Le regard d’un jeune rugbyman sur sa discipline – Julien Cressens
Tu évoquais le cas Joannes Henry. Penses-tu que le prêt peut-être LA solution qui permettrait à un jeune d’avoir du temps de jeu tout en restant dans le « circuit » ?
Le prêt peut être une solution, c’est un moyen de s’aguerrir pour le joueur. On a parlé de Joannes mais le bon exemple c’est aussi Louis Marrou qui s’éclate à Aix en pro D2. Maintenant je ne sais pas si le prêt tel que le pratique Grenoble est une solution. Ils ont plus la volonté de se donner bonne conscience en accompagnant le joueur pour la suite que de de véritablement prêter un joueur avec l’objectif de le récupérer l’année d’après pour le faire jouer. Le bon exemple pour moi c’est l’UBB qui place ses jeunes dans des clubs extérieurs vraiment pour les récupérer après. Mais je ne reste pas très fan du prêt dans tous les cas.
Pour aborder un autre aspect, certains déplorent également depuis plusieurs années la place prise par les joueurs étrangers en Top 14. Est-ce que cela ne deviendrait pas également une tendance aux étages inférieurs, je pense à Nevers capable d’attirer des joueurs ayant disputé le dernier mondial ?
Pour prendre un exemple que je connais bien, il y a 16 étrangers sur 30 joueurs à Chambéry et ce n’est pas forcément quelque chose d’exceptionnel en Fédérale 1. C’est même de plus en plus fréquent. Pourquoi des étrangers ? Tout simplement parce que ça coute moins cher à valeur égale. Le joueur étranger va prendre deux fois moins qu’un Français, le choix est vite fait. Un club comme Bourg-en-Bresse a les moyens de prendre des Français avec ses 4 millions de budget, les autres clubs doivent faire avec moins d’où le recours plus systématique à des non Français. C’est difficile de donner tort à ces clubs.
A contrario on ne voit pas de jeunes Français s’expatrier dans les grands championnats. As-tu une explication ?
Pour l’anecdote moi j’ai failli postuler aux WASPS parce que je devais intégrer un centre de journalisme anglais mais cela ne s’est pas fait finalement. Il y a plusieurs réponses à ta question. Déjà dans certains pays il y a des quotas d’étrangers à respecter. Ensuite pour être franc je pense que les jeunes joueurs français n’intéressent absolument pas les nations du sud (rires).
Après se pose le problème de la langue, le fait d’être hors des radars en cas de volonté de retour et c’est un modèle très différent sur la rigueur, le professionnalisme. Je pense que ce serait très difficile par un Français de s’intégrer à ce niveau là. J’essaye de te trouver un exemple des différences mais ce n’est pas facile les jeunes anglo-saxons qui sont venus à Grenoble sont plutôt des fêtards (rires). Allez si il y a quand même James Hart qui est un modèle de professionnalisme, qui ne fait presque pas de bringue dans la saison et qui travaille tout le temps. Pour moi il est représentatif du modèle irlandais. Donc un Français qui débarquerait là-bas devrait se plier à ce modèle là, très rigoureux, et ce n’est peut-être pas dans notre mentalité.
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