L’eau salée, la meilleure des préparations mentales ?

Trois compères des Brûleurs de loups ont ouvert le premier centre de « flottaison » à Grenoble. Le principe ? S’allonger sur de l’eau salée…dans le noir pendant au moins une heure. Ce soin encore peu développé en France pourrait soulager le stress, qui atteint de plus en plus de personnes aujourd’hui. Mais aussi changer la manière de récupérer des sportifs.

Depuis un peu plus d’un mois maintenant, le 2 rue de Narvik accueille un nouveau centre de soin hydrothérapique, autrement dit un spa. Mais un spa à l’eau salée. Dans un décor de sauna nordique, trois pièces individuelles équipées d’une douche. Elles accueillent chacune une sorte de capsule aux allures de navette spatiale. Dans ces capsules d’environ 1m50 de hauteur sur 2m50 de largeur ? 25 cm d’eau à température du corps, saturée avec 550 kilos de sulfate de magnésium, autrement dit du sel. « C’est trois fois plus dense que la Mer Morte », précise Stéphane Gervais. Cet ancien hockeyeur a passé quatre saisons chez les Brûleurs de loups avant sa retraite sportive en 2017. À l’issue de laquelle il rejoint le staff d’Edo Terglav comme préparateur physique.

Ça tombe bien, il rapporte ces « capsules d’eau salée » directement du Canada pour peut-être transformer les méthodes de récupération des sportifs en France. « À la fois, vous récupérez physiquement, mais aussi mentalement. » Comment ? En restant plongé dans le noir minimum une heure. Pendant ce lapse de temps, le corps se nourrit en magnésium, élément chimique dont il manque souvent. L’eau permet aussi aux muscles de se détendre et de favoriser la récupération physiologique. « La première fois qu’on le fait, on a le sentiment de voler, on est complètement détendu » raconte Christophe Tartari. Avec Julien Baylacq, ils sont devenus adeptes de cette technique de soin. Ces actuels joueurs des Brûleurs de loups montent le projet avec Stéphane Gervais qui précise : « On a le sentiment de voler parce que la densité de l’eau fait que les points de fixation sont supprimés et à partir d’un certain moment de détente, on ne sent presque plus l’eau ».

Le GF38 et le FCG intéressés

En réalité, le vrai nom de ces capsules est « caisson d’isolation sensorielle ». Il est inventé par le neuropsychiatre John Cunningham Lilly. Le scientifique américain voulait notamment étudier à quel point les stimulations extérieures perturbent notre cerveau et limite sa créativité. « Des artistes ont testé au Canada. Et ils ont pu construire des œuvres à partir de leur imagination dans le caisson. Ce qu’ils n’arrivaient pas à faire dans la vie de tous les jours ». Pour Stéphane Gervais, ce principe peut s’appliquer aux joueurs. « Pas mal de joueurs de chez nous (des Brûleurs) ont testé. Les gardiens par exemple visualisaient mieux les arrêts, les attaquants leurs gestes, ils se rappelaient des situations de matches…C’est parfait pour la préparation mental. » Isoler de la préparation, du bruit, du toucher, l’esprit est plus libre et l’imagination débridée. Ce qui permet de mieux imaginer les situations de jeu et de favoriser la solution à ces dernières. « Certains joueurs n’ont pas voulu essayer avant les matches par exemple, parce qu’ils pensaient que ça allait les rendre trop détendus », détaille Stéphane Gervais. En tout cas, la méthode connaît son succès puisque le GF38 et le FCG se sont montrés intéressés. Olivier Guégan a même reconnu après le match contre Concarneau (20 décembre) que le staff « réfléchissait à faire tester par les joueurs ». Mais le trio ne veut pas s’enflammer : « On n’est ouvert que depuis un mois. Donc il faut y aller doucement. Mais c’est flatteur que la méthode plaise, c’est sûr. Il ne reste plus qu’à en discuter autour d’un café (rires) », tempère Christophe Tartari.

« Ça n’est pas réservé qu’aux sportifs »

« Après, ça n’est pas réservé qu’aux sportifs. C’est très utile pour les gens surmenés, stressés. Et les gens nous disent que ça a des effets positifs dès la première séance » explique Stéphane Gervais qui est devenu « accroc aux bains salés après qu’un ami canadien lui ait fait découvrir ». Encore peu développée en France, cette technique est encore peu développée en France. Des centres à Paris, Lille ou Bordeaux en proposent. « Au Canada, ça s’est diffusé assez vite, alors pourquoi pas ici ? » interroge le trio qui conclut en rigolant : « Ça fait quoi, une dizaine de jours qu’on en a pas fait ? On se rend compte que ça nous manque. » Ils conseillent une séance par mois pour commencer et inclure progressivement les séances dans son quotidien.

• Le prix d’une séance 69 euros