Nassim Akrour au GF38 : du 9 avec du vieux ?
Nassim Akrour a sa place réservée au Panthéon des footballeurs ayant porté un jour le maillot du Grenoble Foot 38. Un rang de choix, mérité au vu de son apport sportif et humain pendant ses années iséroises. Pas question ici de remettre en question les qualités indéniables de l’homme et du joueur. Mais il nous semblait intéressant de se faire un peu l’avocat du diable alors que la rumeur d’un retour d’Akrour dans la capitale des Alpes devient de plus en plus consistante.
Nassim Akrour a eu 39 ans en juillet dernier. Si on peut se montrer serein sur la condition physique de « marathon man », qui a toujours eu une hygiène de vie irréprochable, il ne représente pas l’avenir du club. Cette vision à très court terme du club, justifiée par la quasi obligation affichée de remonter en National dès cette saison, est à double tranchant et va impliquer une reconstruction rapide.
On peut également s’interroger sur la possibilité de transmission d’expérience – qui là pourrait avoir un impact sur le moyen terme – vu l’âge des autres joueurs offensifs de l’équipe. L’aura d’Akrour est grande et il n’y a pas d’âge pour arrêter de progresser, donc après tout pourquoi pas…
Malgré plus de petites blessures que les saisons précédentes, Akrour a encore participé à 32 rencontres de Ligue 2 la saison passée sous le maillot d’Istres. Si on retient ses deux buts à Nantes lors de la dernière journée, il n’a en revanche trouvé le chemin des filets qu’à 5 reprises (dont 1 pénalty), ses statistiques étant nettement en baisse à ce niveau là (sa fiche sur le site de la LFP). Une vision un peu froide et pas toujours révélatrice de l’impact d’un joueur, mais c’est surtout sur son nombre de réalisations que l’on juge un buteur.
Les joutes en CFA sont rugueuses. Peut-être pas plus qu’en Ligue 2 – et encore, mais vu son pédigrée on peut imaginer que le meilleur buteur de l’histoire du GF38 bénéficierait d’un traitement de faveur visant à réduire son impact.
Grenoble ne disputera que 30 matchs cette saison, peut-être même que 28 si Calvi est forfait et non remplacé. Il n’est certes pas à l’abri d’avoir son lot de blessés. C’est d’ailleurs un peu le cas en ce début de saison. Est-ce qu’empiler des titulaires en puissance est une bonne idée pour autant ? L’avenir le dira, mais ce qui est certain c’est que la gestion de l’effectif risque d’être une donnée clé cette année. Si on prend un joueur avec le cursus d’un Akrour, c’est pour le faire jouer. Ce qui va automatiquement reléguer sur le banc voire hors du groupe des joueurs qui pourraient prétendre à une place de titulaire dans n’importe quelle autre formation de CFA. Des joueurs qu’il ne faudra pas « perdre » en cours de saison pour autant.
Si on peut comprendre la volonté d’un coach de renforcer au maximum son équipe, d’autant vu les problèmes d’efficacité rencontrés depuis le début de la préparation, on peut aussi se dire que Raon l’Étape a terminé devant Grenoble l’an passé sans forcément posséder en son sein de joueurs ayant évolué plus haut auparavant.
En lien, malgré toute sa classe, un attaquant reste dépendant des joueurs qui l’entourent. Nassim Akrour est attendu comme le buteur providentiel. Il peut l’être, mais il lui faudra des munitions. L’imaginaire collectif retient forcément ses chefs d’Å“uvre inscrits face à Rennes et au Paris Saint-Germain en Ligue 1. Mais est-ce qu’Akrour aurait pu faire mieux que les attaquants récemment alignés face à La Duchère ?
Le championnat débute dans 10 jours. En ce lundi 7 août, le club n’a pour le moment annoncé aucune signature du joueur (et ne le fera d’ailleurs peut-être jamais même si la tendance semble plutôt à un recrutement). Nous ne sommes pas dans le secret des dieux au sujet des négociations qu’entreprend le staff alpin, ni dans la tête des différents acteurs. Ce que l’on sait, c’est que la piste Akrour est loin d’être évoquée depuis seulement quelques jours et que des contacts concrets existent depuis longtemps entre les deux parties – le DL écrivait ainsi dès fin mai que le joueur avait été sondé par le staff.
Là où un Giuly a par exemple annoncé il y a plusieurs mois revenir à Chasselay, l’avenir de Nassim Akrour a été plus flou cet été. Il est possible l’interpréter de deux façons, en le rapportant à Grenoble. La négative : Akrour n’envisage pas un retour à Grenoble sans conditions (qu’elles soient sportives, financières, humaines…) et l’argument « club de cÅ“ur » ne serait donc pas prioritaire. La positive : l’attaquant estime avoir les jambes pour s’offrir un dernier défi et ne s’engagerait donc pas dans une optique de semi-retraite ou un choix par défaut. Le terrain parlera. Après cherché à tempérer cette vision du « sauveur » (on peut réussir sans et échouer avec), il faut reconnaître qu’un Nassim Akrour catalyseur des énergies positives autour du club et locomotive, sur et en dehors du terrain, tirant l’équipe vers le National, aurait quand même une sacrée gueule.
Crédit photo : FC Istres