Les Centaures sont dans la place

Une histoire riche, un présent marqué du sceau de la réussite et un avenir qui s’annonce radieux. Le club de football américain grenoblois n’a pas fini de faire parler de lui, ralliant de plus en plus de supporters à sa cause. Entretien avec Cédric Esserméant, jeune président des Centaures, et Florian Sasso, chargé de com’ et joueur du club.

Une histoire riche, un présent marqué du sceau de la réussite et un avenir qui s’annonce radieux. Le club de football américain grenoblois n’a pas fini de faire parler de lui, ralliant de plus en plus de supporters à sa cause. Et c’est tant mieux comme ça. Entretien avec Cédric Esserméant, jeune président des Centaures, et Florian Sasso, chargé de com’ et joueur du club.

Messieurs, peut-on dire pour commencer que la saison est pour l’instant réussie au-delà de vos espérances ?

Cécric Esserméant : « Clairement oui. On avait beaucoup écouté ce qu’on nous avait dit, c’est à dire attention, l’élite demande un gros budget, il faut de super joueurs américains, vous allez prendre des tannées toute la saison, vous risquez de redescendre… On y est allé quand même, avec un objectif en fonction de ça. Je me souviens des paroles que Paul Braisaz a tenu en septembre dernier : « Si on gagne un match en élite… », ce n’est pas vieux. Finalement, en ayant un bon état d’esprit, en mettant une bonne pression, en travaillant on voit qu’il se passe des choses intéressantes et d’évoluer dans ce championnat reste possible. »


Le recrutement de Charles-Antoine Sinotte et Anthony Lukca, vos deux Canadiens, s’est également révélé décisif…

Cédric Esserméant : « Le recrutement a en effet beaucoup joué pour fédérer l’équipe dans une bonne dynamique de travail, pour amener des compétences, aussi dans l’encadrement. Ils font la différence sur le plan de la mentalité. Personne ne leur avait dit que ce n’était pas possible donc ils sont venus et ils l’ont fait. Ils ne connaissaient pas le contexte et viennent d’une fac’ où il n’a pas un gros programme de foot donc ils ont l’habitude d’être dans la difficulté. »

Florian Sasso : « Le fait qu’ils soient francophone est également un petit plus. Ils se sont bien intégrés et relativement rapidement. On connaît la bonne humeur québécoise… On comprend également mieux quand ils nous expliquent un nouveau système de jeu. Surtout moi qui monte de Junior. C’est plus difficile, le jeu est plus compliqué etc. C’est globalement plus facile d’être coaché par un francophone et on a gagné un précieux temps en début de saison. »

S’inscrivent-ils uniquement sur un plan d’un an ?

Cédric Esserméant : « L’idée départ était pour une saison vu nos faibles moyens mais maintenant, vu les résultats et les bénéfices que nous en tirons, on leur a proposé pour l’an prochain. Pour Charles, ce ne sera pas possible car il reprend ses études. Pour Anthony, c’est une des possibilités de choix pour la suite. Cela fait en tout cas gagner du temps quand un joueur étranger revient d’année en année. »

Malgré les résultats plus que positifs, avez-vous tout de même des regrets sur le début de saison ?

Cédric Esserméant : « Quand il n’y a pas la victoire au bout, on a des regrets. C’est l’état d’esprit que les Canadiens ont apporté. Tout le monde a envie d’aller mettre des points jusqu’à la dernière seconde d’un match. Aix, c’était jouable, le score n’est pas très parlant. On avait de vraies chances de revenir. Le match nul à Saint-Ouen peut aussi laisser des regrets, le match était à notre portée. Amiens, même si le score est lourd, on aurait pu accrocher cette équipe bien mieux que ça si on s’était montrés plus disciplinés. On n’a pas joué notre meilleur foot contre une équipe vraiment très très forte. »

Florian Sasso : « Pour compléter ce que Cédric a dit sur l’état d’esprit, pour moi, qui fais partie des jeunes joueurs, je peux dire que dès qu’on a la possibilité d’entrer en jeu, on donne absolument tout, sans calculer. Il faut faire nos preuves dès qu’on est sur le terrain, comme c’est arrivé face à Amiens. Peu importe le score et l’adversaire, on est là pour prouver. »

L’objectif de maintien du début de saison a-t-il été revu à la hausse ?

