Retour sur la conférence de presse donnée par le FC Grenoble
Eric Pilaud, le président du FC Grenoble, s’est présenté face à la presse à 13H dans un salon aménagé pour l’occasion du Stade Lesdiguière. Il a évoqué trois points qui, en moins de 48 heures ont suscité l’espoir…Puis la tristesse : la fusion entre le Racing 92 et le Stade Français qui ouvre de nouvelles perspectives pour un maintien en Top 14, la décision de se séparer de Bernard Jackman et l’affaire de viol présumé concernant des salariés du club.
C’est avec le visage grave qu’Eric Pilaud se présente devant la vingtaine de journalistes présents à 13h. Il commence par évoquer les 48 heures renversantes que viennent de vivre les aficionados du FCG, les salariés du club mais aussi les amoureux du rugby. Tout débute par une banale défaite à Bordeaux. Une de plus pour les Isérois qui n’ont toujours pas réussis à gagner à l’extérieur cette saison. Rapidement l’espoir renaît avec l’annonce de la fusion entre le Racing et le Stade Français qui permettrait potentiellement au 13ème du Top 14 de se maintenir. Mais lundi matin, France bleu Gironde révèle que la police bordelaise a ouvert une enquête suite à une plainte pour viol déposée par une jeune femme dimanche matin. Elle accuse plusieurs joueurs grenoblois de l’avoir droguée puis abusée sexuellement après une sortie en boîte de nuit. Et ce matin, c’est la décision du club isérois de se séparer de son entraîneur principal Bernard Jackman pour la saison prochaine. « Nous avons conscience que tout cela se télescope. Mais on ne voulait pas attendre une semaine de plus pour cette décision […] Bernard reste pour l’instant avec nous. Il continuera notamment d’agir sur les dossiers de recrutements », précise Éric Pilaud sans donner plus de détails sur le rôle précis de l’ancien manager jusqu’à la fin de la saison. « Ce que nous voulions, c’est responsabiliser les joueurs en espérant un électrochoc. Il nous reste 6 matches pour finir la saison et espérer se sauver. Après le match de Bordeaux, on a décidé que de manière générale, entamer la saison prochaine avec Bernard n’était pas la bonne solution » a conclu sur ce point le président.
« Des joueurs sont venus se confier en donnant leur version »
Éric Pilaud a également appelé, en larmes avant de se reprendre, au respect dans le traitement de l’affaire présumée de viol : « il est évident que si jamais de tels faits étaient avérés…C’est répugnant, inacceptable et nous en tirerons les conséquences, même si elles seront dérisoires par rapport à la loi. Dans l’attente, nous respectons la présomption d’innocence […] Je vous demande de nous respecter. C’est vraiment très dur pour nous. Imaginez l’impact d’une photo d’un joueur avec un titre pareil dans un article. Je m’excuse pour mon émotion, je n’ai pas beaucoup dormi. Cette situation est vraiment difficile. » Avant de continuer sur l’affaire : « Des joueurs sont venus se confier en donnant leur version. On leur a dit que s’ils étaient impliqués, c’était leur problème. Que c’était à eux d’organiser leur défense. Et qu’on attendrait que justice se fasse. Je tiens aussi à préciser que ce n’est absolument pas dans les habitudes du club d’organiser des sorties en boîte de nuit après les matches. » Tout en précisant qu’il avait appris la nouvelle de l’ouverture d’une enquête « par voie de presse » et « en aucun cas, comme l’affirmaient certaines rumeurs, dès le dimanche matin. »
« La mission première du FCG la saison prochaine restera la même : former des hommes et des femmes pour les faire grandir. Sachant que le rugby a changé. »
À cette affaire « sordide » s’ajoute la situation sportive…Et financière du club. À cette question, Éric Pilaud a tenu à « démentir les fantasmes » : « Non, ce n’est pas plus avantageux pour nous de descendre. Il est évidemment plus facile d’équilibrer notre budget en Top 14 qu’en Pro D2 où vous avez l’incertitude de l’affluence au Stade. Si vous êtes sûr de remonter, pas de problèmes. Mais dans le cas d’une saison compliquée, c’est une catastrophe pour le club. Si nous nous maintenons, nous aurons la possibilité de garder nos meilleurs joueurs et de nous permettre un recrutement ambitieux. » Sur l’aspect économique, le président a reconnu que « certains partenaires se posaient des questions suite à cette affaire. » Il a néanmoins rappelé que « l’amalgame était facile du fait que le FCG est une entreprise médiatisée. Le club fera tout pour que les gens comprennent que cette affaire relève de l’ordre privé et que le club n’a rien à voir avec cela. »
À la recherche d’un entraîneur pour la saison prochaine, Éric Pilaud assure que le club recherche un « profil similaire à celui de Bernard Jackman vis-à-vis de l’attitude et prônant un jeu offensif. » Il a aussi critiqué certains aspects du rugby actuel : « la mission première du FCG la saison prochaine restera la même : former des hommes et des femmes pour les faire grandir. Sachant que le rugby a changé. Un rugby aujourd’hui éclaboussé par des scandales de prise de cocaïne, les soupçons de dopage, les problèmes d’alcoolisme, l’après-carrière parfois mal vécu jusqu’à pousser au suicide… » (Dan Vickerman, ancien international australien, se serait suicidé en février dernier parce qu’il aurait mal vécu l’après-carrière).
En attendant le match de Toulon, dimanche, les incertitudes sur qui précisément sera sur le banc grenoblois planent toujours. Le club annonce par ailleurs « que les entraînements habituellement ouverts au public la semaine se feront à huit clos. » Pour notamment « protéger les joueurs des rumeurs. »