(We can be ) Heroes : analyse de la défaite des U19 du GF38 en Coupe Gambardella (16/03/2011)
Les juniors du GF38 ne verront pas le Stade de France. Éliminés au stade des huitièmes, par Saint-Étienne, ils peuvent toutefois se montrer satisfaits de leur parcours. Il ne leur a pas manqué grand chose pour poursuivre leur chemin. Peut être simplement que le héros fut grenoblois…
Les juniors du GF38 ne verront pas le Stade de France. Éliminés au stade des huitièmes, par Saint-Étienne, ils peuvent toutefois se montrer satisfaits de leur parcours. Il ne leur a pas manqué grand chose pour poursuivre leur chemin. Peut être simplement que le héros fut grenoblois…
Les Coupes sont souvent propices aux belles histoires. Et chaque histoire a besoin de son/ses (anti)héros. Ils étaient nombreux à pouvoir prétendre au(x) premier(s) rôle(s) même si la dimension collective du football ne peut être totalement évincée. Côté GF38, Gary Perrin et Florian Thauvin (absent contre l’ASSE) avaient endossé le costume lors du tour précédent (victoire aux tirs au but à Toulouse) et le capitaine et gardien isérois aurait bien pu récidiver tant il est passé près de stopper le pénalty stéphanois. Nadir Bendahmane, auteur d’un doublé avec la réserve, arrivait en forme. Chrys N’Gando, auteur lui d’un doublé dans le Forez, en championnat, pouvait légitimement prétendre à un statut de bourreau des Verts. Florian Michel, blessé depuis septembre dernier est qui faisait son retour, avait LE profil type de la belle histoire. Etc etc.
Côté ASSE, l’armoire à glace Kurt Zouma, né en 94 (!) et souvent sélectionné avec l’équipe de France U17, était attendu avec curiosité. Idriss Saadi, qui a fait plusieurs apparitions avec les pros cette saison, inspirait lui plutôt de la crainte avant la rencontre. Pas illégitime au vu de son match, mais on y reviendra.
Les prétendants étaient donc nombreux mais ils ont finalement (et tristement) tous été éclipsés par la performance de l’homme en jaune. Monsieur Cabardos (et ses accesseurs), certainement bien malgré lui, a été l’homme du match. Pour être franc, la critique journalistique du corps arbitral est quelque chose que je ne cautionne pas (ou rarement). Qu’un supporter, un joueur, un entraîneur se laissent emporter par la passion est une chose normale. Quand on fait un compte-rendu de match destiné à être plus ou moins largement lu, il me semble qu’il est nécessaire d’avoir un certain recul. Il est extrêmement rare qu’un mauvais arbitrage puisse être intentionnel (si Hervé Piccirillo nous lit…). L’erreur est humaine, l’arbitre étant a priori humain, il a le droit de se tromper. Il est toujours un peu facile de lui faire endosser toute la responsabilité d’un échec. Un exemple sur le match : si Martorana ne manque pas sa relance, Saadi ne file pas seul au but, il n’est pas « bousculé » dans la surface et il n’y a pas pénalty. Fin de l’histoire.
Là où c’est plus embêtant, au-delà du fait que la faute de Dieng fut très (très) loin d’être évidente, c’est que quand la situation s’est reproduite, cette fois-ci en faveur des locaux, l’arbitre n’a pas jugé bon de siffler. Deux poids, deux mesures. Pourtant les fautes sur Simon, littéralement cisaillé, et Bègue semblaient bien plus évidentes.
Il y a quand même eu un match, et plutôt un bon. Une vraie rencontre de coupe, avec deux formations un peu crispées et sentant, avec raison, que ça allait se jouer sur un détail. Le très nombreux public ayant fait le déplacement (un petit millier selon les organisateurs, 800 selon la police et notre excellent confrère du Dauphiné Libéré Alexis Sandre) n’a pas eu à le regretter. Le parterre était par ailleurs assez prestigieux : Burps, Dominique Rocheteau et Roland Romeyer pour Saint-Étienne, joueurs et staff de l’équipe 1 (nous y reviendrons en fin d’article) mais aussi recruteurs de l’AC Milan, de la Juventus, de Monaco ou encore Montpellier (merci à Arnaud Genty pour l’information).
