Athlétisme : un air de famille

(article de mai 2010)

On entend souvent parler, à l’occasion de cet effort collectif que sont les Interclubs, de l’esprit de solidarité, presque familial, qui existe entre des athlètes engagés le reste de l’année dans une démarche beaucoup plus individuelle de recherche de performance.
La création même de l’ « Entente » Athlétique Grenoble reposait en partie sur ce besoin d’union, de capitalisation des savoirs et savoir-faire et des talents de chacun. Une des grandes réussites de l’EAG est sans conteste d’avoir su créer ce sentiment d’appartenance commune à un même maillot, notamment chez ses plus jeunes générations, alors que ce concept de club regroupant des sections disparates, parfois presque « hostiles » historiquement parlant, aurait sans doute fait beaucoup sourire il y a encore à peine une dizaine d’années.
Plus qu’une expression, « la grand famille de l’athlétisme grenoblois », c’est aussi une réalité tant les liens de sang sont nombreux dans le club du président Arnaud. La plupart des sections comportent en plus leur propre « clan ». On trouve par exemple les Ost (Alice, Noël et le patriarche Rainer, tous perchistes, notamment) du côté de La Mûre ou encore les Jullien à l’ASPTT Grenoble. Ces derniers ont d’ailleurs été réunis à Bachelard à l’occasion du premier tour des Interclubs (et pourraient tous se retrouver en équipe 2 dimanche), le père James s’alignant sur le 5000m, ses enfants Élodie et Morgan disputant respectivement le javelot et le 5000m marche.
L’an passé, la famille Arnould (AL Échirolles) au grand complet avait été alignée lors de la finale Élite. Le père Régis avait alors disputé le 5000m marche, sa fille Laura le 3000m et le petit dernier Pierre, le 1500. Régis estime à ce sujet, non sans humour, que « c’est évidemment source de motivation supplémentaire d’être en famille aux compétitions, surtout pour moi. Je me dois de tenir à un certain niveau si je veux garder un semblant d’autorité sur mes enfants ! » Pierre renchérit en disant que « le fait d’avoir ses proches au bord de la piste représente un plus. Chacun peut partager sa préparation, ses anticipations et son ressenti d’avant ou d’après-course. Après une course ratée, cela permet aussi de relativiser plus facilement. »
Chaque membre de la famille y a donc trouvé son compte. Enfin presque… « La semaine précédant la compétition, à la maison on ne parle quasiment que de ça » explique Pierre. « Au grand dam de ma mère qui suit cela de près mais qui trouve plus sa passion dans un autre art, la musique. »
Madame Arnould se sera en revanche sûrement amusée du petit pari organisé entre les trois athlètes de la maison. Son mari peut-être moins. « Nous nous étions mis d’accord la semaine précédant la compétition que celui qui rapporterait le moins de points serait de vaisselle. » raconte Pierre. « La lecture des résultats fut ainsi très marrante car ma sœur devança mon père de seulement 2 points à la table des cotations (809 contre 807 points). Je peux vous dire qu’il regretta de ne pas avoir marché plus vite… ».
Laura Arnould étant blessée actuellement, Régis Arnould glissant lui en équipe 2 pour le deuxième tour des Interclubs, une autre famille prendra ce dimanche le relais en équipe 1 : les Auzeil (GUC). Avec un rapport de force inversé puisque elle sera composée de deux parents (Martial et Nadine) et d’un (grand) enfant (Bastien). Ce dernier explique d’ailleurs que « c’est la première fois que toute la famille va se retrouver dans la même équipe. » Si Nadine Auzeil sera alignée au javelot, son mari et son fils représenteront tous les deux l’EAG au marteau, petit piment supplémentaire en matière d’émulation. « C’est une source de motivation en plus » reconnaît Bastien. « Il y a une compète’ dans la compète’. On se chambre également beaucoup puisque l’objectif est de battre l’autre. Au premier tour, on avait joué 10 mètres d’écart et j’ai gagné pour 20 cm (33,30m pour mon père contre 43,50m pour moi) donc je pense qu’on remettra ça pour ce 2e tour ! »
Une saine concurrence qui devrait profiter à l’Entente Athlétique Grenoble qui, a Dijon, cherchera à se maintenir parmi les meilleurs clubs hexagonaux pour pouvoir essayer de re-goûter, dès la saison prochaine, à la finale Élite.

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