Thibault Nier (Yeti’s Grenoble) : « Retrouver cette envie que la crise nous a enlevé »
La commission sportive Roller hockey de la Fédération Française de Roller et Skateboard a annoncé il y a quelques jours l’arrêt définitif des compétitions. L’occasion de faire le point avec Thibault Nier, président des Yeti’s Grenoble. Bilan, état des lieux et perspectives d’avenir sont au menu de cet entretien.
Thibault, quelle est votre réaction après l’annonce de l’arrêt définitif des compétitions ?
Cela était plus ou moins attendu. Des choix sportifs ont été faits en septembre afin de prendre en compte la situation sanitaire. Je ne suis pas vraiment surpris mais ce n’est pas ce que l’on souhaitait, donc ont est forcément déçu. On essaie d’avancer pour ne pas délaisser nos adhérents.
Quels sont ces choix sportifs qui ont été réalisés ?
C’est le fait de ne pas prendre d’étrangers et d’essayer de lancer nos jeunes. Il est vrai que nous ne croyions pas en une saison complète. Donc il a fallu limiter nos dépenses pour essayer de prévenir d’une saison blanche. J’en suis l’investigateur mais cela a été voté. On a anticipé et cela permet de proposer à nos adhérents le renouvellement gratuit de leurs licences pour l’année prochaine. Donc, il est clair qu’il n’y a pas d’enrichissement du club mais le but est plutôt de survivre et de faire revenir les adhérents. Les choix de gestion sont liés avec les choix sportifs.
Comment est le moral général des membres du club et des équipes ?
Il y a beaucoup de déception et je sens également de la résignation. Les gens ne voient pas le bout du tunnel. Il y a des annonces en permanence, elles ne sont pas toujours suivies de décret. L’année qui va arriver ne va pas être facile. Un entre-deux n’est plus possible, on l’espère avec la vaccination. C’est peut-être optimiste, mais on y croit, il faut que l’on avance. C’est pour cela que l’on incite les gens à se réinscrire, c’est un coup de booste nécessaire.
Aujourd’hui, avec l’arrêt des compétitions, quelle est la situation du club ?
On s’est pliés aux exigences du gouvernement. C’est notre choix de respecter les mesures imposées. Donc nous avons subi la situation et ensuite essayer de gérer. Par exemple, à chaque fois qu’il y avait plus de liberté comme la réouverture des vestiaires nous faisions passer les informations pour nos licenciés.
Est ce qu’il y a un risque économique pour le club ?
Oui il y a un risque économique, on reste une association. On compte notamment sur les aides départementales et régionales, c’est pour cela que nous faisons les demandes de subventions.
Néanmoins, si on ne prend pas de risque, on ne s’en sortira pas. La gratuité a pour but d’éviter une perte trop importante de licenciés. Il fallait faire un geste, même si cela fragilise nos finances. On ne se voyait pas vivre sur les cotisations de nos membres qui n’ont pas pu pratiquer.
Est-ce qu’une mutualisation avec un ou d’autres clubs peut-être envisagée afin de se renforcer ?
La question ne s’est pas vraiment posée, nous sommes rester soudés au sein du comité pour trouver des solutions. Personnellement, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresserait. Je veux surtout développer mon club. Se mélanger avec d’autres ne m’attire pas, c’est pas pour autant qu’on nous ouvrirait les gymnases. On a été très rudement touché par cette crise puisque nous pratiquons un sport de contact qui se fait en intérieur. La pire situation possible. On nous a reproché de ne pas faire grand-chose pour nos adhérents, mais c’est surtout que nous n’avions pas le droit. Le mot d’ordre est de rester soudé, d’être un club fédérateur pour survivre à cette crise. Encore une fois, c’est une réelle fierté de pouvoir proposer une gratuité sur les licences de l’année prochaine.
Quels sont les objectifs de la saison 2021-2022 ?
Tout d’abord nous voulons continuer de former nos jeunes. Ensuite, nous aimerions avoir une équipe dans chaque catégorie. Au niveau élite, nous serions ravis si le championnat pouvait se tenir sur toute la saison. Les résultats sportifs ne sont pas essentiels, il faut d’abord retrouver le plaisir de pratiquer notre sport. Ce sont les aspects sociaux qui sont primordiaux. Cela passe par une fédération autour d’une enseigne pour retrouver ce plaisir et une cohésion de groupe.
Nous restons tout de même compétitifs, bien sûr, mais la priorité est retrouver cette envie que la crise nous a enlevé.
Entretien réalisé par Germain Dye