Rencontre avec Jérôme Boujeat (Pont-de-Claix Futsal) et Teddy Palermo (FC Picasso)
Bien connus du football isérois, Teddy Palermo et Jérôme Boujeat officient cette saison en futsal. L’un à Échirolles Picasso (Division 1), l’autre à Pont-de-Claix (Division 2). Entretien croisé de deux hommes qui se connaissent bien et s’apprécient.
Vos deux équipes sont en grande forme. Racontez-nous vos dernières victoires (Echirolles Picasso s’est imposé 8-7 face à Nantes-Erdre et Pont-de-Claix a gagné 3-2 à Paris-Saint-Ouen)…
Teddy : « Le score est étriqué mais on a eu le sentiment de maîtriser la rencontre du début à la fin. En effet, on s’est rarement senti en danger même si de 7-4 à 7-6 il y a eu un léger doute qu’on a vite balayé quand Moos (Mustafa Tasyurek) a pris un temps-mort. On devait gagner ce match pour valider nos deux dernières victoires surtout que le gymnase était plein. Désormais, on a mis notre adversaire à 5 points et on a du temps avant de les revoir revenir sur nous. »
Jérôme : « C’était un scénario un peu fou, qui arrive rarement dans une carrière. Le match est pourtant mal parti comme on perd Riad (Karouni, le gardien de but) expulsé après une main volontaire dès la 6e minute de jeu. Par la suite, on encaisse deux buts alors que c’est Kevin Ayache, un joueur de champ qui a pris sa place et fait un super match. A 2-0, on n’avait plus rien à perdre et on réussit à revenir à 2-2. La décision, lors d’un temps-mort, est d’aller chercher la gagne et on réussit à marquer à 57 secondes de la fin alors qu’eux loupent le jet-franc du 3-3 à 6 secondes. Cette victoire a soudé encore plus le groupe. »
Comment expliquez-vous la bonne dynamique de vos joueurs?
Teddy : « Nos premières défaites étaient presque logiques vue le calendrier (4 premiers matchs contre les 4 premiers de l’an dernier) et on avait prévu de se servir de ces matchs pour continuer à travailler. Le tout sans entacher notre fraîcheur mentale car on est sorti en confiance de ces défaites où les matchs étaient plus équilibrés que ce qu’on annonçait. La suite, ce qui arrive maintenant, est donc logique. »
Jérôme : « Il nous a manqué du monde dans la rotation au début de saison non pas en quantité mais en qualité. On a eu du mal à gérer ce niveau Ligue 2 et ces petits détails qui nous faisaient perdre -1 ou -2 montraient qu’il ne nous manquait pas grand chose sauf qu’à répétition, ces détails font vite un grand écart. Depuis, des nouveaux joueurs expérimentés sont arrivés et ça nous a fait du bien. »
Quels sont les objectifs avant la trêve?
Teddy : « Il reste deux matchs face aux deux derniers champions de France. L’idée, c’est de valider la bonne dynamique et réduire l’écart théorique qui existe sur le papier. Si on met tous les éléments nécessaires, on peut accrocher quelque chose. On voudra avant tout ne pas faire de non-matchs. »
Jérôme : « Il nous reste un match, à domicile face à Plaisance, qui est 3 points derrière nous. Ce sera un match serré et ce serait bien de gagner par deux buts d’écart comme on avait perdu 5-4 à l’aller. Je pense que si on gagne cette rencontre, on aura fait un grand pas vers l’objectif du club qui est le maintien. »
A titre personnel, vous êtes tous les deux issus du foot à 11, qu’est-ce qui vous a motivé à passer au futsal?
Teddy : « Rafael Romero Sanchez, l’ancien entraîneur, est parti et le club souhaitait fonctionner de la même manière, c’est à dire à deux et même à trois en incluant aussi le travail de Michael Diaferia à la préparation physique. Après des discussions avec Mustafa Tasyurek et des dirigeants du club, j’ai vite eu envie de découvrir de l’intérieur ce miracle permanent qu’est Picasso, cette petite entité qui arrive à exister au plus haut niveau. J’ai trouvé mon compte en découvrant ce club qui fonctionne avec des joueurs du cru, de la formation et des jeunes qui intègrent petit à petit l’équipe première. Je me suis rapidement pris au jeu puisque je devais faire une séance et les matchs alors que finalement, je suis là à presque toutes les séances. »
Jérôme : « L’an dernier, je me suis occupé de la préparation pysique de la Joga (HR) et dès janvier, j’ai aussi intégré Pont-de-Claix Futsal avant de rentrer dans le staff pour les playoffs. Je connaissais donc déjà le club et lorsque Sophien Zarioh, est passé d’entraîneur à manager général, on a pensé à moi naturellement. Je pensais prendre du recul après mon expérience avec la réserve du GF38 mais c’était un challenge difficilement refusable même si je ne prétends pas à avoir tout assimilé très vite, c’est pour ça que Sophien fait le lien. »
Quel était votre regard sur la discipline avant de l’intégrer?
