Mikaïl Gültekin, les mains de Picasso

Mikaïl Gültekin, les mains de Picasso

img_0106Il n’a que 21 ans, et pourtant il est la sérénité. Gants sur les mains, Mikaïl Gültekin, est l’ange gardien du FC Picasso. L’enfant du club est l’exemple type de la persévérance.

Petit, il commence le football dit « traditionnel ». Mais à l’âge de 11 ans, c’est l’appel de la salle. « Mon oncle était gardien de but à Picasso. J’ai voulu essayer. », déclare Mika. Pendant un an, le jeune échirollois fait les deux. Il s’en sent capable : « J’avais de l’énergie à revendre. » L’année suivante, il décide de se focaliser. « Le FC Echirolles faisait des chi-chi et me faisait poireauter pour faire ma licence. Ca m’a saoulé et j’ai arrêté. » A l’époque déjà, le caractère. Il reconnaît après coup, quelques regrets : « J’aurai dû continuer. Quand je vois le niveau atteint en futsal, je me dis que si j’avais continuer à 11 peut-être que j’aurais percé. »

miki vs bastia

Précoce, le gardien de Picasso fait ses gammes mais a déjà de l’avance. À 14 ans seulement, il démarre avec les seniors 2 du club échirollois. Après une saison pleine avec la réserve, il a même sa chance en équipe première l’année suivante pour le dernier match. À 16 ans, deux matches. À 17, titulaire. Le petit Mika avait remplacé son oncle Erol entre les montants.

Depuis, c’est le haut niveau pour celui qui estime qu’au futsal « 70% de l’équipe c’est le gardien. » « Tu es constamment sollicité. Il faut être à 100% tout le temps. » estime Mikaïl. En quatre saisons, l’Echirollois a côtoyé les sommets et s’est fait un nom dans le milieu. « J’ai été sollicité par plusieurs clubs mais je reste à Picasso. J’ai tout à Grenoble : ma famille, mon travail, mes amis. Pourquoi partir ? L’argent ne m’intéresse pas. La seule chose qui pourrait me faire flancher se serait un challenge à l’étranger. En Italie ou en Espagne de préférence. » En plus d’être un des portiers références du championnat de France, Gültekin a une expérience d’international :« J’ai été convoqué à plusieurs reprises en équipe de France espoirs. C’est un autre niveau. »

miki turque

Mais voilà, depuis peu, Mika a fait « le choix du coeur » : « J’ai décidé de défendre les couleurs de la Turquie. » Il s’explique : « C’est une fierté de jouer pour le pays de mes parents. Je les rends fiers. Aujourd’hui, au sein de la sélection turque j’ai un statut. » Ce qui ne fait pas l’unanimité au sein de la fédération française : « Je suis potentiellement encore sélectionnable avec les Bleus. D’ailleurs, on m’appelle souvent. Mais j’ai pris ma décision et je n’ai aucun regrets. »

Mais cette belle histoire, qui s’écrit toujours, aurait pu s’arrêter brutalement il y a trois ans : « J’ai eu un accident de la route assez grave avec mon meilleur ami, Djalil Amroune. J’ai survécu mais lui est décédé. » Le Turc reconnaît que sans les paroles de son  »frère », il aurait arrêté : « Il m’a poussé à continuer. Aujourd’hui, quand je joue, je ne suis pas seul. Il est avec moi. » Plus fort, il est les mains de Picasso. Pas celles de l’artiste espagnol, celles d’un sportif à l’aventure prometteur.