Analyse après GF38 – Guingamp : trop jeune, trop tendre

Un petit tour et puis s’en va. Grenoble n’accèdera pas au second tour de la coupe de la Ligue. Défait par une équipe hiérarchiquement inférieur, le GF38 ne semble pas encore prêt à une semaine du coup d’envoi du championnat.
Si de l’aveu même de Bazdarevic la rencontre face à Guingamp servait avant tout de préparation pour les futures échéances, les carences observées risquent d’être difficilement comblées en seulement quelques jours.
Le technicien bosniaque ne se faisait d’ailleurs pas d’illusions à l’issue du match. En cause, la jeunesse et l’inexpérience d’un effectif dont le bon tiers découvrait le Stade des Alpes face à l’En Avant (Turan, Taïder, Bourabia + Lamanje et Lasimant rentrés en cours de jeu, logique pour ce dernier, étant nouveau au club).
Face à la remarque avisée d’un journaliste quant au fait que le groupe guingampais était paradoxalement beaucoup plus conforme à celui d’une formation de Ligue 2 que le grenoblois, Bazdarevic ne pouvait qu’acquiescer. « Rien que des joueurs comme Mathis ou Bassila ont plus de matches de Ligue 1 derrière eux que la totalité de mon effectif quant on retire Nicolas Dieuze ! »
Le coach alpin n’a d’ailleurs pas manqué de tirer un constat sévère mais juste quant à la prestation des jeunes pousses du club. « Ce soir, le seul à qui vous pouvez mettre une bonne note, c’est Tinhan. Je sais qu’il faut être patient avec eux mais il faut se dépêcher… ». La sonnette d’alarme est déjà tirée depuis longtemps par le staff isérois qu’un calendrier difficile en début de saison incite à vouloir aligner le plus rapidement possible une équipe un peu plus expérimentée.

Tout ne fut pourtant pas mauvais face à Guingamp,notamment dans la première partie du match.
Le 4-2-3-1 habituel et annoncé (avec une ligne Bourabia, Taïder, Tadic derrière Ljuboja) a souvent fait place à un 4-3-3, en tout cas dans l’animation. La principale petite surprise a concerné le positionnement de Taïder et Dieuze. On attendait le jeune Saphir en soutien de Ljuboja ; il a évolué nettement plus bas, laissant à son capitaine le soin d’évoluer un cran plus haut et de se porter vers l’avant dès que possible.
Sur le papier, une double bonne idée, Taïder étant plus un créateur qu’un attaquant de soutien et Dieuze ayant un passé d’attaquant. Sur le terrain, ce fut plus difficile à mettre en place. Le n°8 isérois se montra très disponible, proposant souvent des solutions à ses partenaires. Son utilisation du ballon ne fut en revanche pas toujours adéquate. Pas un problème personnel, Taïder a probablement un avenir radieux qui s’ouvre devant lui mais difficile à seulement 18 ans d’avoir la même vista qu’un joueur plus âgé. Ni Rome, ni Zidane ne se sont faits en un jour. Il en découla un manque de rythme insufflé à la rencontre en première période et l’utilisation parfois abusive de longs ballons, par Marque notamment qui rendit ainsi plusieurs fois le cuir directement à l’adversaire.
Le constat prévaut également pour Bourabia capable sur une action d’éliminer plusieurs adversaires dans la surface bretonne avant de servir Tadic puis sur les actions suivantes d’oublier Ljuboja seul ou de rater un contrôle qui lui aurait ouvert le chemin du but guingampais. Les jeunes isérois ont pour l’instant un statut d’intermittent du spectacle. La qualité brute est présente, c’est indéniable. Reste à présent à l’affiner et à pouvoir la maintenir plus régulièrement. On ne peut pas parler de déception, ils évoluent simplement à leur niveau actuel.

La grosse satisfaction de Mécha Bazdarevic sur ce match fut la prestation de Sandy Paillot, qui n’avait plus joué en compétition officielle depuis quatre mois. Plus que sa performance individuelle – il a quand même souvent été trimballé par Douniama – son association avec Marque semble prometteuse. Ce dernier semble tailler pour la L2 s’il confirme sa capacité à défendre debout en remportant un maximum de duels. Les deux possèdent par ailleurs un très bon jeu de tête, ce qui pourrait s’avérer précieux sur les coups de pieds arrêtés offensifs (qui ont d’ailleurs étaient particulièrement bien tirés par Taïder) et défensif.
Si les deux buts bretons découlaient de deux erreurs, la défense dans son ensemble ne s’en sortit pas trop mal vu son manque d’automatisme logique à ce stade de la saison. Le GF38 ne concéda ainsi que 3 occasions franches (pour 2 buts et une barre…). Le manque d’apport offensif des deux latéraux dont c’est pourtant une des qualités peut sans doute être mis sur le compte de cette volonté d’assurer d’abord sur plan défensif.

Cette équipe est évidemment très perfectible sur le plan collectif vu son peu de vécu commun, même les matches amicaux ayant surtout consisté en une succession de joueurs à l’essai. Sur le plan individuel, certains risquent en revanche de vite atteindre leur plafond, rien ne remplaçant l’expérience. L’idéal dans une optique de progression serait d’utiliser les jeunes pousses alpines avec parcimonie… ou d’attendre. Les solutions sont en tout cas pour l’instant peu nombreuses pour ne pas dire inexistantes. On peut imaginer que Pascal Johansen apportera sa touche technique au milieu de terrain grenoblois, servant de relais entre la défense et l’attaque. Yoric Ravet, malgré son jeune âge, serait également un élément précieux. Pas sûr que ces deux derniers soient aptes pour le début du championnat. Le Havre débarque dans six jours. Mécha Bazdarevic va sûrement d’ici là voir apparaître quelques cheveux blancs supplémentaires…

Pour en savoir plus :
Le compte-rendu du match
Les réactions des joueurs/entraîneurs