Olivier Giroud : « Rareté fait valeur »
Pour inaugurer la toute nouvelle rubrique Paroles de Sportifs (#PDSMS) – dont la première thématique tourne autour de « la médiatisation, l’image et et le rapport à la presse », nous pouvions difficilement trouver plus pertinent qu’Olivier Giroud. En l’espace de quelques années, ce dernier a en effet vu sa médiatisation grimper en flèche et son image passer de celle d’un honnête joueur professionnel à un international français aujourd’hui incontournable avec les Gunners d’Arsenal et pion important de la sélection tricolore.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit hommage sera de mise, du point de vue de l’intervieweur. J’ai eu la chance de pouvoir réaliser des sujets sur Olivier Giroud quand il foulait encore la pelouse du Clos d’Or avec la réserve du Grenoble Foot 38 (CFA2), peu avant sa première sélection en équipe de France, alors qu’il se lançait avec Montpellier dans une saison de tous les succès, et il y a quelques jours. Un constat s’impose, pouvant peut-être paraître d’une évidence absolue pour certains : Olivier Giroud n’a absolument pas changé. Même disponibilité, même simplicité, même humour, même recul sur lui-même.
Ce n’était pas inutile de le préciser au moment d’aborder, entre autre, la question de l’ « image ». Si la perception du joueur a évolué, forcément, avec les succès, l’homme est resté lui-même. Les grands traits de son rapport à la médiatisation – auto-gestion de sa communication, volonté de ne pas se disperser, attachement à ses racines – le démontrent également comme vous pourrez le constater ci-dessous. Interview.
Olivier, quel souvenir gardes-tu de ta première interview/1er passage dans la presse ?
Ce n’est pas forcément ma première interview qui me vient en tête immédiatement mais une vidéo réalisée par Damien Lanceraux (ex-vidéaste pour le GF38, notamment) le lendemain de mon premier but avec Grenoble (face au Havre… et Steve Mandanda, au stade Lesdiguières, en février 2007). Déjà parce que cela faisait suite à un moment très fort : mon premier but en pro, devant ma famille, mes amis. Ensuite parce que je portais un pull rose ce jour là et que je me suis fait chambrer pendant un long moment (rires)…
Quelles ont été les grandes étapes de ta carrière en terme de médiatisation ?
Quand je suis arrivé à Tours, pour mon premier transfert (en 2008) j’ai eu droit à ma première vraie conférence de presse devant quelques journalistes. Pas grand chose quand je compare à ce que j’ai connu par la suite mais je me souviens avoir été un peu impressionné à l’époque.
Ensuite, avec la Ligue 1 et Montpellier cela a vraiment pris une toute autre envergure, avec beaucoup plus de presse nationale, l’Équipe TV… L’arrivée en équipe de France a été la grosse étape suivante mais la grosse différence avec Montpellier, au-delà de la masse de journalistes, ce sont les infrastructures. Je me suis retrouvé à Clairefontaine avec une salle de presse immense à devoir faire face à beaucoup de monde.
A Arsenal, paradoxalement j’ai peut-être à faire à un peu moins de journalistes directement mais les joueurs ont davantage de « responsabilités » en interne avec des interviews à accorder à la télé du club ou des opérations marketing.
Dans un article d’octobre 2011 (Lire : Olivier Giroud, buteur né) réalisé peu après ton premier passage au Canal Football Club tu avouais avoir mis un peu de temps à te sentir à l’aise. Est-ce un domaine sur lequel tu as dû travailler ou est-ce que l’enchaînement des plateaux t’a permis de naturellement progresser ?
Je pense que c’est un exercice où j’ai toujours été plutôt à l’aise. Après il y a toujours cette petite appréhension au départ. Cette crainte de trébucher, de bafouiller. D’autant quand c’est un premier passage en direct, devant plus d’un million de téléspectateurs ; on n’a vraiment pas le droit de se rater dans ces moments-là. Sinon pas de travail particulier effectué. J’essaye surtout de faire attention à mon élocution et après effectivement avec le temps ce genre de passage télé devient naturel.
On peut t’entendre régulièrement répondre à des interviews en anglais. Tu n’as aucune appréhension particulière liée au fait d’avoir à employer une langue qui ne t’est pas naturelle ?
Cela ne me dérange pas spécialement et j’ai essayé de me mettre rapidement dans le bain puisque je crois que dès mon premier mois à Arsenal j’ai eu ma première intervention en anglais. Là par contre je sens que c’est un domaine où je progresse et je pense être de mieux en mieux dans cet exercice.
Pour rester sur cet angle « anglais », il est fréquent d’entendre dire que la presse française est une crème à côté de sa voisine d’outre-Manche. Quelle est ton opinion sur la question ?
J’approuve (rires). La presse française est effectivement plus « gentille ». En Angleterre, la première différence est déjà sur le traitement global du football. On en parle beaucoup, sur tous ses aspects. Il est vraiment au centre de toutes les discussions. Ensuite, il y a effectivement un aspect plus « agressif » vis à vis des joueurs, surtout vis à vis des Anglais et encore, quand on est international français il faut faire très attention à son comportement sur et en dehors du terrain. Tout est épié, les tabloïds britanniques sont à l’affût du moindre petit écart.
A combien estimes-tu le nombre de sollicitations dont tu fais l’objet aujourd’hui et quelle est ta politique d’acceptation ?
Entre les demandes d’interviews et les sollicitations pour des shoots ou autres je dirais au moins deux ou trois par semaine. Pour les limites : je refuse tout ce qui peut concerner ma vie privée. Après je pense qu’il est important de ne pas trop en faire. Rareté fait valeur dans ce domaine. J’essaye de privilégier « l’impact » c’est à dire l’Équipe, France Football ou les médias qui viennent avec des gros sujets. Pareil pour la télévision. Déjà, je n’ai pas forcément le temps d’aller sur Paris donc cela limite mes apparitions. Après, j’essaye de passer au moins une fois par an sur chacune des grosses chaînes. Les sollicitations peuvent être nombreuses et c’est important de ne pas trop se disperser.
Pourtant, on peut te voir régulièrement dans les médias « grenoblois »…
C’est quelque chose qui me tient en effet particulièrement à cœur et que j’apprécie de faire. Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. J’ai aussi ma famille et mes amis qui me continuent de me suivre sur place et à qui cela fait plaisir de me voir dans la presse locale.
Penses-tu que le traitement médiatique d’un joueur peut avoir une influence sur sa carrière et que penses-tu de ton image dans la presse ?
C’est une donnée qui compte aujourd’hui. Quelque chose qu’il faut faire, qui fait partie du métier. Quand on fait un beau sujet sur toi, avec un angle positif, c’est bénéfique pour ton image ; et l’inverse est également vrai. Il y a des répercussions. Mais comme je te le disais je pense que c’est aussi très important de savoir ne pas trop se montrer.
En ce qui concerne mon image dans la presse je pense qu’elle est plutôt bonne jusque là mais ce n’est pas non plus quelque chose qui me préoccupe beaucoup.
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