Talk Talk
« Péremptoire : qui détruit d’avance toute objection ; contre quoi on ne peut rien répliquer. Synonyme : Pierre Ménès ». Ah l’analyse sportive. Elle atteint des sommets d’incontinence fantastique surtout quand on commence à parler de ballon rond. La multiplication des talk-shows ces dernières années a paradoxalement appauvri la qualité des débats autour du football.
« Péremptoire : qui détruit d’avance toute objection ; contre quoi on ne peut rien répliquer. Synonyme : Pierre Ménès ». Ah l’analyse sportive. Elle atteint des sommets d’incontinence fantastique surtout quand on commence à parler de ballon rond. La multiplication des talk-shows ces dernières années a paradoxalement appauvri la qualité des débats autour du football. Seule l’émission Les Spécialistes, dont la diffusion sur Canal Plus Sport reste relativement confidentielle, échappe à ce nivellement par le bas. Il faut souligner à ce propos que la participation d’un Raynald Denoueix est d’un bonheur inégalable, aussi bien en ce qui concerne la précision de ses analyses techniques que la finesse du ton employé. Pour le reste, dans ce lisier de commentaires débilitants, le plus souvent confus et braillards, rien de pertinent ne ressort véritablement. Le niveau n’excède jamais celui du café du commerce. Tout au plus le grotesque et le ridicule de certaines interventions sont assez divertissantes, tant la mauvaise foi est patente.
Par la force des choses, les constats définitifs dressés après quelques rencontres seulement de championnat ont quelque chose de réjouissant au fur et à mesure que les journées s’enchaînent. Quant une équipe connaît « une mauvaise série » en début d’exercice, les consultants se muent alors en procureurs aiguisés et taillent en pièces le recrutement estival, la préparation physique et l’entraîneur en place. La vindicte éditorialiste se transforme alors assez rapidement en colère populaire, avec des supporters impatients qui veulent tout, tout de suite et qui oublient qu’une saison est bien longue. Il y a peu, Lyon était en « crise » et Claude Puel n’était en aucun cas l’homme de la situation. Etre vice-champion de France et demi-finaliste de la Ligue des Champions la saison précédente ne fait donc pas vous « l’homme de la situation ». Maintenant, alors qu’on en est au tiers du championnat environ, Lyon est à trois points de la première place et toujours en tête de sa poule de qualification en Champions League. La vérité en football est toujours longue à se dessiner. La durée et le recul sont deux éléments indispensables de l’analyse. Mais ce sont deux notions qui échappent le plus souvent (sauf rares exceptions) aux consultants et aux commentateurs en tout genre. Ecouter Raynald Denoueix parler du jeu du Barça est un régal. Subir les avis sentencieux de Pierre Ménès sur l’Olympique Lyonnais est une purge.