#Interview Timothée Dieng (Bradford City) a rendez-vous à Wembley
Formé au Grenoble Foot 38 – il fait partie de la fameuse « génération 92 », notamment finaliste du championnat de France U19, Timothée Dieng a rejoint l’été dernier Bradford City avec qui il s’apprête à disputer la finale d’accession en Football League Championship (l’équivalent de la L2), face à Milwall, dans la mythique enceinte de Wembley. Il nous a accordé un entretien au cours duquel il revient sur cet événement mais aussi sur son parcours et sa vie outre-manche.
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Tim, le 20 mai tu disputeras une finale à Wembley, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Il s’agit de la finale des play-offs de League One, l’équivalent de la 3ème division, ici en Angleterre. Son vainqueur accède en Championship.
Pour te re-situer un peu plus globalement, les deux premiers de la saison accèdent directement à la Championship (Sheffield United et Bolton cette année, ndlr). Les équipes classées de la 3ème à la 6ème place disputent les play-offs. On a terminé 5ème, on a donc affronté le 4ème Fleetwood, en match aller-retour, avec match aller à domicile (1-0, 0-0). Milwall, 6ème, a de son côté sorti le 3ème (Scunthorpe, 0-0, 2-3). La finale se joue sur un match, dans le mythique stade de Wembley où ce sera une première pour moi.
Connaissant l’enthousiasme des supporters anglais, on imagine que l’atmosphère doit commencer à se réchauffer…
On avait quelques jours de repos après la qualification, j’en ai profité pour aller à Londres. Quand j’ai pris le train j’ai croisé un supporter qui m’a reconnu et effectivement il était déjà chaud bouillant (rires). Il m’a crié « Come on » ; les gens sont passionnés c’est ce qui est génial ici. On a tourné à plus de 15 000 spectateurs de moyenne, en D3 c’est un truc énorme. Lors du match contre Sheffield il y avait même 22 000 personnes au stade.
La billetterie pour la finale a ouvert aujourd’hui (mercredi, ndlr). Apparemment les fans de Milwall ont déjà acheté 9000 tickets et chez nous on annonce déjà plus de 14 000 places vendues. Ca va être un truc de dingue. La rencontre promet : cette saison on a fait match nul lors des deux confrontations et l’an passé Bradford avait été éliminé en demie des play-offs par Milwall, donc il y a une forte envie de revanche. En tout cas j’ai hâte d’y être !
Avant de revenir à ton aventure anglaise, faisons un petit retour en arrière et là où tout a commencé, Grenoble… Peux-tu nous dire quelques mots sur tes premières années de footballeur ?
Je suis Grenoblois. Depuis tout petit je baigne dans le milieu du football (on vous renvoie sur un portrait de son père, ici). J’ai pris ma première licence au club de Villard-Bonnot, en poussins 2ème année et dès l’année suivante j’ai rejoint le Grenoble Foot 38, en benjamins première année donc. J’y suis resté jusqu’en U19 Nationaux.
Tu étais là dans une période faste pour la formation grenobloise… Quels sont les meilleurs souvenirs que tu en gardes ?
Le meilleur c’est la phase finale du championnat de France U19. Malgré la défaite (en finale, face au Paris Saint-Germain), cela reste un super moment partagé avec des gars qui formaient une très belle équipe sur le terrain mais aussi un super groupe en dehors.
En suite je dirais la qualification lors de la séance des tirs au but face à Toulouse, en Gambardella, un match qui s’est disputé au Stadium (petit compte rendu à retrouver ici). Le pire c’est que j’avais raté ma tentative (rires), qui aurait pu nous donner la qualification, mais Gary (Perrin) avait été impérial ce jour là.
Et puis plus globalement les bons souvenirs c’est d’avoir pu porter les couleurs du club de ma ville et d’avoir obtenu des bons résultats.
Plusieurs de tes coéquipiers de l’époque sont aujourd’hui dans le monde pro’, est ce qu’en U19 certains te semblaient déjà promis à une belle carrière ?
Je dirais qu’offensivement on avait de très grosses individualités : Chris Ngando, Florian Thauvin même s’il a rapidement été joué avec la réserve, Nadir (Bendhamane) qui plantait but sur but, Julien Bègue… Mais je pourrais aussi te citer Ruben (Aguilar), Di Stef (Vincent Di Stefano), Flo Michel, nos deux gardiens (Nathan Monti et Gary Perrin)… Il n’y avait que des bonnes individualités mais notre force c’est d’avoir eu un vrai collectif.
L’aventure a malheureusement tourné court avec le dépôt de bilan, comment s’est fait le choix de Brest ?
Dans ma tête j’étais partie pour rester avec Grenoble en cas de départ en CFA2 (ce qui a finalement eu lieu), donc je n’ai pas du tout cherché de clubs pendant cette période là. J’ai été contacté par un agent sur Facebook, qui avait vu la finale des play-offs et c’est lui qui m’a trouvé un essai avec la réserve de Brest, qui s’est bien passé, donc c’est comme ça que j’ai atterri là bas.
Quels souvenirs gardes-tu de ton expérience bretonne, peux-tu nous rappeler cette histoire d’un short d’un joueur du PSG ?