Cédric Esserméant : « Oui, maintenant on veut aller chercher les play-offs, donc finir dans les quatre, et ainsi obtenir une invitation pour la Coupe d’Europe l’année prochaine. »

Imaginais-tu de pouvoir parler d’Europe il y a 10 ans alors que le club repartait de zéro ? Peux-tu d’ailleurs nous faire un petit historique de l’aventure des Centaures depuis ?

Cédric Esserméant : « L’équipe est montée en élite pour la saison 97/98 mais a pris tellement de tôles que l’année suivante on n’a pas du tout joué. Thierry Rouvier n’a pas voulu en rester là et on est reparti de zéro en 2000. On a été champions de D3 2004 puis on est monté en puissance doucement. Cela a pris 10ans au total. Moi, je suis arrivé la saison élite, j’étais encore Junior, et je suis président depuis l’année dernière avec un projet pour les 4 années qui viennent. »

Quel est justement ce projet ?

Cédric Esserméant :
« L’objectif sportif à 4ans était de jouer les play-offs en élite. On a peut-être gagné un peu de temps (rires)… La valeur centrale est que si on ne fait pas, il ne se passe rien. On ne peut pas rester assis sur une chaise en attendant qu’on veuille bien nous donner de l’argent. Il faut agir pour avoir un retour. Il faut de l’ambition qui se transforme en volonté qui elle-même se transforme en action. C’est ce qu’on essaye de faire et d’expliquer à tout le monde. Une association, ce n’est pas cinq dirigeants qui font tout et 200 consommateurs en dessous qui profitent. C’est comme pour un sport co’ : si tout le monde collabore, on obtient des résultats. Cela prend du temps de rééduquer tout un système mais on a déjà de très bons résultats. Avant, par exemple, les parents s’impliquaient peu, ce qui n’est plus le cas. On s’est retrouvé à plusieurs dizaines pour définir ce qu’on voulait faire et comment on allait le faire. Les choses ne sont pas parfaites mais on a des résultats. »

Florian Sasso : « Le développement de notre notoriété est le nerf de la guerre cette année. L’idée est de montrer que nous ne sommes pas juste des grosses brutes qui se tapent dessus. Il faut éduquer les gens. Ce n’est pas une mince affaire mais on est mieux suivi médiatiquement cette année ce qui facilite un peu la tâche. Par ailleurs, à tous nos matchs à domicile on distribue des flyers, sous forme de bande dessinée, avec toutes les règles expliquées de manière très simple et ludique. »

Cédric Esserméant : « On complète ça avec un commentateur qui explique le match au fur et à mesure, qui met un peu d’ambiance aussi. Quand on vient à un match, on comprend ce qui se passe et comment ça marche. On fait ce travail de promotion pour le foot américain mais aussi pour le cheeleading. »

Florian Sasso : « C’est aussi franchement de plus en plus facile de communiquer. Maintenant les journalistes nous sollicitent eux, on commence à les connaître, savoir ce qui les intéresse, comment les orienter. On a également plusieurs retombées indirectes. Une boite de production nous a ainsi contacté pour participer à une émission de M6 l’an prochain, « les fous du stade ». C’est un concept un peu à la « interville » avec deux équipes s’opposant sur des petits jeux. La première émission serait ainsi consacrée au foot américain, il y aurait les Cougars et nous. C’est bon pour notre sport et c’est très bon pour nous. »

Pouvez-vous également nous dire quelques mots sur le projet commun mené avec les Brûleurs de Loups et les Yeti’s ?

Cédric Esserméant : « L’idée est de fédérer les clubs autour de leur ville pour que quand un club vient jouer les Centaures ou les Yeti’s, par exemple, il vienne jouer contre « Grenoble », avec une identité de ville et avec la force de supporters que cela peut représenter. Le mouvement a été initié par Nicolas Tomasini le directeur sportif des BdL, qui est pourtant celui qui a le moins à gagner dans l’histoire. C’est un ancien des Centaures et il a de bonne relation avec les Yeti’s d’où ces 3 clubs. Ce n’est pas simple à mettre en place, ça va se développer petit à petit et on espère que plusieurs clubs nous rejoindront. C’est bien que cela ne vienne pas de la Ville mais des sportifs eux-mêmes. L’idée est que ça se passe un peu à l’image d’une université américaine où les gens portent les couleurs de la fac’, vont voir tous les sports. C’est leur identité. Si dans 10ans on arrive à avoir un truc comme ça, on aura gagné. »

Florian Sasso : « Pour rebondir sur ce que dit Cédric, on a commencé à réfléchir par exemple à une ligne de produit unique, avec un logo propre, pour que les fans grenoblois se retrouvent derrière une identité de ville. »

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