Pierre Jacky : « Si l’Espagne a demandé à jouer contre l’équipe de France, ce n’est pas un hasard »
L’équipe de France de futsal dispute en Turquie, du 8 au 11 avril, les éliminatoires à l’Euro 2018. Avant d’affronter l’ogre russe, le sélectionneur national Pierre Jacky dévoile quelques raisons de croire à la qualification, au moins pour les barrages. Les sondages sont favorables et la France s’engage dans cette campagne avec beaucoup d’espoir.
Interview réalisée par Steeven Devos que vous pouvez retrouver sur la page Steeven Devos – Futsal (où se trouve une itw vidéo de Kévin Ramirez)
Vous débutez les éliminatoires à l’Euro 2018 de futsal face à la Russie, l’une des plus grandes nations de la discipline.
On commence effectivement par un gros morceau. C’est le grand favori, le vice-champion d’Europe et le récent vice-champion du Monde. J’ai eu la chance d’être en Colombie pour la Coupe du Monde 2016 de Futsal, je pensais que c’était enfin l’année des Russes mais ils se sont fait surprendre par l’Argentine en finale. Une surprise pour la majorité des spécialistes, même si les Argentins méritaient leur victoire. Affronter la Russie c’est un honneur, un challenge mais également une occasion d’apprendre comme on a pu le faire tout au long de la préparation.
Le choix d’affronter l’Espagne et la Serbie était une manière de préparer la rencontre face à la Russie et plus largement ces éliminatoires ?
Les joueurs ont insisté pour affronter les plus gros calibres, toujours dans cet objectif de progression. Il nous faut emmagasiner un maximum d’expérience pour espérer un jour rivaliser et jouer à armes égales contre les plus grandes sélections. Niveau préparation, tout en jouant le coup à fond, il sera important de gérer l’effectif de manière à ce qu’on puisse tenir tête aux Russes et pourquoi pas créer la surprise. Si l’occasion se présente, ce serait bête de ne pas en profiter. Mais derrière, il faut surveiller la forme physique des joueurs ; le lendemain on rencontre la Turquie avec moins d’un jour de récupération. C’est une gestion des organismes, des cartons et puis mentale.
Après la Russie, ce sont deux finales à disputer si on souhaite se qualifier pour les barrages.
Ce Groupe G est également composé de la Turquie et de la Slovaquie. Si la Russie est destinée à sortir du groupe, la 2ème place -abordable- donne accès aux barrages*.
Chaque année on monte les objectifs d’un cran. Les barrages, c’est l’objectif avoué. Nous sommes une nation amatrice et lors des éliminatoires, au Tour principal, sur quatre équipes on tombe souvent contre deux sélections nationales professionnelles. Encore une fois nous avons démontré de réels progrès sur les derniers matchs de préparation, nous sommes en mesure de rivaliser avec les nations confirmées de deuxième zone. Nos ambitions sont peut-être plus affichées mais favoris par rapport aux Turcs ou aux Slovaques, non. Il faut rappeler que la France sort du Tour préliminaire, on ne peut pas se permettre de penser ainsi, ce serait contre-productif et se mettre
une pression qui n’existe pas.
L’équipe de France de futsal est-elle respectée à l’étranger ?
Nous sommes considérés comme une nation émergente du futsal. Si les Espagnols ont demandé à jouer contre l’Équipe de France, comme d’autres sélections d’ailleurs, ce n’est pas un hasard. Ils ont aussi été attentifs aux progrès réalisés. C’est en tout cas le retour que nous avons depuis nos précédentes performances, notamment en République Tchèque (éliminatoires à la Coupe du Monde 2016) dans une poule relevée. Nous avons été très proches du Kazakhstan, de la République Tchèque et des Slovènes contre qui nous avons obtenu un résultat nul.
Vous êtes à la tête de la sélection nationale depuis 2004, comment expliquer succinctement l’ascension du futsal français ?
Au début j’avais des joueurs de football qu’on faisait jouer au futsal. Ils disputaient seulement des matchs en Coupe nationale ou alors l’hiver dans certaines régions. Le premier chambardement a été la création de clubs spécifiques puis, plus tard, lorsque le futsal est devenu le sport principal de certains joueurs. Aujourd’hui on prolonge ce processus de progression avec des membres de l’Equipe de France qui sont issus de l’équipe nationale U21, ils sont préparés, on ne les découvre plus à 25 ans. Des détections pour la catégorie U15 sont également prévues cette année, l’idée est de créer un futur pôle espoir en s’appuyant sur le savoir-faire français en matière de formation.
Ce que la FFF a effectué sur les Féminines et sur les garçons au football, on peut le reproduire en partie au futsal.
La progression doit inévitablement passer par celle des clubs du championnat de France de D1 ?
On va profiter du plan de développement affiché par le président Noël le Graët qui va, je pense, rapidement porter ses fruits. Il faut continuer de structurer nos clubs de D1 avec notamment la licence club et un cahier des charges à respecter. La progression passe aussi par des structures homogènes. Les contrats fédéraux, comme en CFA, permettront aussi aux joueurs de s’entraîner tous les jours et ne penser qu’au futsal. La croissance se fait par étapes et peut-être que cette année sera un coup de booster si nous atteignons les barrages par exemple !
*L’Euro 2018 de futsal aura lieu en Slovénie du 30 janvier au 10 février 2018. Si la France termine première du Groupe G (Russie, Turquie, Slovaquie), elle atteindra pour la première fois de son histoire la phase finale. L’objectif réaliste est de finir deuxième de ce groupe G afin de disputer les barrages.