieux. On dit souvent, dans les centres de formations, de ne pas arrêter les études mais une fois que les jeunes arrivent en pro, ce message n’est plus d’actualité et je trouve ça dommage ».
Si tu devais t’imaginer dans 10 ans, quel sera ton lien avec le football?
« Je suis déjà sûr que je ne serai pas entraîneur, ça ne m’intéresse pas. Je ne me projette pas trop mais je ne m’imagine pas trop rester dans le foot plus que pour aller voir des matchs. Et si je dois continuer à jouer en amateur, pourquoi ne pas retrouver, pour le plaisir, mon ancien club de l’OC Eybens. »