Jérôme : « A notre époque, on a joué tous les deux mais de nos jours, c’est un autre futsal. Je pense d’ailleurs que tous les joueurs devraient commencer par le futsal avant de choisir l’un ou l’autre puisque les principes de cette discipline feraient avancer le foot à 11. »
Teddy : « J’avais vu quelques matchs ces dernières années, surtout à Pont-de-Claix d’ailleurs comme j’avais des amis qui y jouaient. Pour moi, le futsal est un miroir grossissant du football à 11 puisque les temps de conservation sont minimisés et la zone de vérité est plus rapidement atteinte. De fait, les joueurs doivent prendre plus de responsabilités et ça plait puisque le futsal attire de plus en plus de monde. »
Jérôme : « Moi qui voulais prendre une année sabbatique, je ne regrette rien et au contraire car dans cette discipline, les rapports avec les joueurs sont décuplés et il y a plus de proximité. Les futsaleurs vivent futsal alors que beaucoup de footballeurs sont des consommateurs. »
Teddy : « Il y a moins de joueurs au futsal, donc on tire plus vers une idée commune. A 11, c’est peine perdue. Il y a une confiance au coach qui est le chef d’orchestre et qui calcule tout donc un entraîneur trouve son compte. Ce dernier peut même être moins important pendant les matchs si tout est bien huilé. »
Jérôme : « Pour compléter ce que dit Ted, c’est qu’il est impossible de tricher en futsal car ça se verrait tout de suite. Et même si c’était le cas, comme les rotations sont illimitées, il est possible de sortir le joueur même au bout de 30 secondes. Ceux qui n’ont pas démarré la partie, par choix ou stratégie doivent donc se tenir prêts car ils peuvent entrer à n’importe quel moment. »
Teddy : « J’ai aussi remarqué qu’au futsal, les meilleurs joueurs ont cette ambivalence d’être aussi bons offensivement que défensivement. Au foot à 11, on colle plus des étiquettes sur un joueur offensif et un défensif. Allez essayer par exemple à un avant-centre de lui parler de défense en zone, c’est difficile. »
A contrario, qu’est-ce qui pourrait vous manquer?
Jérôme : « Là tout de suite, rien (rires). Je dirais que la palette est plus difficile à maîtriser à 11 qu’en futsal. C’est pourquoi par exemple des entraîneurs ne font pas les déplacements avec leurs équipes. »
Teddy : « Je suis d’accord avec Jé, il y a beaucoup plus d’aspects à maîtriser à 11 alors qu’en futsal, on peut être rébarbatif. Au niveau des gardiens par exemple, on ne fait pas bosser le gardien sur les sorties aériennes… ».
Vous vous connaissez depuis une vingtaine d’année, quel message voudriez-vous passer à l’autre?
Jérôme : « C’est vrai que ça fait 20 ans, c’était sur les bancs de la FAC, en première année de STAPS ».
Teddy : « Mais en plus on était vraiment assis à côté en cours donc on était toujours ensemble. On a partagé aussi beaucoup de moments agréables comme des vacances etc… »
Jérôme : « On a tous les deux ét » des joueurs, puis des entraîneurs et là on arrive dans le futsal la même année, c’est sympa ! Je souhaite donc à Teddy de réussir non pas mieux que dans le foot à 11 car il a toujours réussi de partout mais pour moi, il n’a jamais eu la reconnaissance par rapport à ses compétences. Je pense que c’est malheureusement à cause du milieu grenoblois qui est comme ça… »
Teddy : « C’est vrai que nous voir tous les deux ici à parler et d’changer sur le futsal, c’est un joli clin d’œil. On a la chance d’être en plus dans les deux plus gros clubs de l’agglomération et on a donc bien sûr déjà programmé un match amical pour la trêve hivernale. En attendant, je souhaite à Jérôme de réaliser tous ses objectifs dans le futsal, le foot à 11 mais aussi dans la préparation physique où il est aussi impliqué. »