Last Cup Of Sorrow
Que vaut vraiment la coupe de France ? Quand on voit le pathétique match auquel ont assisté quelques mille huit cent courageux spectateurs samedi soir au stade des Alpes, on serait tenté de répondre pas grand chose. En tout cas aux yeux des clubs professionnels.
Que vaut vraiment la coupe de France ? Quand on voit le pathétique match auquel ont assisté quelques mille huit cent courageux spectateurs samedi soir au stade des Alpes, on serait tenté de répondre pas grand chose. En tout cas aux yeux des clubs professionnels. On a beau enfilé les clichés et dire qu’en football tout est possible, il est quand même hallucinant de constater qu’un club de Ligue 2 ait besoin d’attendre la prolongation et la séance des tirs au but pour éliminer une équipe qui évolue en C.F.A. 2. Equipe qui, par ailleurs, était qualifiée jusqu’à la quatre-vint treizième minute. Il est ainsi difficile de comprendre le manque de motivation, de concentration et d’envie de la part d’un club qui végète dans les abîmes du classement de deuxième division. Pour des joueurs qui ne connaîtront sans doute jamais la joie de disputer des rencontres européennes ou internationales, il est assez déroutant de remarquer leur approche neurasthénique quant à l’idée de participer à une compétition vieille de plus de quatre-vingt dix ans. La coupe de France est en effet une épreuve plus ancienne que la coupe du monde et la Ligue des Champions, bien qu’elle demeure cependant beaucoup moins prestigieuse que sa voisine d’outre-Manche, la FA Cup, cent quarante ans au compteur.
La coupe possède néanmoins toujours son charme ancestral et son rituel de formules associées : les surprises, les Cendrillons, les Petit Poucets. Indéboulonnables marronniers du football hexagonal, ils reviennent à chaque hiver quand les équipes professionnelles entrent en lice et se font sortir par les « petits ». La presse (régionale ou nationale) se régale alors du triomphe de ces clubs amateurs, parfois jusqu’à l’overdose, notamment en 2000 lorsque le parcours de Calais jusqu’en finale fut l’occasion d’une célébration poujadiste des « vrais-gens-du-Nord-qui-sont-sympas » à la Jean-Pierre Pernaut, dégueulis populo-orgasmique dont le « phénomène » Bienvenue chez les Ch’tis fut son pendant cinématographique quelques années plus tard… Mais, ces considérations mises en part, il n’en reste pas moins que la coupe de France apparaît comme un trophée prestigieux (ce que ne sera jamais la coupe de la Ligue, son horrible consœur) que les formation pro auraient tort de négliger au prétexte de se réserver pour le championnat. Si des joueurs s’avèrent incapables de disputer cinq matches supplémentaires au cours d’une saison, il faudrait sérieusement songer à changer de métier.