Soundtrack to the Apocalypse : analyse de la saison du GF38 (partie 2)
Aussi sûrement que la musique de Slayer, le GF38 nous a inexorablement plongé dans un univers apocalyptique, teinté d’échecs et de désillusions. Analyse de la partition presque parfaite livrée par les footballeurs grenoblois cette saison.
Human Disease :
L’infirmerie d’Arsenal passerait presque pour le désert de Gobi comparativement à celle du GF38. Au-delà de la « malchance », l’accumulation des blessés (dont on ne prendra même pas la peine de dresser une liste) relève d’un vrai souci technique, d’autant plus que le problème est récurrent depuis plusieurs saisons. Les raisons peuvent être multiples : infrastructures insuffisantes et/ou vétustes, hygiène de vie des joueurs, mauvaise préparation physique, mauvaise gestion des blessures par le staff (en faisant, par exemple, reprendre un joueur trop rapidement)… Quelles qu’elles soient, ce dernier n’a jamais pu/su trouver les solutions. Pouliquen pointait dès son arrivée la mauvaise forme globale de l’effectif. Plus de six mois plus tard, il regrettait à nouveau les mêmes carences. Les difficultés rencontrées par le GF en seconde période cette saison (si les matchs s’arrêtaient à la mi-temps, il se serait maintenu) ne sont pas que mentales et c’est un problème qu’il va falloir cibler et solutionner rapidement pour ne pas repartir sur une année galère.
Disorder :
Coupable, le staff l’est aussi dans la gestion humaine de son effectif. Les clash se sont multipliés tout au long de la saison, pourrissant un peu plus l’ambiance générale. Les joueurs sont bien sûr loin d’être innocents, et on peut se questionner sur leur professionnalisme, même s’il est presque naturel qu’il y ait de temps en temps des tensions dans la vie d’un groupe.
Le rôle de l’entraîneur est de gérer ce type de conflits quand ils surviennent. Des sanctions ont été prises par Pouliquen (mise à l’écart de Marque puis de Cianci par exemple), sans réelles améliorations des choses. Le coach alpin a semblé dépassé, dépité, usé et finalement impuissant au fil des matchs, sans chercher à s’en dédouaner d’ailleurs.
Silent Scream :
Le public peut être classé dans les déceptions de l’année même si on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier et que certains « irréductibles » méritent un incommensurable respect pour continuer à soutenir leur club malgré sa descente aux enfers.
Qu’il semble loin le temps de la demi-finale de Coupe de France face à Rennes où toute une ville, ou presque, était aux couleurs du GF38 et clamait son (opportuniste) amour du club grenoblois.
Le taux de remplissage du Stade des Alpes a été faible tout au long de la saison. Difficile de se faire une idée de la fréquentation moyenne (entre 3000 et 3500 ?) puisque le club communiquait des chiffres incluant tous les abonnés (alors qu’un gros millier ne devait pas être présent). Mais l’enceinte alpine a été clairement abandonnée cette saison (la programmation le vendredi et des tarifs prohibitifs l’expliquant aussi, au-delà du simple désamour de l’équipe).
Parallèlement à ça, la prise à partie quasi systématique pendant les deux tiers de la saison d’Index, l’actionnaire principal japonais du GF, a posé deux problèmes : une dérive quasi raciste (avec en point d’orgue des menaces de mort sur un employé nippon) des débats et un dédouanement, pendant trop longtemps, des responsabilités sportives des joueurs.
Pendant 45 ans, la Ligue 2 fut le plus haut niveau sportif connu par le club isérois sous ses différentes appellations. Que les supporters montrent de l’ambition est une bonne chose en soi. Mais le comportement global et les revendications affichées ont plus tenu d’un côté « pourri gâté » qui n’a aidé le club en rien, y compris pour attirer d’éventuels repreneurs. Finalement, Grenoble a peut-être l’équipe qu’il mérite.
Hell Awaits :
Un avocat belgo-voironnais qui s’est payé un mois de pub gratuite dans la presse locale avant d’aller investir ses quelques deniers ailleurs. Un self-made-man ayant fait fortune (?) au Brésil qui promet monts et merveilles aux joueurs en cas de maintien mais qui n’a toujours pas pu apporter une preuve crédible de son investissement en deux mois. Un Saoudien proche de la famille royale qui vient prendre des photos du Stade des Alpes… Ou de la kachkarisation des potentiels repreneurs du GF38… Non content d’être la risée de France sur le plan sportif, le club alpin a trouvé d’autres moyens pour pathétiquement alimenter les chroniques. Toujours est-il qu’on a toujours pas trouvé les successeurs d’Index et que la menace d’une rétrogradation en CFA est de plus en plus d’actualité. L’enfer n’attendra pas éternellement…
Angel Of Death :
L’ange de la mort. Cela pourrait être Mandrichi dont les deux pénaltys manqués dans les dernières journées ont enterré les dernières illusions iséroises. Mais c’est plus globalement tous ces petits riens qui, cumulés, ont créé une sensation d’acharnement du destin (chance/arbitres/réussite des adversaires) sur l’équipe.
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Crédit photo : Alain Thiriet