Ligue 2 GF38 – Istres (0-2) : l’analyse (18/02/2011)
« J’ai l’impression d’être revenu 3 ou 4 mois en arrière, on a été inexistants. » Très abattu et déçu à l’issue du match, Yvon Pouliquen a livré une analyse dure de la prestation de son équipe…
« J’ai l’impression d’être revenu 3 ou 4 mois en arrière, on a été inexistants. » Très abattu et déçu à l’issue du match, Yvon Pouliquen a livré une analyse dure de la prestation de son équipe. Grenoble a il est vrai clairement déçu. Mise à part l’indigeste première demi-heure, le match face à Nîmes avait été d’un très bon niveau et même la défaite au Mans pouvait être porteuse d’espoir sur le plan du jeu. 90 minutes auront suffi pour ramener sur le chemin de la raison les optimistes qui tablaient dors et déjà sur une remontée fantastique du GF38 au classement. S’il n’est pas une mission impossible (bien que l’écart avec le premier non relégable soit désormais de 7 points), le maintien va être difficile à aller chercher. C’est une certitude. Surtout si les Isérois manquent autant de combativité que lors du second acte face à Istres.
Le constat dressé par le coach alpin paraît toutefois un peu sévère. Il n’aurait pas été scandaleux de voir Grenoble mener 3-1 à la mi-temps, par exemple, ce qui aurait entraîné une toute autre analyse du match. Seulement le problème récurrent d’efficacité a encore frappé. Les Grenoblois se sont créés de nombreuses opportunités pendant la première période, sous l’impulsion d’un Matsui plutôt en jambes, qui a délivré plusieurs offrandes et qui a fini par lever les yeux au ciel en voyant leur utilisation. Avec Matsui, c’est l’utilisation globale des couloirs qui a été satisfaisante pendant le premier acte, avec notamment un Turan très présent sur le plan offensif mais aussi des joueurs axiaux n’hésitant pas à écarter la défense provençale au maximum en décrochant sur les côtés. Et comme défensivement, le GF38 s’est montré plutôt serein (à l’exception d’une énorme occasion vendangé par Palmieri), la balance a clairement penché en faveur des pensionnaires du Stade des Alpes pendant les 45 premières minutes.
Il n’a manqué qu’un but. On peut difficilement reprocher à Turan d’avoir vu son coup-franc boxé par Petric (22′) ou à Mandrichi d’avoir trop croisé sa frappe du droit (21′) étant donné les nombreux buts décisifs marqués par les deux joueurs cette saison. De fait, c’est Joseph Mendes qui a cristallisé les critiques. Tantôt acclamé (Dijon, Nîmes), tantôt sifflé (Sedan et donc Istres), le jeune attaquant est le symbole de la versatilité du public (mais aussi parfois des médias). Il a en effet loupé de grosses occasions en ce vendredi soir : d’abord lancé dans l’axe par Matsui avec une frappe au-dessus après avoir pourtant bien résisté à son défenseur (24′), puis en étant incapable de cadrer sa tête sur une merveille de petit centre de Turan (43′). C’est un problème en soi mais découle peut-être surtout d’un autre problème plus profond. Que ce soit dans les équipes de jeunes ou avec la réserve en début de saison, Mendes n’a jamais été un grand finisseur, d’après ses formateurs eux-même. Il a des qualités physiques, de percussion, d’élimination mais pas à proprement parlé de buteur, d’où une utilisation fréquente sur le côté droit plutôt que dans l’axe jusqu’à cette saison. Il n’était non plus même pas assuré d’une place de titulaire en CFA en début d’année. Il a su saisir sa chance et énormément progresser mais il a atteint, très logiquement, un plafond de verre. Il est tout simplement à son niveau, le niveau d’un joueur de 19ans qui a très peu de matchs en pros derrière lui et qui dispose sûrement d’une grosse marge de progression.
La vraie question est : pourquoi joue-t-il ? Probablement parce que son entraîneur pense qu’il est le meilleur actuellement à son poste. Ce qui pose le problème des joueurs considérés comme moins bons : Lasimant et Dos Reis, pour ne pas les citer, deux joueurs recrutés (à tort ou à raison) pour être des atouts sur le plan offensif qui à de rares exceptions près n’ont rien démontré depuis leur arrivée sur les bords de l’Isère. Quand Pouliquen a décidé de remplacer Mendes, il n’a d’ailleurs fait appel à aucun des deux puisque Namouchi, un milieu offensif, qui est entré. Il ne faudrait donc peut être pas enterré trop rapidement un jeune joueur qui a certes manqué son match mais qui n’est certainement pas l’unique responsable du manque d’efficacité de l’équipe dauphinoise.
Ce qui n’est en revanche pas défendable, c’est la prestation du GF38 en seconde période. Nassim Akrour a d’ailleurs donné une leçon d’efficacité (imité peu après par Palmieri). Lui dont on ne voulait plus au GF38 et qu’on a remplacé par des joueurs trainant leur misère sur le banc. Lui qui a marqué son septième but de la saison. Presque trop tranquillement. Défensivement, les Isérois n’y étaient plus non plus au cours de ce second acte où Petric n’aura tout simplement eu aucune parade à faire (si ce n’est se pencher pour ramasser les deux frappes écrasées de Mandrichi et Matsui + quelques sorties aériennes et une sortie dans les pieds de Namouchi). L’ « inexistant » employé par Pouliquen fut donc tout à fait légitime pour les 45 dernières minutes, il est même difficile de sortir un joueur du lot dans cette parodie de football qu’ont livré les Isérois.
Même après une bonne série, même après une défaite honorable chez le leader, Grenoble n’est pas à l’abri d’une grosse rechute. Et c’est peut-être bien ça le plus inquiétant.
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Le compte-rendu du match
Crédit photo : Alain Thiriet