Le GF38 a le plus souvent évolué en 4 1 (Gomez en sentinelle) 2 3 avec Abie et N’Gando sur les côtés. Ce dernier, qui a évolué dans le couloir droit, a d’ailleurs été le grand bonhomme du début de match en faisant vivre une première demi-heure très pénible à son défenseur Polomat. Les actions ont été en revanche assez peu nombreuses. Le GF38 a eu un jeu un peu trop stéréotypé et presque à chaque fois que les arrières/milieux ont cherché à jouer long, cela s’est conclu par une perte de balle. Les joueurs de Patrick Cordoba ont subi l’impact physique des visiteurs, parfois à la limite du correct et ont été dominés au milieu, notamment dans la seconde partie de la première mi-temps. L’absence de Matividi et de sa qualité de percussion s’est ressentie, surtout que les Stéphanois ont bien quadrillé le terrain et pressé intelligemment.
Quelques occasions quand même pour pour le GF : une tête de Bandahmane sur un corner de Simon (qui a excellemment tiré tous les coups de pied arrêtés pendant tout le match), encore Bendahmane, cette fois-ci servi par N’Gando, qui s’est fait retirer le ballon de justesse alors qu’il était entrain d’armer à moins des 10 mètres des buts…
Mais les principales actions chaudes furent en faveur des U19 ligériens, emmenés en attaque par un impressionnant Saadi qui a donné l’impression de pouvoir créer le danger (par ses passes/déviations ou juste par lui-même) à chaque fois qu’il touche le ballon aux avant-postes. Il en a fait profité à deux reprises Bulut mais Perrin a sauvé à chaque fois la barraque. Il n’a en revanche pas pû empêcher l’ouverture du score (voire ci-dessus).
La mi-temps se terminait par l’exclusion logique de Douline pour un deuxième jaune en 5 minutes après un attentat sur Gomez. Grenoble a eu du mal à profiter, du fait de la bonne organisation des Verts et des dimensions réduites d’un terrain rendu en outre plus difficilement pratiquable par une forte pluie.
Les premières occasions sont venues suite à des coups de pied arrêtés. Un coup-franc de Simon voyait par exemple la reprise de Faugère être détournée de justesse par un Stéphanois. La fin de match était beaucoup plus animée, Grenoble jetant toute ses forces dans la bataille. Gomez, servi second poteau, dévissait d’abord sa frappe alors qu’il était en excellente position. Puis deux pénaltys étaient donc oublié après des fautes sur Simon et Bègue à quelques minutes d’intervalle. La dernière cartouche était pour N’Gando dont la frappe passait à quelques centimètres du poteau droit du portier de l’ASSE.
Grenoble n’a pas à rougir de sa défaite. D’ailleurs, malgré un fort et légitime sentiment d’injustice, on pouvait également sentir beaucoup de fierté chez les joueurs et le staff à la sortie des vestiaires. Promesse avait été faire de revenir sur la présence de nombreux joueurs et entraîneurs de la « L2 » aux abords du terrain. Pour Yvon Pouliquen et ses adjoints, on est dans une certaine logique d’observation. De voir Hugo Cianci, Jonathan Tinhan et Brice Maubleu n’a également rien de surprenant, ils ont été formés au club et viennent régulièrement assister au match des jeunes. C’était en revanche beaucoup plus symptomatique de voir d’autres joueurs comme Viviani, Mandrichi… Ce dernier n’a d’ailleurs pas été le dernier à encourager les juniors ou à vilipender l’arbitre (on ne se refait pas…). Cet esprit club est porteur d’espoir. On peut être pro, dernier d’un classement depuis des mois mais toujours vibrer football. L’équipe de Patrick Cordoba a fédéré autour d’elle quelque chose de grand, quelque chose de beau. Le coach alpin aurait souhaité une grande fête du football grenoblois au Stade des Alpes. Il n’a pas pu l’avoir mais ce que lui et son équipe ont obtenu est déjà incroyable compte tenu de l’horaire et de l’enceinte, sans compter la météo. Rien que pour ça, on peut leur accorder (temporairement en attendant de futurs succès en championnat) le statut de héros.
Crédit photos Alain Thiriet
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Le compte-rendu du match