Une période trouble pour les paris sportifs
Un an après le confinement, la situation du sport s’est nettement améliorée si on met de côté les stades vides et la tristesse d’un match de foot sans public. Cette fois, les compétitions ont repris partout en Europe, dans le monde, et même en France. Pour les fans de foot qui parient, les conséquences de la pandémie ont été très rapidement visibles puisque peu à peu, les paris sur le football se sont dissous au fur et à mesure des suspensions des championnats et des Coupes d’Europe. Les bookmakers en ligne, privés du football, perdaient plus de 95% des mises. Un an après, alors que la situation n’est pas forcément meilleure, comment se positionnent les bookmakers avec leur produit phare?
Le Covid pire que l’arrêt Bosman?
Tous les fans de foot, même les plus jeunes, connaissent ou ont entendu parler de l’arrêt Bosman qui a révolutionné le foot des années 1990 en le plongeant définitivement dans le business des transferts et des agents ambitieux. On peut se demander si la Covid-19 ne sera pas la goutte d’eau d’un système que les économistes, comme Pierre Rondeau, assimile à une gigantesque bulle financière. Le principe d’une bulle, c’est qu’elle a besoin de grossir pour ne pas se dégonfler, mais sans aller trop loin pour ne pas exploser. Finalement, est-ce que la pandémie a protégé le foot de l’explosion pour mieux le condamner à l’implosion ? La pandémie montre toutes les limites du système et notamment celui du football français qui ressemble à la grenouille voulant devenir bœuf depuis que le Qatar a investi le foot hexagonal. On le voit aussi ailleurs avec des clubs privés de public qui jusqu’alors marchaient sur une corde effilée en passe de rompre. Il faut penser aussi que la Covid risque d’habituer les gens à ne plus voir de foot, et au final, à s’en désintéresser. Quand on voit que le dernier Classique fait autant d’audience qu’un match du Top 14 sur Canal Plus, ce ne sont pas des craintes de vierges effarouchées, mais un vrai problème. Très clairement, les bookmakers sont privés d’un sport qui représente pourtant 95% de leur chiffre d’affaires, et les parieurs en ligne en souffrent tout autant, puisque même en digital, il n’y a pas de paris sur le foot sans match de foot…
Les bookmakers contre-attaquent
Quand le Football européen se mettait en pause pour laisser passer la 1re vague, les bookmakers ont remarqué que les parieurs reportaient leurs mises vers des championnats, mineurs et plus exotiques. En effet, les championnats d’Amérique du Sud, d’Ukraine ou de Pologne voyaient le nombre et la quantité de mise atteindre des sommets. L’idée naturelle est d’ouvrir un maximum de championnats et de compétitions aux parieurs. Si une nouvelle crise s’annonçait, cela permettrait d’occuper les parieurs en ligne, et même profiter de l’effet confinement comme on l’a vu avec les pokerooms et les casinos en ligne, dont la fréquentation a grimpé en flèche durant le confinement. Pour les fans de football, c’est une solution qui peut s’entendre, mais elle ne pourra jamais remplacer la passion pour les ligues européennes. L’autre bémol, et il est conséquent, c’est que l’Autorité Nationale des Jeux ne veut pas autoriser de paris sur des compétitions exotiques susceptibles d’être truquées et surtout, trop loin de son contrôle financier.
Le sport virtuel, une solution viable?
Durant le confinement, les fans de football se sont consolé avec les compétitions de football virtuel. On parle évidemment des deux frères ennemis avec FIFA et PES. Les clubs européens ont bien joué le jeu et les deux éditeurs ont organisé des compétitions originales qui ont fait des millions de vues. Évidemment, pour la génération de supporters de plus de 40 ans, c’est aberrant de s’enflammer devant deux joueurs, ou plus, qui s’affrontent sur écran interposé. Les tendances et le romantisme ne font pas bon ménage. La réalité des chiffres, c’est qu’une compétition internationale d’e-Sport de League of Legend, call of duty, Wov ou FIFA va être un événement planétaire qui sera regardé par des millions de jeunes. Si les équipes de foot tentent d’intégrer le phénomène en créant des équipes professionnelles, ce n’est pas par passion de la console, mais c’est parce qu’il y a un filon. Et ce filon est déjà exploité par certains bookmakers anglais qui proposent des paris sur les compétitions de E-sports, même cela reste marginale. Pourtant, pour les bookmakers, c’est une façon facile pour limiter les effets d’une crise majeure dont on ne connaît pas encore les conséquences. La jeune génération de fans de foot qui est plus dans la consommation d’un sport pourrait bien mordre à l’hameçon. Premièrement, on sait que les jeunes parient énormément parce que la loi sur l’interdiction des mineurs est presque impossible à faire respecter. Deuxièmement, on peut dire ce que l’on veut, le foot reste le sport roi. Troisièmement, les jeunes adorent jouer au foot sur console. Parier sur un match de foot virtuel sur console, c’est un triptyque qui semble parfaitement coller au monde d’aujourd’hui.