(rires) C’était le short de Pastore (qu’il a toujours en sa possession, ndlr). Pour te resituer le contexte moi je signe pour la réserve et au bout d’un mois je commence à m’entraîner avec le groupe pro. Avant le match à Paris, l’équipe compte de nombreux défenseurs blessés donc je suis appelé dans le groupe. Donc c’est mon premier groupe en L1 et à la fin du match je suis un peu parti à la « chasse au maillot » et Pastore à l’époque c’était la star de la L1 donc voilà.
Pour les meilleurs souvenirs je citerais mon match au Parc des Princes également face à des joueurs comme Beckham, Ibrahimovic… C’est forcément très marquant de jouer contre des joueurs de ce niveau là. Après il y a la signature de mon premier contrat pro également.
De manière plus générale j’ai beaucoup aimé les trois saisons que j’ai passé à Brest. Je n’étais jamais parti loin de Grenoble, seul. Cette expérience m’a fait grandir. J’ai progressé en tant que joueur là bas mais aussi en tant qu’homme.
Qu’est ce qui te pousse finalement à traverser la Manche à ce moment, envie d’une autre aventure ?
Déjà comme j’ai peu joué avec Brest je n’ai pas été prolongé. Donc je me suis mis à la recherche d’un club L2/National. J’avais un grand frère qui vivait à Londres à cette époque et qui y connaissait un agent. C’est ce dernier qui m’a parlé de la possibilité d’aller faire un essai à Oldham. J’étais en stage avec l’UNFP (« les footballeurs chômeurs », ndlr), je me suis bien préparé pendant une semaine et l’essai s’est bien passé, j’y suis resté deux ans avant de rejoindre Bradford l’été dernier.
Deux clubs de « League One », la 3ème division anglaise. Comment évolues-tu le niveau de ce championnat ? Est-ce qu’on peut le comparer à de la L2 ou du National ?
Le National je connais à peine donc je ne peux pas te dire mais le niveau se rapproche de la L2. Je t’ai déjà parlé des supporters, à Oldham il y avait plus de 5000 personnes au stade de moyenne aussi. Et par rapport à l’affluence de Bradford je pense que peu de clubs de L2 ou National en France s’en approchent.
Dans ce championnat j’ai pu croiser des joueurs de très bon niveau : Joe Cole, qui a joué avec Coventry ou encore Dele Alli avant qu’il ne parte pour Tottenham, par exemple.
C’est peut être un peu moins tactique que ce que j’ai pu voir en France mais par contre le rythme est vraiment très élevé, ça part dans tous les sens, ça ne s’arrête jamais. Ca joue vraiment tout le temps.
Avec Bradford on est une équipe qui marque peu et qui prend peu de buts mais globalement les matchs sont très ouverts (Sheffield a ainsi marqué 2 buts en moyenne par match cette saison, ndlr).
J’ai vu que tu jouais milieu défensif, cette année (il est défenseur central de formation) ?
En fait c’est depuis Oldham. Je suis allé faire un essai là bas pour le poste de milieu. Même si j’ai un peu dépanné derrière là-bas c’est le poste où j’évolue essentiellement depuis. C’est une position que j’aime beaucoup, qui me permet de plus me projeter vers l’avant, de me rapprocher davantage de la zone de buts adverse (il a marqué à 4 reprises déjà cette année, ndlr).
Parles-nous un peu de ta vie anglaise, tu es basé dans le nord, pas forcément le plus follichon ?
Bradford effectivement c’est proche de Leeds et avant Oldham c’est dans la banlieue de Manchester. Détrompe toi ! J’étais aussi un peu réticent à la base par rapport à la destination mais je m’y plais. La plupart de mes potes sont à Manchester donc je fais régulièrement des aller-retours. Ce sont des grandes villes, l’ambiance est bonne, il y a une vrai histoire et une culture football.
De quoi te faire rester encore quelques années en Angleterre ?
Pour l’instant je m’y plais, j’y suis bien, j’ai encore un an de contrat avec Bradford et j’espère qu’on pourra monter en championship le 20 mai prochain. C’était l’objectif quand j’ai rejoint l’équipe
Et jouer un jour sous le même maillot que ton petit frère Nathanël (qui évolue avec le GF38) ?
On en a jamais parlé entre nous mais ça serait un rêve, oui, pour nous comme pour notre famille je pense et pourquoi pas un jour sous le maillot de Grenoble !
Grenoble justement… Un petit mot d’encouragement pour samedi ?
Je suis le parcours de Grenoble de très près ! Déjà parce que mon petit frère y joue et aussi parce que cela reste mon club de cœur. Je sais qu’ils ont un match important ce samedi, contre le Puy, et que selon le résultat ils peuvent accéder au National. Vu les infrastructures, vu les supporters Grenoble mérite un club pro. Ils ont échoué de peu les dernières saisons et ça doit être très frustrant pour eux d’être à chaque fois deuxième mais cette année c’est la bonne ! C’est l’année de la montée.
Merci beaucoup pour ta disponibilité Timothée et bonne chance pour ta finale, en espérant te voir en Championship l’an prochain !